Ce que représentait Owen Hart pour moi

Étant un amateur de lutte professionnelle né en 1986, la décennie 90 fût marquante dans mon imaginaire de l'enfance jusqu'au début de l'adolescence. À cette époque, dû à une certaine innocence, ce que nous observions au travers nos télévisions cathodiques était réel. Bien qu'être amateur de ce sport spectacle pouvait être considéré comme marginal, j'étais toujours au fait de ce qui ce passait dans le monde de la lutte, que ce soit par les émissions de télévision, les magasines ou les cassettes VHS qu'on pouvait se procurer au Vidéogie du boulevard Laflèche à Baie-Comeau. La famille Hart a toujours été au cœur des passions des amateurs. Ce que je retiens le plus de cette époque est la rivalité qui opposait le légendaire Bret « The Hitman » Hart à son frère cadet Owen Hart. Ayant toujours été un partisan de Bret, je me souviens avoir détesté Owen. Du Survivor Series 1993  au Survivor Series 1994, en passant par le Royal Rumble 1994, le King of The Ring 1994 et le fameux combat en cage de Summerslam 1994, la rivalité entre les frères Hart nous a fait vivre toute une gamme d'émotions. Ce qui rendait le tout encore plus crédible aux yeux du jeune amateur de lutte que j'étais résidait dans le fait que plusieurs membres de la grande famille Hart, incluant Jim Neidhart, Davey Boy Smith, Bruce Hart, Keith Hart et même les parents Stu & Helen Hart étaient impliqués dans le scénario à différents niveaux.

J'ai eu le privilège de voir Owen Hart lutter en personne à une reprise. C'était le 3 août 1996 alors que je me trouvais dans les premières rangées du Colisée de Québec lorsqu'il affrontait le produit local Carl Leduc. Owen avait remporté le duel par soumission via le fameux Sharpshooter. Comme il ne voulait pas lâcher la prise, il a fallu que Raymond Rougeau surgisse des coulisses afin de le faire fuir. 

Les années ont passé, l'innocence de l'enfance s'est effritée, internet est arrivé et j'ai commencé à réaliser que la lutte était scénarisée. Cela ne m'a pas pour autant empêché de suivre et d'apprécier la discipline, ça m'a plutôt permis de l'aborder d'un point de vue différent. Au cours de ces années, j'ai pu apprécier le travail d'Owen Hart au sein de la nouvelle « Hart Foundation » en compagnie de Bret, Jim Neidhart, Davey Boy Smith et Brian Pillman. J'ai également apprécié sa rivalité contre « Stone Cold » Steve Austin qui était une étoile montante à l'époque.

Le décès tragique

C'était le 23 mai 1999, je me trouvais devant mon ordinateur connecté à un modem téléphonique 28,8 k lorsque j'ai appris le décès d'Owen Hart sur le fil d'actualité du défunt site lutte.qc.ca ! L'incident à l'origine de son décès s'est produit lors de l'événement de télé payante Over The Edge 1999 de la World Wrestling Federation (Maintenant World Wrestling Entertainment). Alors qu'il incarnait le personnage de The Blue Blazer et qu'il effectuait une entrée vers l'arène à partir des hauteurs du Kemper Arena de Kansas City, un tragique accident s'est produit, menant à son décès dans les minutes qui ont suivi. Le lendemain, le Journal de Québec relatait l'événement à la une, avec une photo d'Owen Hart étendu sur le ring entouré de paramédics à titre de page frontispice. Il faut croire que ça prenait une tragédie de ce genre pour que les médias d'information mettent la lutte en avant-scène à l'époque. Sur cette note, je ne m'étendrai pas d'avantage sur cette tragédie. Toutefois, je tiens à souligner que l'émission RAW du lendemain restera à jamais gravée dans ma mémoire : C'était une des premières fois que j'ai pu constater de mes yeux la vulnérabilité de ces surhommes qui, pour un soir, étaient simplement des être humains normaux qui rendaient hommage à leur confrère, tombé au combat la veille.

Rétrospective de l'homme

Au cours des dernières années, j'ai pu revisiter le répertoire d'Owen Hart via le WWE Network et constater à quel point il était doué athlétiquement et il possédait un charisme hors pair. Il effectuait beaucoup d'acrobaties à une époque où ce n'était pas la norme dans le monde de la lutte en Amérique du nord. Faire un historique de son parcours professionnel nécessiterait plusieurs billets / articles de ce genre alors je préfère vous laisser visiter l’œuvre de ce grand performeur par vous même.

L'écoute de plusieurs balados, documentaires et témoignages vidéos m'ont permis de constater la qualité de l'homme et le grand joueur de tour qu'il était. Son frère Bret racontait qu'Owen s'était fait passer pour Reg Park au téléphone et avait demandé pour parler à son père Stu, il disait alors à Stu « You never had the balls to try me … », lui faisant littéralement perdre les pédales pour finir par lui annoncer que c'était un coup de téléphone. Owen aimait également faire des coups de téléphone à ses confrères lutteurs au beau milieu de la nuit jusqu'à ce qu'ils sortent de leurs gonds. Lors d'un combat, il avait traîné du thon et en avait mis dans la bouche de son frère Bret alors qu'il lui appliquait une prise de soumission. Un de ses coups les plus renommé est la fois où la WWE attendait une livraison de cochons pour un combat spécial entre Henry Godwin et Hunter Hearst Hemsley, Owen s'était organisé pour que les cochons se ramassent dans le bureau du propriétaire de la WWE, Vince McMahon.

Malgré sa réputation de plaisantin, Owen Hart était un homme de valeur. En 2016, lors d'une entrevue avec Devon « Hannibal » Nicholson sur son passage à la WWE, le québécois Carl Leduc a été très élogieux à l'endroit d'Owen Hart. Dans un contexte où il était jeune et avait très peu d'expérience, Carl avait été jumelé à Owen pour voyager de ville en ville. Ce dernier payait les chambres d'hôtel au complet et disait à Carl d'envoyer se part du montant de la chambre à son père et de ne pas oublier d'où il venait. Owen a également pris Carl sous son aile, demandant entre autre au vétéran Aldo Montoya de prendre soin de lui lors d'un match entre les deux hommes.

Par le biais de cet article, j'ai voulu rendre hommage à Owen Hart et exprimer l'impact qu'il a eu dans ma vie à l'aube du 20e anniversaire de son décès qui aura lieu jeudi le 23 mai. J'ai jumelé à cet article un don à la Owen Hart Foundation, fondation chapeautée par sa veuve Martha Hart, qui vient en aide à la communauté de Calgary, ville où vivait Owen. Je vous invite à en faire de même si vous avez de bons souvenirs d'Owen et si le cœur vous en dit.

Merci de m'avoir lu et n'hésitez pas à me laisser vos commentaires !