MONTRÉAL – C’est vrai, Russell Martin n’y est pas allé de déclarations fracassantes ou de grandes révélations, mais c’était tout simplement agréable de l’entendre parler de baseball avec autant d’enthousiasme.

Le receveur québécois est parvenu à se frayer un chemin jusque dans le baseball majeur grâce à cette passion qui l’anime. Sans surprise, il est emballé de vivre pour une deuxième année de suite la particulière expérience des deux matchs préparatoires dans un Stade olympique bondé.

« L’an passé, je me mettais un peu de pression sur les épaules alors que je veux juste avoir du plaisir cette fois. On célèbre le baseball, ce qu’on ne peut pas faire à longueur d’année à Montréal. Les gens sont excités et ça ajoute un peu de « sauce piquante » à la ville si je peux dire », a confié l’athlète de 33 ans avec le sourire collé au visage.

Un autre message clair

Après tout, Martin a failli ne jamais ressentir la joie de jouer dans sa ville natale ayant fait le saut dans les majeures à la suite de la dernière partie des Expos (2004).

« Je ne pensais jamais avoir la chance, je suis arrivé dans le baseball en 2006 et je me disais que c’était deux ans trop tard. J’avais été repêché par les Expos (en 2000) et je pensais à ça en me disant que si j’avais signé avec eux, peut-être qu’ils ne seraient pas partis », a même confié Martin.  

« C’était un rêve de jouer à Montréal devant ma famille et mes amis. En plus, mon père participait aux cérémonies (en interprétant l’hymne national au saxophone) », a poursuivi l’exemple pour la relève québécoise.

La présence de Martin, des Jays et des Red Sox de Boston a produit un effet clair alors que plus de 100 000 personnes envahiront le Stade olympique en deux jours.

« On peut sentir le "buzz" et chaque fois que les gens sont excités par mon sport, ça produit le même effet sur moi », a-t-il mentionné.

En tant qu’ambassadeur de premier plan pour le baseball – qui connaît une croissance au Québec –, Martin joue un rôle important et il espère laisser une empreinte favorable.

« Je veux juste être une influence positive pour les jeunes. Si je peux pousser juste un jeune à devenir un joueur de baseball et en retenir des leçons de vie », a souhaité Martin qui a déjà accompli bien davantage surtout depuis sa signature avec les Blue Jays.

Un bon rendement favoriserait le retour des Expos

Martin, qui prend soin de son physique, pourra encore disputer quelques saisons sur les terrains des ligues majeures à travers l’Amérique du Nord. Son influence ne s’arrêtera donc pas là et il est d’avis que les Jays pourraient permettre de redonner vie aux Expos.

« Si on continue de jouer de la "bonne balle", ça va contribuer à garder la flamme allumée. Ce n’est pas pour se mettre de la pression, mais j’aimerais revoir une équipe à Montréal », a soutenu Martin qui espère que « l’élastique des trois années de matchs préparatoires ne cassera pas ».

Bien sûr, il aurait été impensable de l’imaginer dire que Montréal n’est pas une ville de baseball adéquate. Il salive à l’idée d’une rivalité de tous les instants avec les Jays.

« Ce serait merveilleux si Montréal revenait dans la Ligue américaine, ça ferait toute une rivalité avec Toronto et le baseball majeur en serait gagnant. Je sens que la ville est prête et que ce n’est qu’une question de temps », a évalué Martin.

Chose certaine, ce ne sont pas les athlètes qui se plaindraient d’un retour d’une formation à Montréal. Bien au contraire, ils raffolent de ses charmes.

« Montréal a une très belle réputation en tant que ville exceptionnelle, pour ses restaurants, la mode et le côté multiculturel. Je pense que les Jays touchent un peu le Canada au complet et tant mieux si on peut prendre un peu de la place des Expos », a confirmé l’ancien des Dodgers, des Yankees et des Pirates.

D’ailleurs, des joueurs des Red Sox ont été impliqués dans une scène vraiment savoureuse. Quelques heures avant le duel, quelques-uns ont été vus en train de capter des photos du Stade olympique et les publier sur les réseaux sociaux.

« C’est toujours cool de visiter une place où tu n’es jamais allé auparavant. De plus, avec le français, c’est un peu comme s’ils visitaient un autre continent! », a expliqué Martin sur l’intérêt des joueurs pour l’endroit.

Les attentes ne font pas peur aux Jays 

Plusieurs experts, dont Jayson Stark d’ESPN, prédisent que les Blue Jays poursuivront sur leur lancée de 2015 et remporteront les honneurs de la Série mondiale. Les attentes ne pourraient pas être plus élevées envers la formation torontoise.

Martin et ses partenaires vivent bien avec ce contexte, même que le receveur considère que sa troupe est plus aguerrie et dangereuse que la saison dernière. Tout cela, malgré la perte de l’as David Price.

« À mes yeux, ce n’est pas si compliqué, on est allé chercher David Price durant la dernière saison donc il ne l’avait pas entamée avec nous. Je trouve qu’on a une meilleure profondeur, on est plus complet et les jeunes ont plus d’expérience », a noté Martin.

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« On sait que les équipes vont s’attaquer à nous, mais je trouve que notre enclos est plus solide et on a assez de talent en attaque pour bâtir deux équipes! », a-t-il lancé dans la même direction.

Martin a même perçu quelques effets positifs à l’arrivée des nouveaux dirigeants en lien avec le départ du Québécois Alex Anthopoulos au sein des Dodgers de Los Angeles.

« Ça change un peu la dynamique de notre fonctionnement. Pas sur le terrain, mais plus par rapport à des changements dans la structure des entraînements et de la nutrition notamment. Ça devrait nous aider en bout de ligne », a prédit le receveur.

En ce qui concerne ses objectifs personnels, Martin préfère parler des buts collectifs.

« Je ne me place jamais vraiment d’objectifs avec des chiffres. Je veux que l’équipe joue bien, qu’on se rende en séries et qu’on gagne le championnat. Si je donne mon meilleur effort, les statistiques devraient être satisfaisantes. C’est certain que c’est plaisant de regarder le tableau  indicateur et de voir de beaux chiffres, mais les partisans veulent avant tout que l’équipe se démarque. Tous les joueurs devraient voir les choses ainsi puisque ça fonctionne quand c’est le cas », a répondu Martin qui a produit 77 points en 2015, son deuxième plus haut total en carrière.

À la suite du départ de Dioner Navarro, Martin sera épaulé derrière le marbre par Josh Thole. Ce spécialiste de la balle papillon devrait alléger la tâche du Québécois en étant attitré, la plupart du temps, aux départs de R.A. Dickey.

« J’ai été chanceux d’avoir de bons remplaçants dans ma carrière. Thole est le gars parfait pour compléter Dickey. Ça enlève l’aspect de la balle papillon, ça m’aide de pouvoir me concentrer sur les quatre autres lanceurs et j’obtiens aussi un calendrier plus précis », a exposé Martin.

À cet égard, le calendrier provoqué par le détour à Montréal a envoyé une balle courbe aux joueurs des Jays. En effet, ils ont quitté la Floride pour venir disputer les deux parties en sol montréalais et ils entameront leur saison dès dimanche en… Floride.

« C’est certain que ce n’est pas le calendrier le plus favorable, mais les gars aiment beaucoup la ville de Montréal donc ça ne les dérange pas trop de venir ici. C’est aussi vraiment agréable de commencer une saison de balle avec deux matchs devant 50 000 personnes dans les gradins », a conclu Martin qui s’attend à toute une lutte dans la section Est de l’Américaine.