Les Expos de Montréal ont été reconnus tout au long de leur existence comme un exemple à suivre en terme de recrutement et de développement des joueurs. Certains prétendaient même lors des dernières années que l'équipe était le club-école par excellence des autres formations du baseball majeur.

 

Il est vrai que plusieurs se sont fait les dents dans le réseau des Expos avant de réaliser leur potentiel ailleurs. Il en est de même pour plusieurs employés du deuxième étape qui ont fait leur nom par la suite. Dave Dombrowski et Dan Duquette sont les exemples les plus évidents. Mais il y à Pittsburgh un homme qui a redressé une situation précaire qui a lui aussi amorcé sa carrière dans les bureaux des Expos: Neal Huntington.

 

Il a joint les Expos en juin 1992 comme responsable vidéo afin d'épier les équipes adverses. Il a par la suite touché à la plupart des secteurs touchant le recrutement, le repêchage et le système de filiales. Il est demeuré avec les Expos jusqu'à ce qu'il quitte pour les Indians de Cleveland en 1998.

 

« Mon passage avec les Expos m'a permis de me familiariser avec tous les aspects d'une organisation. J'ai pu assister à toutes les réunions avec les dirigeants, que ce soit Dan Duquette, Kevin Malone ou Jim Beattie », dit-il.

 

Il a d'ailleurs louangé le travail de Duquette pour avoir mis sur pied l'équipe de 1994.

 

« Je crois sincèrement qu'il mérite beaucoup de crédit pour cette équipe extraordinaire, une équipe dynamique et athlétique. »

 

Il était avec Cleveland lorsque Bartolo Colon a été échangé aux Expos en 2002 contre ce qui avait été annoncé à l'époque comme étant Lee Stevens et trois joueurs des mineures. On s'est rapidement rendu compte que ces trois joueurs n'avaient pas été acquis par hasard, car Cliff Lee, Grady Sizemore et Brandon Phillips ont tous connu de brillantes carrières. Interrogé sur son apport, Huntginton s'est montré modeste, donnant davantage de crédit à Tony LaCava, qui avait aussi travaillé pour les Expos et qui faisait partie de l'état-major des Indians.

 

Huntington est devenu directeur général des Pirates à l'issue de la saison 2007. Il héritait d'une équipe n'ayant même pas joué pour ,500 depuis 1992, soit 15 saisons consécutives. Les assistances étaient à la baisse et l'intérêt s'était effrité au profit des Penguins de Sidney Crosby (les Steelers représentent encore l'attraction numéro à Pittsburgh).

 

Il fallait donner un coup de barre et cela signifiait des changements en profondeur dans l'ensemble de l'organisation. De façon générale, selon des études effectuées sur le travail des dirigeants d'équipes professionnelles, au baseball il faut environ cinq ans afin qu'une nouvelle direction mette son empreinte sur l'organisation. Or, on demandait encore aux amateurs d'attendre davantage et cela après 15 ans de médiocrité. Lors d'un entretien à Pittsburgh, il est revenu sur le renversement de situation survenu depuis.

 

« Pour 2008, on s'est donné une chance, car nous avions certains bons joueurs. Mais il a fallu investir massivement dans le recrutement et le développement des joueurs. Nous avons embauché plusieurs recruteurs et instructeurs tout en augmentant le budget d'exploitation de ces deux départements », a-t-il expliqué.

 

Il ajoute que les Pirates sont devenus en peu de temps l'équipe qui dépensait le plus dans le recrutement. Depuis, de nouvelles règles ont été établies balisant et limitant les montants alloués aux joueurs amateurs, qu'ils soient issus du repêchage ou venant de la République Dominicane ou du Venezuela, notamment.

 

Cinq ans plus tard, on se retrouve à l'issue de la saison 2012. Toujours pas de fiche de ,500, mais une saison de 79 victoires, la meilleure depuis 1997, et une équipe jeune et dynamique. Puis, de 2013 à 2015, trois participations consécutives en série dans une section très compétitive avec notamment les Cards de St. Louis et les Cubs de Chicago.

 

En 2018, l'équipe joue en deçà des attentes, mais Neal Huntington précise qu'il y une transition qui s'opère (départ d'Andrew McCutchen et Gerrit Cole notamment) et que le manque de constance y est en partie attribuable. Mais force est d'admettre que l'équipe semble en bonne main : le club regorge de bras de qualité et quelques acquisitions (Joe Musgrove, Colin Moran et Kyle Crick) ajoutent à la profondeur de la prochaine génération qui devrait permettre aux Pirates de chauffer les Cubs, Cards et Brewers.