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Jeanette Zacarias Zapata n'a pas déclaré de commotion avant son décès

Jeanette Zacarias Zapata Jeanette Zacarias Zapata - boxingscene.com
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MONTRÉAL – La boxeuse mexicaine Jeanette Guadeloupe Zacarias Zapata, qui est décédée quelques jours après avoir été mise K.-O. par la Québécoise Marie-Pier Houle lors d'un combat présenté au mois d'août 2021 à Montréal, n'a pas déclaré avoir subi de commotion cérébrale avant son duel fatidique, a rapporté le Bureau du coroner dans son rapport publié mardi.

Zacarias Zapata, qui était âgée de seulement 18 ans au moment de sa mort le 2 septembre 2021 – soit près de cinq jours après son combat –, est décédée d'un traumatisme craniocérébral à la suite de coups portés à la tête, pouvait-on lire dans le rapport.

« Bien que l'objectif à la boxe soit d'envoyer l'adversaire au plancher et de le "knocker", ce décès n'en demeure pas moins accidentel. Il s'agit d'une mort violente non intentionnelle », a indiqué le Dr Jacques Ramsay dans le document.

Le coroner a cependant souligné que Zacarias Zapata avait livré un combat de six rounds le 15 mai 2021 au Mexique, soit 15 semaines avant de livrer son sixième et dernier combat professionnel en sol québécois, « contre une adversaire beaucoup plus chevronnée avec une fiche de 8-0-0 ».

Lors du dernier round de ce combat, visiblement exténuée, Zacarias Zapata est alors dominée par une adversaire en bien meilleure condition qui lui assène plusieurs coups solides à la tête jusqu'à ce qu'elle s'accroche aux câbles et mette un genou par terre. L'arbitre décide alors de cesser le combat.

« Mme Zacarias Zapata ne tient que grâce aux câbles et finit par s'affaler au sol où elle reste allongée, note-t-on dans le rapport. La vidéo ne permet pas d'infirmer quoi que ce soit d'autre. Toutefois, lors de la déclaration du père de la boxeuse qui était présent lors de ce combat, il confirme que sa fille s'est bel et bien évanouie. Il en a par contre attribué la cause à un manque d'oxygène.

« À la différence du gala montréalais, il n'y a aucun personnel médical sur place lors de ce combat, poursuit-on. Le père dit s'être rendu à l'hôpital avec sa fille. Celle-ci aurait obtenu son congé le soir même, quelque deux heures plus tard. Un contrôle médical la semaine suivante n'aurait rien montré d'anormal. On aurait apparemment conclu à un rétablissement sans syndrome post-commotionnel significatif. »

Selon son père, lit-on dans le rapport, elle n'aurait repris l'entraînement de boxe qu'à la mi-juillet et ne se serait plaint de rien sinon d'être un peu courbaturée.

« Il s'agit d'une information difficile à valider », précise-t-on.

Le Dr Ramsay mentionne au passage que « dans l'autoquestionnaire que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) fait remplir aux athlètes avant leur combat, Zacarias Zapata répond par la négative à toutes les questions, y compris à la question si elle a déjà eu une commotion, une blessure à la tête ou une perte de conscience. C'est donc dire qu'elle ne considère pas que son K.-O. en mai comme une commotion cérébrale ».

« Après avoir regardé les vidéos du combat du 15 mai et celui du 28 août 2021, il m'apparaît que le K.-O. subi le 15 mai est un K.-O. cérébral. Quant au combat du 28 août, il s'agit d'un T. K.-O. également cérébral », avance-t-il dans son rapport.

Ainsi, le Dr Ramsay a rappelé qu'avant d'autoriser les combats entre athlètes professionnels, la RACJ exige systématiquement des boxeurs ou autres combattants de sports de combat ayant subi un K.-O. dans leur combat précédant, une description complète de l'événement, y compris la production de la vidéo si celle-ci existe, de même que le rapport de l'examen médical d'après-combat, afin que l'organisme puisse mieux apprécier la nature des blessures subies par le boxeur et ainsi mieux remplir sa mission qui est d'assurer la sécurité du boxeur.

« Ultimement, le promoteur doit comprendre que cette responsabilité est partagée, car l'approbation de sa carte de combats par la RACJ dépendra du respect de ces exigences », ajoute-t-on.

Le Dr Ramsay recommande d'ailleurs que dans le cas où il y a bel et bien eu un K.-O. cérébral, la RACJ exige des boxeurs ou autres combattants la production d'un rapport de neuropsychologie, lequel devrait prendre en considération les tests précédents si ceux-ci existent.

« Encore là, et particulièrement pour les athlètes internationaux, la responsabilité du promoteur sera de s'assurer que cette exigence soit bien transmise à l'athlète s'il veut que sa carte de combats soit approuvée », rappelle-t-on.

Enfin, le Dr Ramsay recommande qu'à l'occasion de l'émission d'une licence de boxeur professionnel ou d'athlète professionnel de sports de combat au Québec, la RACJ exige des boxeurs ou autres combattants des tests de neuropsychologie qui pourront éventuellement servir de comparaison avec les tests subséquents si l'athlète est la victime d'un K.-O. ou K.-O. technique cérébral.

Le promoteur québécois Yvon Michel s'était joint à quelques centaines de membres de la petite communauté mexicaine de Puertecito de la Virgen, au nord d'Aguascalientes, où vivait Zacarias Zapata, pour lui rendre un dernier hommage avant son enterrement, le 18 septembre 2021. Le président de GYM, qui a organisé le gala montréalais ayant entraîné la mort de la jeune femme, avait alors précisé que son groupe avait décidé d'assumer tous les frais liés aux funérailles, y compris le transport du corps depuis le Canada.