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RÉSULTATS

Coco Gauff est l'athlète la mieux payée au monde, mais c'est encore peu

Coco Gauff et les athlètes les mieux payées en 2023 Coco Gauff et les athlètes les mieux payées en 2023 - Getty, RDS
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Au cours des deux dernières décennies, trois femmes ont trôné au sommet des athlètes les mieux payées de l'année dans le monde du sport : Serena Williams, Maria Sharapova et Naomi Osaka.

Les joueuses de tennis, sur la planète sport, récoltent les meilleurs salaires en raison des politiques d'équités au niveau des bourse de plusieurs tournois et de la grande visibilité commerciale offerte par un sport individuel avec une portée mondiale.

Cette année encore, dans une liste dévoilée par Sportico, c'est une jeune étoile de la raquette qui s'empare du sommet de la liste.

Coco Gauff, après son triomphe aux Internationaux des États-Unis à l'âge de 19 ans, est devenue la sensation du tennis américain et elle récolte, depuis, éloges et contrats alors que sa visibilité a décuplé depuis son sacre à Flushing Meadows.

Après elle sur la liste, la meneuse au classement de la WTA et championne de fin d'année Iga Swiatek. La Polonaise s'est imposée sur le circuit cette année en ajoutant un 4e titre du Grand chelem à sa collection.

Le podium est complété par la skieuse et planchiste Eileen Gu qui, à 20 ans, est la grande vedette du programme olympique chinois en prévision des Jeux d'Italie en 2026.

Voici le top-15 des athlètes les mieux payées en 2023

  • 1. Coco Gauff – 22,7 M$
  • 2. Iga Swiatek – 21,9 M$
  • 3. Eileen Gu – 20 M$
  • 4. Emma Raducanu – 16,2 M$
  • 5. Naomi Osaka – 15 M$
  • 6. Aryna Sabalenka – 12.2 M$
  • 7. Elena Rybakina – 9,5 M$
  • 8. Jessica Pegula – 9 M$
  • 9. Simone Biles – 8,5 M$
  • 10. Nelly Korda – 7,9M$
  • 11. Alex Morgan – 6,9 M$
  • 12. Megan Rapinoe – 6,8 M$
  • 13. Leylah Fernandez – 6.1 M$
  • 14. Mikaela Shiffrin – 6,1 M$
  • 15. Ons Jabeur – 5,7 M$

Sur papier, et pour le commun des mortels, on parle de gros salaires et d'un train de vie quand même aisé.

Sauf que quand on creuse un peu, et que l'on compare, surtout, il y a des angles morts.

Premièrement, n'oublions pas que toutes ces athlètes ont des entourages, des entraîneurs, des équipes médicales et d'autres cadres de métiers salariés qui sont nécessaires à leur développement et à l'exercice de leur profession. Juste ça, on parle d'une partie du salaire qui s'envole en fumée rapidement et c'est encore plus flagrant dans un sport individuel comme le tennis où tous les frais tombent sur les épaules de la joueuse.

Ensuite, sur les quinze mieux payées, neuf sont des joueuses de tennis. Ça démontre assez clairement que tous les autres sports féminins n'offrent pas de salaires compétitifs aux athlètes. Le fait qu'aucune combattante, par exemple, ne figure sur cette liste est quand même ahurissant dans la mesure où même les influenceurs devenus boxeurs, à la Jake Paul, génèrent des millions de dollars à chaque fois qu'ils enfilent les gants.

Mais le réel point qui m'a fait sourciller ce matin en lisant la liste, c'est de voir la portion des salaires attribuables aux commandites reçues par ces athlètes de haut niveau.

L'image avant le sport

Gauff, par exemple, a gagné 6,7 M$ lors des tournois de la WTA. C'est les 16 M$ en commandites qui la propulsent au sommet de la liste annuelle. Pour Swiatek, c'est plus équitable alors qu'elle a remporté 10 M$ en bourses et 12 M$ en commandites.

Il y a aussi des cas intenses comme celui d'Eileen Gu. Les sports extrêmes n'ont pas de réels cadres financiers, alors son salaire de 27 000$ pour pratiquer son sport s'explique ainsi. Mais c'est avec plus de 20 M$ en commandites qu'elle s'impose alors qu'elle est une véritable vedette en Chine et qu'elle est associée à des dizaines de marques.

Même son de cloche pour Naomi Osaka qui n'a pas joué cette saison alors qu'elle a donné naissance à son premier enfant. L'entièreté de son revenu repose sur le pouvoir des commandites. Même chose pour l'Olympienne Simone Biles avec 8,5 M$ en commandites.

Le cas des athlètes amateurs participant aux Jeux olympiques est isolé, par contre, et c'est un problème comparable chez les hommes. Sauf que le niveau de commandite est différent, surtout quand on considère l'immense impact de Biles sur la scène mondiale.

Ceci étant dit, comparons la liste des athlètes féminines les mieux payées à quelques échantillons masculins sélectionnés. Les nombres, ici, seront arrondis et ne tiendront pas compte des commandites pour les hommes. Seulement les salaires versés par la ligue (on peut donc assumer sans se tromper que tous ces chiffres ne représentent qu'une portion des revenus des athlètes masculins).

Salaires au tennis

Comparons des pommes avec des pommes puisque la liste féminine est essentiellement composée de joueuses de tennis.

Selon Forbes, Novak Djokovic a terminé l'année avec 38,4 M$ en salaire, incluant ses 25 M$ en commandites.

Carlos Alcaraz, qui a combattu Djokovic au sommet de l'ATP toute l'année, a terminé avec 31,4 M$ en incluant ses 20 M$ en commandites.

Les deux font considérablement plus que Gauff pour une charge de travail pas mal équivalente. On remarque que les vedettes masculines du tennis ont aussi une large part de leur revenu associé aux commandites, comme les meilleures salariées de la WTA.

Salaires dans la LNH

Joueur le mieux payé de la LNH : Nathan MacKinnon avec 16,5 M$

MacKinnon se glisserait dans le top-5 en comparaison avec les femmes alors que la LNH offre des salaires beaucoup plus bas que la NFL, la NBA et la MLB.

Le joueur le mieux payé du Canadien de Montréal, Nick Suzuki, se glisserait en haut des deux vedettes de l'équipe nationale américaine de soccer Alex Morgan et Megan Rapinoe avec un peu moins de 8 M$ par année.

Salaires des Raptors de Toronto

Joueur le mieux payé des Raptors : Pascal Siakam avec 38 M$ cette saison.

En plus de Siakam, trois joueurs des Raptors (Jakob Poeltl, OG Anunoby et Gary Trent Jr.) se glisseraient dans le top-5 de la liste féminine avec des salaires d'environ 19 M$ par année.

En 2023, les Raptors verseront 165 M$ en salaire à leurs joueurs, incluant ceux sur l'équipe de réserve. Donc, une vingtaine de salariés. Le top-15 féminin, additionné, totalise 169 M$. On parle ici d'un top-15 mondial et non d'une seule équipe de la NBA.

Salaires dans la NFL

Joueur le mieux payé de la NFL : Joe Burrow avec 55 M$

Pas de cachettes ici, la NFL est la ligue la plus riche au monde et malgré des controverses sur l'état non garanti des contrats des joueurs, disons que les vedettes font beaucoup d'argent.

Tous les 25 plus hauts salariés de la NFL font plus d'argent que Coco Gauff en 2023. Cooper Kupp, des Rams, ferme la liste avec 26,7 M$ cette année.

Salaires dans la MLB

Joueur le mieux paré de la MLB : Justin Verlander avec 43,3 M$

Terminons l'exercice de comparaisons avec la MLB qui offre des contrats sans limites aux joueurs.

Les 35 joueurs les mieux payés de la MLB font tous plus d'argent que Coco Gauff, en salaire seulement. Juan Soto, avec son salaire annuel de 23 M$, devancerait la jeune étoile du tennis.

La part des choses

Évidemment, l'exercice de la comparaison directe entre les ligues professionnelles masculines et les salaires féminins est malhonnête. Les ligues génèrent des revenus monstres et ceux-ci déboulent jusqu'aux joueurs.

Mais il y a quand même des questions à soulever quand on constate que les meilleures athlètes au monde dépendent autant de la volonté des marques de s'associer à elles pour bien gagner leur vie en étant au sommet de leurs disciplines respectives.

Des questions soulevées et, peut-être aussi, un miroir déformant qui nous renvoie notre rapport déficient aux sports féminins dans pas mal toutes les sphères.

Ce n'est pas un portrait forcément reluisant.