Avant d'aborder la performance des hommes lors du Triathlon international de Montréal, un peu d'histoire. C'est dans ma nature, j'aime éduquer mes amis lecteurs!

Il est difficile, voire impossible, de marquer d'une pierre blanche le moment exact où le triathlon est né. Plusieurs réclament, avec justesse, la paternité. Il est toutefois réaliste d'identifier les prémices de la discipline.

Il y a dans la littérature journalistique française une vieille compétition tenue en 1902 et que l'on nommait « les trois sports ». Il s'agissait de course à pied, de bicyclette et de canot. En 1920, la nage est venue remplacer cette dernière épreuve.

Même si des modifications et améliorations seront apportées dans les années qui suivront, il faut se transporter en Amérique pour la suite des choses. Le terme triathlon est apparu au début des années 1970 à l'initiative du club d'athlétisme de San Diego. Il constituait, à l'origine, une autre forme d'entraînement pour l'athlétisme.

Quatre années plus tard, le mercredi 25 septembre 1974 dans une baie de San Diego, nous assistons probablement, sans même le savoir, à la naissance du triathlon moderne. Une affiche annonce une compétition de cinq miles de course à pied, cinq miles de vélo et 500 verges de natation. À noter l'ordre! On a rapidement réalisé que c'était beaucoup trop dangereux de terminer avec la natation puisque certains participants, épuisés, étaient venus bien près de se noyer.

En rétrospective, ce fut une excellente idée. Si le même ordre des épreuves avait persisté, plusieurs des triathloniens ayant participé a la deuxième édition du Triathlon international de Montréal en ce dimanche 6 juin seraient morts noyés. Voilà pour la petite histoire.

Terminer en ayant tout donné

C'est qu'il faut voir dans quel épuisement ces athlètes franchissent le fil d'arrivée totalement exténués. Car ils donnent absolument tout ce qu'ils ont en eux. Aucun ne semble connaître la demi-mesure ou l'économie. C'est un spectacle impressionnant.

Javier Gomez NoyaGalvanisé par la foule massée aux alentours du Vieux-Port de Montréal, c'est l'Espagnol Javier Gomez (1:47:50) qui a enlevé les 800 points de la victoire et le chèque de 18 000$ américains. Aucune surprise ici puisqu'on savait qu'une puissante armada espagnole débarquait à Montréal lors de cette septième étape du calendrier de la Serie mondiale. Imaginez, les trois premiers au classement mondial, tous présents dans la métropole québécoise, étaient originaire de ce pays.

La compétition du circuit de triathlon le plus prestigieux au monde nous a vraiment offert un spectacle de haut calibre sportif avec les cinquante-trois meilleurs triathloniens au monde prenant le départ au Quai Jacques-Cartier.

Gomez a pris les devants lors du premier kilomètre de la course à pied pour ne plus jamais être rejoint par la suite. On a rapidement senti qu'il était intouchable. Le Norvégien Kristian Blummenfelt (1:48:05), costaud pour la course à pied, est parvenu à terminer au deuxième rang. Une performance plus que louable pour celui qui était le champion en titre de l'épreuve montréalaise. C'est Richard Murray, de l’Afrique du Sud, qui a complété le podium avec une belle troisième position (1:48:42).

Les deux grandes vedettes du plateau ont semblé souffrir. C'était évident à regarder le visage du Britannique Jonathan Brownlee qui a réussi de peine et de misère à franchir le fil d'arrivée en quatrième position. Mais il était temps que la course se termine, car il entendait le Français Raphaël Montoya respirer très fort dans son cou.

C'était encore plus évident pour le numéro un mondial, l'Espagnol Mario Mola, qui avait gagné les quatre dernières compétitions avant Montréal. Il quitte la métropole toujours confortablement installé au premier rang du classement même s'il n'en finissait plus de dégringoler au classement lors du seul dernier kilomètre de course à pied. De cinquième, il est passé à la 14e position. Il est tombé au sol après l'arrivée. On a tout compris.

Deux Canadiens à l'arrivée

Deux triathloniens canadiens, Alexis Lepage, de Montréal et Tyler Mislawchuk, de Winnipeg avaient également pris le départ. Lepage été le meilleur représentant du pays et à réalisé son deuxième meilleur résultat en carrière, terminant en 29e position (1:51:48). Il visait un top-25. Il a longtemps été dans le coup à la natation et au vélo, mais la course à pied fut plus difficile. Tyler Mislawchuk a quant à lui terminé en 33e position (1:52:20). Il fallait les voir après le fil d'arrivée, complètement exténués, pour comprendre que cette vieille décision de ne plus terminer avec la nage, prise au milieu des années 70, fut la bonne. Oh oui!

Un avenir prometteur

C'est en 2000 que le triathlon est devenu un sport olympique lors des Jeux de Sydney, en Australie. Les distances étaient les mêmes que celles présentées à Montréal. Le Canadien Simon Whitfield avait alors parfaitement choisi son moment pour entrer dans l'histoire en remportant la toute première médaille d'or olympique de la discipline. Huit ans plus tard, il allait gagner l'argent aux Jeux de Pékin. À douze reprises au cours de sa fabuleuse carrière, il remportera une compétition de la Coupe du monde.

Javier Gomez NoyaÀ regarder aller des gars comme Alexis Lepage et Tyler Mislawchuk, il est permis de croire que l'avenir du triathlon est prometteur au Canada. Il sera intéressant de suivre leur parcours jusqu'à une qualification pour les prochains Jeux olympiques. La même logique s'applique du côté féminin.

Entre-temps, nos représentants seront probablement de retour l'année prochaine à Montréal pour une autre étape de la Série mondiale de Triathlon puisque la Fédération internationale a signé une entente en ce sens avec l'organisation montréalaise pour les trois prochaines années. Une organisation qui a fait un travail colossal et qui peut en être très fière. C'est une excellente nouvelle et ce sera une occasion supplémentaire d'accueillir les meilleurs de la planète.

Cette fin de semaine, Montréal fut vraiment la grande incontournable du triathlon sur la planète.

J'ai déjà hâte à l'année prochaine.