Le 19 octobre 2008 est une date importante dans ma vie. C'est la date ou j'ai commencé à courir. Lorsque j'ai enfilé mes espadrilles par ce beau dimanche matin, j'étais loin de me douter que, moins d'un an plus tard, je réaliserais l'impossible: réussir un demi-marathon.

L'intention, à ce moment, était à la fois bien noble et bien simple, soit d'améliorer ma condition physique. J'avais 34 ans et je me sentais déjà sur la pente descendante, une situation intolérable pour celui qui souhaite projeter à ses enfants l'image d'un père actif, en forme et dynamique.

Grâce à un programme que m'a confié Hugo Simard, un ancien collègue du secondaire à La Baie devenu coureur émérite, je cours alors progressivement, pas à pas. D'abord cinq séquences de deux minutes de course et quatre minutes de marche. Ces deux premières minutes de course du 19 octobre 2008 ont été pénibles au possible. Mais graduellement, j'ai franchi les 10 étapes et le 31 décembre 2008, je courrais mon premier cinq kilomètres dans le grand froid sur le boulevard Laurier à Ste-Foy.

Tout ça pour dire que si j'ai pu le faire, à peu près n'importe qui peut le faire. Il suffit d'y aller progressivement, sans brûler les étapes, tout en écoutant son corps, en respectant les périodes de repos et en ne négligeant pas l'importance de la marche.

Au matin du 13 septembre 2009, je me retrouve donc au milieu de pont Jacques-Cartier avec environ 6 000 autres athlètes qui vont tout donner pour cette distance de 21 kilomètres. Me voici acteur de cette scène qui m'a tellement impressionnée lorsque j'étais plus jeune, image aérienne de cette marée humaine au départ sur cette superbe structure d'acier.

Le départ est donné. Je fais partie du groupe qui croit pouvoir compléter l'épreuve entre 120 et 154 minutes. Il y a tellement de participants qu'il faut attendre 10 minutes après le coup de départ pour commencer notre course. Pendant ces 10 minutes interminables, je m'imagine souffrir d'une crampe de mollet, de déshydratation, bref de tous les maux inimaginables. Il faut que je parte!

Mon but premier est de terminer la course sans marcher, peu importe le temps. Je ne veux pas trop forcer la note car je veux être en forme pour ma prochaine course dans deux semaines, le Relais du Lac Memphrémagog, avec mes collègues de RDS.

Je crois que je pourrai y arriver, mais je nage tout de même dans l'inconnu. Ma plus longue distance était de 14 kilomètres, une distance que je n'ai franchie que deux fois. Comme prévu, tout a bien été en début d'épreuve. J'apprécie chaque seconde comme me l'a conseillé Frédéric Plante, j'encourage ceux qui ont de la difficulté, je remercie les quelques spectateurs qui nous encouragent et les nombreux bénévoles.

Mon plus beau moment survient au 16e kilomètre, au coin des rues Rachel et Pie-IX. Quelques centaines de spectateurs sont sur place et nous soulèvent avant les cinq derniers kilomètres. Je crois à ce moment que ma course est pratiquement terminée.

Erreur # 1. Je n'ai pas très bien étudié le parcours et j'ignore que nous attaquons un long faux-plat qui nous mène à la rue Rosemont. Quelques coureurs cassent à ce moment. Pour ma part, j'attaque à une bonne vitesse mais je réalise tardivement mon erreur. Rendu sur le boulevard Rosemont, avec trois kilomètres à faire, me voilà pris avec de sérieux maux de dos, un problème que je n'avais jamais vécu auparavant. Cette dernière portion, que j'imaginais magique, a été un véritable calvaire.

Mais j'ai persévéré jusqu'à ce que je commette mon erreur #2. J'ai couru à grandes enjambées la descente entre la rue Sherbrooke et le stade Olympique. Résultat; j'entre dans le stade avec un mollet gauche qui menace de s'affoler. Je m'imagine ramper jusqu'à la ligne d'arrivée 200 mètres plus loin, victime d'une crampe. Mais, par je ne sais quel miracle, ce muscle surexcité rentre dans les rangs et me permet de franchir le fil d'arrivée debout.

Quelques heures plus tard, j'ai encore de la difficulté à réaliser ce que je viens d'accomplir en un temps de 2:12.12. J'ai une belle médaille (de participation) et un dossard qui me rappellent que j'y étais. Je sais aussi que je suis encore loin de mon objectif ultime qui est de participer à un marathon. Il faudra que je travaille sur ma force et ma vitesse pour y parvenir.

Ce que je retiens surtout, c'est l'image de mes enfants qui m'attendent avec leurs pancartes au stade Olympique et qui me voient, épuisé, détrempé, affamé, mais avec une médaille au cou: Papa est un athlète!

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Note aux organisateurs: 20 toilettes chimiques, c'est bien peu pour environ 10 000 coureurs au départ sur le pont Jacques-Cartier. Il faudrait aussi identifier clairement, avant l'arrivée aux points de ravitaillement, quelles sont les tables de d'eau et de boissons énergisantes.

Tout de même, merci aux bénévoles et bravo à l'organisation pour ce succès éclatant!

À l'an prochain!