Jokic contre Butler, ou David contre Goliath?

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Même si la pandémie mondiale de la COVID-19 est officiellement dans le rétroviseur de notre imaginaire collectif depuis les annonces gouvernementales confirmant la fin des mesures sanitaires, ce grand traumatisme collectif influence encore notre quotidien dans des endroits parfois surprenants.

La finale de la NBA, par exemple, qui opposera les Nuggets de Denver au Heat de Miami, sera la suite inattendue du basket-ball dans la bulle aseptisée de la COVID en 2020.

Après une interruption de la saison régulière durant la pandémie, la NBA a trouvé une façon de terminer sa campagne et de couronner une équipe championne en expédiant tout le monde à Walt Disney World sur des terrains à l'écart du monde et des microbes. Dans cette bulle, Jimmy Butler s'est dressé comme le meneur du Heat de Miami après des passages plus tumultueux avec les 76ers et les Timberwolves.

En effet, le joueur étoile avait été échangé une première fois par les Bulls de Chicago, l'équipe qui l'a repêché au 30^e rang en 2011, aux Timberwolves contre une belle petite rançon en raison des promesses qu'il déployait sur le terrain.  Malheureusement, la sauce ne prend pas au Minnesota et après une blessure au genou, le différend était irréconciliable. Butler demande une transaction après une saison seulement et c'est à Philadelphie qu'il se retrouve.

Avec les Sixers, Butler s'impose doucement comme le meneur énergique qu'il allait devenir lors des grandes occasions pour le Heat, mais il devait vivre une grande blessure avant de prendre sa forme finale. Cette blessure, c'est le tir qui a fait le tour de la planète basket quand Kawhi Leonard a éliminé les 76ers lors du septième match de la série contre les Raptors. Quelques semaines plus tard, Butler regarde Toronto soulever le premier trophée Larry O'Brien de son histoire.

Encore assourdi par l'écho du tir de Kawhi, Butler orchestre une signature avec le Heat de Miami d'un lucratif contrat. En juillet 2019, Jimmy Butler reçoit le mandat de prendre les commandes du Heat sur le terrain. À la fin de sa première saison à South Beach, il s'incline dans la bulle de la NBA à quelques heures de route, à Orlando, contre les Lakers de LeBron James lors de la finale des éliminatoires.

C'était la deuxième blessure de Jimmy Butler. Trois ans plus tard, à la surprise de tous, il a transporté de nouveau son équipe jusqu'à la finale et malgré l'étiquette de négligé, il ne sera pas un touriste contre les dangereux Nuggets.

Le projet méthodique des Nuggets

La finale dans la bulle de la NBA est toujours une cicatrice fraîche pour Jimmy Butler et le Heat de Miami. L'équipe compte encore six joueurs de l'édition de 2020 : Butler, Bam Adebayo, Tyler Herro, Duncan Robinson, Gabe Vincent et l'éternel Udonis Haslem, le grand sage du haut de ses 42 ans.

Pour les Nuggets de Denver, les séries confinée c'était aussi les premières assises de ce qui allait devenir un changement radical de culture. Dans la bulle de Disney World, Nikola Jokic et Jamal Murray ont pris le taureau par les cornes avant de frapper le mur érigé par LeBron James et les Lakers lors de la finale d'association.

Le Canadien Murray, par exemple, est devenu le premier joueur depuis Allen Iverson à enfiler 40 points ou plus en séries lors de trois matchs consécutifs. C'était le AI de l'époque des 76ers et non celui qui a transporté ses dribles agiles dans les Rocheuses aux côtés d'un jeune Carmelo Anthony.

Mais c'est Jokic, après une saison incroyable en 2018-2019, qui allait prendre du galon dans cette bulle et se transformer en joueur historiquement dominant.

Avec sa présence sous les paniers et son exceptionnelle vision du jeu, Jokic a aidé Denver à combler pas un, mais deux déficits de 1-3 lors des séries dans l'Ouest. Une fois contre le Jazz et l'autre fois contre les Clippers. Il avait rejoint le club très sélect des triplés avec au moins 20 rebonds en séries. Les autres membres du club : Kevin Garnett et Tim Duncan.

Malgré la défaite contre les Lakers de LeBron, le Joker de Denver a tracé les contours du terrain de jeu qu'il se prépare à conquérir : la NBA.

Lors des saisons suivantes, Jokic élargit son influence et devient, durant la blessure de Jamal Murray, le meilleur marqueur des Nuggets en plus de demeurer l'ancre défensive et le point de pivot de l'attaque. Par pour rien qu'il a capturé les titres de joueur par excellence de la saison régulière en 2021 et en 2022.

Cette saison, le titre lui a filé entre les doigts, mais il se prépare pour une distinction encore plus importante pour lui : champion de la NBA.

Pour la première fois de sa riche histoire, Denver se retrouve dans la série ultime de la NBA et pour cette grande première, c'est confortablement campé dans la chaise des favoris que les Nuggets auront le luxe de piloter.

C'est pour ces raisons que certains experts parlent d'une série aux allures du combat biblique entre David et Goliath. Sauf qu'ici, les rôles sont interchangeables.

Oui, les Nuggets ont la meilleure saison avec le meilleur dossier dans l'Ouest (53 victoires) tandis que le Heat s'est faufilé en séries par la porte arrière en jouant les matchs de qualifications après un 8^e rang dans l'Est et 44 victoires. Mais, Jimmy Butler et sa bande ont goûté à la finale et ils savent quel genre de basket se joue quand l'ultime trophée est dans l'amphithéâtre en attente de sa nouvelle destination. Si Nikola Jokic est facilement le Goliath de cette histoire en raison de sa taille imposante et son équipe bien rodée, il peut aussi devenir le David quand on prend le pas de recul pour comprendre d'où il vient et tous les efforts qu'il a déployés afin de devenir le joueur ultime qu'il est aujourd'hui.

Avant d'être sacré deux fois joueur par excellence de la NBA, Nikola Jokic était un espoir marginal et méconnu sélectionné par les Nuggets en deuxième ronde avec le 41^e choix de la cuvée de 2014. Toutes les équipes du circuit ont eu la chance de sélectionner le géant serbe et elles ont toutes regardé dans une autre direction.

Maintenant qu'il est de loin le meilleur joueur de sa cuvée menée par Andrew Wiggins à l'époque, Jokic aura l'occasion de rire en dernier s'il soulève le trophée Larry O'Brien dans quelques jours.

Jimmy Butler ou Nikola Jokic? Heat ou Nuggets? Il faut syntoniser le premier match jeudi soir pour obtenir le début de la réponse.