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RÉSULTATS

Audrey Leduc peut désormais rivaliser avec les meilleures au monde au 100 m

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MONTRÉAL - Une Québécoise au 100 m, l'épreuve reine, lors des Jeux olympiques de Paris, ça fait rêver. Audrey Leduc devrait réussir cet exploit rarissime alors qu'elle peut désormais rivaliser avec les meilleures au monde. 

L'athlète de 25 ans deviendrait uniquement la deuxième Québécoise de l'histoire à se qualifier pour cette discipline phare. Julie Rocheleau avait accompli ce tour de force aux JO de Séoul en 1988.  

À sa toute première compétition extérieure de la saison, Leduc a validé sa fabuleuse évolution des dernières années. Elle a anéanti la compétition aux Florida Relays, le 30 mars, avec un chrono de 11,08 secondes. 

Du même coup, Leduc a :

-pulvérisé sa marque personnelle par trois dixièmes de seconde
-enregistré le troisième meilleur chrono féminin de l'histoire du Canada
-obtenu le deuxième plus rapide résultat mondial cette année 

Ça peut sembler étonnant, mais beaucoup de choses passent par la tête des sprinteuses durant 11,08 secondes. Mais Leduc n'a jamais présumé qu'elle était en voie de réussir un temps si fabuleux. 

« Le tableau était loin et j'essayais de voir en même temps et ils l'ont annoncé en anglais au micro. C'était tout mêlé dans ma tête et une de mes coéquipières est arrivée, elle capotait ‘Oh my God Audrey ! C'est là que j'ai vu et j'ai fait ‘OK ! J'ai vraiment couru 11,08, est-ce qu'il y a une erreur…' J'étais sous le choc », a raconté Leduc avec son sourire charismatique. 

« Je n'avais jamais ressenti la sensation de courir à cette vitesse donc je me disais que je n'étais peut-être pas allée si vite. Nos impressions viennent parfois un peu mêler les cartes », a décrit la sprinteuse. 

Pour son entraîneur, Fabrice Akué, ça confirmait ce qu'il avait vu récemment à l'entraînement et pendant les compétitions intérieures.   

« Je n'étais pas étonnée car je lui prévoyais 11,10, mais j'ai été agréablement surpris qu'elle fasse mieux. J'étais vraiment content pour elle », a confié l'entraîneur qui a un œil de lynx pour identifier les détails à peaufiner. 

La surprise était si grande qu'elle ne flottait pas sur un nuage. 

« Même pas, on dirait que j'étais trop abasourdie. Je n'en revenais pas, en début de saison, d'être à un centième du standard olympique et d'avoir le deuxième meilleur chrono au monde. C'est ce qui m'a le plus frappée », a ajouté Leduc qui rayonnait dans son chandail blanc de l'Université Laval. 

Comme Leduc l'explique, elle disposera du reste de la saison pour retrancher 1 minuscule centième. Elle obtiendrait son billet via le standard olympique avec un temps de 11,07 secondes. L'autre option serait de se qualifier grâce aux points accumulés lors des épreuves. 

« J'ai eu besoin de temps pour réaliser que plein de trucs sont possibles maintenant que j'ai accompli ça. Il n'y a pas de limite ! J'ai juste hâte de courir un autre 100m. On embarque sur la vague et on essaie de faire mieux », a confié Leduc qui s'envolait, lundi, vers la Louisiane pour un camp de l'équipe de relais. 

L'objectif de courir dans les 10 secondes 

Cette vague, ça signifie également de s'attaquer à l'élite mondiale. 

« Audrey n'a rien à envier à personne. Se mesurer aux meilleures au monde, elle est rendue là. Comme je lui dis, ce sera toujours elle contre elle, dans le sens de ne pas se laisser impressionner par l'environnement et les adversaires. Si elle conserve ce focus, je n'ai aucun doute qu'elle peut rivaliser avec les meilleures au monde », a soutenu Akué qui est l'entraîneur du nouveau Centre national d'athlétisme à Montréal.  

« Elles ne savent pas nécessairement qui je suis. Je suis la Québécoise, oui, mais le but c'est de s'immiscer parmi les meilleures au monde. De leur montrer je suis qui en exécutant mes trucs », a réagi Leduc qui a gagné en confiance. 

Et cette vague, ça représente aussi l'inspiration qu'elle est devenue. Elle a été particulièrement touchée par un témoignage. 

« Ça venait de l'un des jeunes du groupe qui s'entraîne avec moi. Il m'a dit que j'étais vraiment impressionnante et que je ne comprenais pas à quel point j'étais inspirante, je trouvais ça vraiment mignon. On ne le réalise pas vraiment, je le fais par plaisir et pour le sport. Mais de pouvoir en inspirer d'autres, je trouve ça agréable », a mentionné l'athlète au regard brillant. 

Près du gymnase dans les profondeurs du centre sportif à l'Université McGill, son entraîneur acquiesce quand on aborde ce sujet. 

« C'est beau ce qu'elle peut faire. Elle a une superbe personnalité, elle est naturelle. On a établi quelque chose et on démontre au Canada et au reste du monde qu'on peut développer les athlètes au Québec », a évoqué Akué en soulignant l'apport des ressources de l'Institut national du sport dans ce développement. 

Akué se souvient de la première visite de Leduc à l'Université Laval. Il avait rapidement décelé son potentiel physique, même si elle partait « un peu de loin » au plan technique. Leur évolution respective produit une puissance saisissante à regarder sur la piste. 

Quand on demande à Leduc si elle détient la personnalité « typique » des athlètes du 100m, sa réponse est lucide et révélatrice. 

« Non, mais peut-être au début dans ma jeunesse. Mais, oui, j'ai une tête de cochon, je vais le dire ainsi. Quand je veux quelque chose, je vais tout faire pour l'atteindre. Je suis honnête et, sans vouloir blesser les gens, je suis directe. J'ai appris avec l'âge à mieux communiquer », a exprimé Leduc qui ne pourrait pas réussir sans cette détermination. 

Pour le volet inspiration, elle a aimé plusieurs athlètes, mais elle choisit un autre corridor. 

« Mes parents m'ont inspiré à faire du sport. Ils m'ont élevée à atteindre ce que je souhaite. C'est grâce à eux que je suis en mesure de tout faire ça sur la piste », a conclu Leduc qui veut désormais abattre le meilleur temps canadien (10,98 s) et franchir la barre psychologique de courir dans les 10 secondes. 

Elle a désormais tout le potentiel pour inspirer de nombreux jeunes comme l'ont fait notamment Annie Pelletier, Jean-Luc Brassard, Erik Guay, Marc Gagnon et, bien sûr, Bruny Surin.