En ouvrant ma valise à mon retour d’Oakland, il y avait une odeur de vieux champagne chaud et sucré qui flottait dans l’air. Cette simple odeur, celle qui était imprégnée dans mon habit, m’a tout de suite ramené aux moments qui ont suivi la victoire des Raptors de Toronto lors du sixième et dernier match de la série finale contre les Warriors, une victoire qui leur a permis de remporter le tout premier championnat de leur histoire.

J’ai été l’un des privilégiés à avoir eu l’occasion d’assister à ce championnat et à ce dernier match de l’histoire des Warriors à l’Oracle Arena, mais plus chanceux encore, j’ai pu vivre cet événement de l’intérieur. Voici donc ce que vous avez peut-être manqué dans les coulisses.

Pour la série finale, la NBA avait aménagé quelques sections pour les journalistes à travers les spectateurs. J’ai donc assisté à ce match historique au balcon de l’Oracle Arena, derrière l’un des paniers, sur un bureau de fortune. Si l’ambiance était loin d’être festive à l’extérieur, le niveau sonore à l’intérieur de l’aréna était à un point tel que le mal de tête vous guettait tout au long de la rencontre : une ambiance démente dont je me souviendrai toujours. Avec un peu plus de 5 minutes à jouer au match et ayant peur de devoir attendre le seul ascenseur disponible pour les membres des médias pendant de trop longues minutes, j’ai quitté mon siège pour éviter d’arriver en retard aux divers points de presse. J’étais donc dans l’aréna, mais je n’ai pas vu de mes yeux le trophée Larry O’Brien être soulevé par les Raptors.

J’étais plutôt à quelques pieds du président des Raptors, Masai Ujiri, qui faisait les 100 pas en attendant de connaître le sort de son équipe. Nous étions facilement une cinquantaine (employés des Warriors, journalistes et membres du personnel des deux équipes) à regarder la fin du match à la télévision, tout près du tunnel qui mène au terrain. Lorsque les derniers dixièmes de seconde se sont écoulés (et ça a paru comme une éternité pour tout le monde), Masai Uriji s’est rendu sur le terrain d’un trait.

Pendant que les employés des Warriors déçus retournaient à leur besogne, j’ai serré la main de mon caméraman, Renaud Bérubé. Nous allions retourner à la maison après une aventure formidable dont je me souviendrai pour toujours. Restait toutefois le gros du travail à accomplir : le reportage d’après-match.

Après les entrevues d’usage de la part de l’excellente Doris Burke, les joueurs des Raptors sont revenus un à un au vestiaire de l’équipe. Le Québécois, Chris Boucher, a été l’un des derniers à quitter le terrain, drapé d’un drapeau canadien.

Pendant ce temps, les nombreux journalistes faisaient la file pour pouvoir éventuellement accéder au vestiaire des Raptors. Après un moment, alors que le vestiaire n’était pas encore ouvert, Danny Green est sorti avec une bouteille de champagne et s’est mis à arroser les journalistes. Je n’ai pas eu la chance ou la malchance d’être aspergé de champagne... cette fois-ci. Quelques secondes plus tard, les relationnistes de la NBA ont appelé les journalistes attitrés à la couverture quotidienne des Raptors (les beat reporters) afin qu’ils soient les premiers à pénétrer dans le vestiaire. J’ai trouvé qu’il s’agissait d’une superbe attention pour ces hommes et ces femmes qui couvrent l’équipe jour après jour (et certains, depuis le jour 1 de l’histoire des Raptors). Mon tour est finalement arrivé 15 ou 20 minutes plus tard.

À mon arrivée dans le vestiaire, pratiquement tout était recouvert d’une toile en plastique transparente : du sol jusqu’aux murs. Les journalistes les mieux préparés pour ce championnat portaient un poncho en plastique et des lunettes de ski. Les moins bien préparés, catégorie dont je faisais partie, sont entrés dans le vestiaire à leurs risques et périls. Le premier joueur que j’ai croisé (et celui à qui je voulais justement parler) a été le Québécois, Chris Boucher. Après une poignée de main bien sentie, j’ai eu l’occasion de lui parler pendant quelques minutes avant de le laisser célébrer avec ses coéquipiers. À peine la caméra était-elle allumée, Boucher s’est fait asperger de champagne. Ça laissait présager de la suite des choses. J’aurais pu quitter le vestiaire tout de suite, mais voulant réellement profiter de l’expérience et voulant parler à Serge Ibaka, je suis finalement resté dans le vestiaire pendant une trentaine de minutes.

Se déplacer de quelques pieds à peine relevait de l’exploit. Pensez à des dizaines de journalistes entassés et se pilant sur les pieds les uns les autres tentant d’approcher les joueurs des Raptors pour avoir leur réaction. Étant carrément bloqué et coincé au beau milieu du vestiaire, j’ai pris un moment pour jeter un coup d’œil autour de moi et vu Norman Powell pleurer de joie, une scène touchante. Pendant ce temps, j’avais mal réalisé à quel point j’étais vulnérable aux nombreuses douches de champagne qui allaient avoir lieu lors des minutes suivantes. Impossible de se cacher au beau milieu de la meute de journalistes. J’aurais dû mettre un poncho. Oubliez le gel dans mes cheveux et oubliez mon veston bien sec. Quelques minutes après mon entrée dans le vestiaire, j’avais compris que j’allais en ressortir en étant complètement trempé.

Rendu près de Serge Ibaka et avant même que je puisse lui poser une question, son cellulaire sonne. Il s’agit d’un appel vidéo. À l’autre bout du fil, c’est Drake. Serge crie, Drake crie; je ne suis pas certain qu’ils se comprennent réellement, mais les deux, à des milliers de kilomètres de distance, sont aussi excités l’un que l’autre à l’idée que les Raptors soient champions de la NBA.

Comprenant que Serge allait en avoir pour un moment et ayant moi-même une heure limite pour mon reportage d’après-match, je décide de quitter le vestiaire ou du moins, je tente de quitter le vestiaire. Voyez-vous, il s’agissait d’une aventure périlleuse en soi compte tenu de toutes les bouteilles qui jonchaient le sol. À certaines occasions, il était impossible de poser son pied sur le sol : il fallait écarter quelques bouteilles du bout des pieds afin d’être en mesure de faire un pas.

Ce moment a peut-être duré 35 minutes, mais il restera gravé à jamais dans ma mémoire. Il était maintenant le temps pour moi d’aller sur le terrain pour y tourner mon reportage d’après-match. Le « superfan » des Raptors de Toronto, Nav Bahtia, était sur le terrain, rayonnant de bonheur et de fierté. Il doit avoir donné des dizaines d’entrevues après la rencontre. Non loin de lui se trouvait Steph Curry, qui discutait avec sa famille et ses amis dans les gradins. De mon côté, j’ai pris une dernière photo sur le terrain, profitant de chaque instant qu’il me restait à l’aréna, au mythique Oracle Arena. Non seulement ai-je eu la chance d’assister au championnat des Raptors, mais également, au tout dernier match du domicile des Warriors. À défaut de savourer le champagne, il fallait savourer le moment.

En terminant, j’aimerais profiter de l’occasion pour vous remercier toutes et tous de nous avoir accompagnés tout au long des séries 2019. En espérant que nous avons été en mesure de vous transmettre notre passion pour le basketball et en espérant évidemment vous retrouver la saison prochaine. Encore une fois, merci.

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