MONTRÉAL - Le boxeur québécois Adonis Stevenson est toujours sous sédation contrôlée à l'unité des soins intensifs de l'hôpital de l'Enfant-Jésus, à Québec.

Le CHU de Québec-Université Laval a publié ce bilan de santé en début d'après-midi, lundi, ajoutant qu'aucun autre commentaire ne sera émis pour le moment à la demande de la famille de Stevenson et du Groupe Yvon Michel. Aucun point de presse n'est également prévu dans la journée.

« Dans l'intervalle, merci de permettre aux proches de M. Stevenson de traverser cette épreuve dans l'intimité », précise le communiqué.

Stevenson a été conduit à l'hôpital de l'Enfant-Jésus de Québec, spécialisé en neurochirurgie et en traumatismes crâniens, samedi soir, quelques minutes après avoir subi un retentissant K.-O. face à l'Ukrainien Oleksandr Gvozdyk, au Centre Vidéotron de Québec. À son arrivée, il présentait de sérieux symptômes de commotion cérébrale.

Placé en observation pour au moins six heures, sa condition s'était détériorée au point d'avoir recours à un coma artificiel, qui peut être provoqué dans un but anesthésique, dans les cas d'hématome ou d'hémorragie cérébrale, afin de réduire la pression sur le cerveau et de diminuer les sensations douloureuses pendant la phase de traitements. Il n'a toutefois pas été expliqué pourquoi cette procédure avait été privilégiée dans le cas de Stevenson.

Après sa défaite décisive, le Montréalais de 41 ans a dû recevoir de l'aide pour regagner le vestiaire, où son état de santé s'est détérioré par la suite. Il a été victime d'un malaise en sortant de la douche et le Dr Francis Fontaine, qui n'était pas le médecin attitré à l'événement, mais qui se trouvait sur place, a immédiatement décidé de le faire voir à l'hôpital.

Avant de monter dans l'ambulance, Stevenson avait le regard vide et semblait perdu. Au moment où le Dr Fontaine a pris la décision de l'envoyer subir de plus amples examens, Stevenson n'était plus capable de se tenir debout seul.

Difficile année pour la boxe au Canada

Cet incident s'ajoute à une année 2018 déjà difficile pour la boxe au Canada, puisque deux boxeurs sont décédés à la suite de K.-O. subi dans le ring, Tim Hague et David Whittom.

Le 18 juin, Hague est décédé quelque 48 heures après avoir été envoyé au tapis quatre fois en moins de deux rounds par Adam Braidwood, dans un combat tenu à Edmonton. L'ex-combattant en arts martiaux mixtes avait une fiche de 1-2 avant de se frotter à Braidwood, alors 7-1 avec 6 K.-O. En AMM, Hague avait un dossier de 21-13, dont quatre défaites par K.-O. à ses cinq dernières sorties.

À un certain moment, Hague, qui menait de front les deux carrières, a subi cinq K.-O. en l'espace de 16 mois, soit entre août 2015 et décembre 2016.

Whittom est quant à lui décédé après avoir passé près de 10 mois dans le coma, le 16 mars. Après avoir été mis K.-O. par Gary Kopas pour le titre canadien des lourds légers, le 27 mai 2017, à Fredericton, Whittom a éprouvé un malaise sur le chemin du retour.

Hospitalisé à l'hôpital de Fredericton, où les médecins avaient décelé une hémorragie cérébrale, il a été transféré à l'hôpital de Saint-Jean, toujours au Nouveau-Brunswick, où il avait été plongé dans un coma artificiel afin de subir une intervention chirurgicale au cerveau. Quand il est décédé d'une pneumonie, il se trouvait toujours dans le coma, dans un état neurovégétatif.

La RACJ réagit

En début de soirée, la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a réagi par communiqué, souhaitant « apporter des précisions relativement à certaines interrogations survenues au cours des derniers jours à l'égard de son rôle en matière de sports de combat ».

Elle explique que dans le cadre de son mandat, elle « veille à la sécurité et à l'intégrité des concurrents » et que pour obtenir un permis, ces concurrents doivent fournir « un rapport médical récent signé par un médecin ».

Les concurrents ont également l'obligation « de se soumettre à une série d'examens médicaux, tels des tests sanguins, un électroencéphalogramme et un électrocardiogramme » et doivent faire connaître leurs antécédents médicaux et familiaux.

La RACJ précise également qu'un de ses médecins examine les concurrents et que l'évaluation se poursuit en continu lors du combat, ainsi qu'à la sortie du ring.

« Lorsqu'un concurrent reçoit un coup à la tête, subit un knock-out ou se fait infliger des blessures majeures lors d'un combat, le médecin de la Régie peut le déclarer inapte à se battre pour une période minimale qu'il juge appropriée », poursuit la RACJ, qui précise que dans le cas du combat de samedi, « les procédures habituelles ont été suivies intégralement pour le déroulement du combat et plus spécifiquement à l'égard de sa condition médicale. De plus, dès que l'état de santé de M. Stevenson a suscité des signes d'inquiétude, le médecin de la Régie a exigé son transport en ambulance vers un centre hospitalier et l'a accompagné jusqu'à ce qu'il soit pris en charge par le personnel de l'hôpital. »

La Régie n'émettra aucun autre commentaire pour l'instant.