Butler-Volny : pour la suite du monde

Il y a un vieil adage qui dit que chaque boxeur est « aussi bon qu'à son dernier combat » et cet adage sera encore une fois confirmé au terme du choc fort attendu opposant Steven Butler à Patrice Volny.

Les deux boxeurs en viendront finalement aux coups ce jeudi soir en finale d'un gala d'Eye of the Tiger tenu au Cabaret du Casino de Montréal et bien malin qui saura en prédire le dénouement.

D'un côté, Butler (34-4-1, 28 K.-O.) semble avoir acquis un second souffle depuis qu'il s'entraîne sous la férule de John « Iceman » Scully au Connecticut, alors que l'autre, Volny (18-1, 12 K.-O.) donne réellement l'impression d'être en mesure d'exploiter toutes les failles de son adversaire.

Cela dit, les deux boxeurs se retrouvent à un moment crucial pour la suite de leur carrière. Butler rêve d'un autre combat de championnat après ses défaites contre Ryota Murata et Zhanibek Alimkhanuly, tandis que Volny a encore de travers dans la gorge son revers face à Esquiva Falcao.

Ce n'est donc pas surprenant qu'ils soient impatients d'en découdre après plusieurs années de pourparlers, d'autant plus que le gagnant parviendra vraisemblablement à se hisser dans le top-15 du classement des poids moyens du WBC, puisque la ceinture « francophone » est à l'enjeu.

« C'est le fun, parce que ça veut dire que la boxe québécoise est en santé, s'est réjoui Butler en marge d'une conférence de presse organisée mardi après-midi. C'est un combat local, mais d'envergure internationale. Volny s'est frotté à l'élite mondiale et a été classé mondialement comme moi. C'est une chance que deux Québécois s'affrontent [avec autant de choses à l'enjeu].

« Il n'y avait pas de bon ou de mauvais moment [pour présenter ce combat]. Ç'aurait été bon il y a deux ans, il y a trois ans [et ce l'est tout autant maintenant]. On le voulait comme adversaire. »

« Ça va être un bon combat. Ça va être une manière de retourner dans le top-10 ou le top-15 avec une ceinture, a mentionné Volny. J'ai perdu mes ceintures (de la NABA et de la NABO, NDLR) en raison de l'inactivité liée à la COVID, sinon, je serais encore classé mondialement. »

Déjà qualifié de secret le mieux gardé de la boxe professionnelle québécoise par Yvon Michel il y a quelques années, Volny a assurément pâti du fait de ne pas être représenté par un promoteur d'envergure ces derniers temps. Associé au Torontois Lee Baxter, il a été limité à quatre combats depuis 2021. Butler est quant à lui monté à huit reprises dans le ring au cours de cette période.

C'est possiblement pour cette raison que les experts et les preneurs aux livres favorisent Butler.

« Mon corps n'est pas usé, mon corps n'est pas endommagé, a répondu le boxeur âgé de 34 ans. Je suis un athlète qui reste au gym en tout temps. Je sors d'un combat et je retourne au gym. Je m'entraîne à Las Vegas et mon coach [Éric Bélanger] et moi sommes continuellement à la recherche des meilleures opportunités. Je suis bien suivi. Il n'y a aucun doute dans mon esprit. »

« C'est devenu un concours. Les prédictions sont maintenant basées sur le nombre d'abonnés que chaque boxeur a sur Instagram, a continué Bélanger. À Vegas, tout le monde riait de Dmitrii Bivol, tout le monde prédisait que ç'allait être très facile pour Saul “Canelo” Alvarez. Il faut être malade pour penser qu'un duel contre Bivol va être facile. C'est exactement la même chose ici...

« Tout le monde prédit que ça va être facile pour Butler. Il est peut-être plus populaire et plus connu, mais ça veut surtout dire que les gens n'ont pas regardé de très près Volny. À Vegas, les gens connaissent beaucoup plus Volny que Butler. Ta perception dépend vraiment d'où tu es. »

Les combats de Beaudoin et Spencer annulés

À noter qu'il avait deux absentes de taille à la conférence de presse faisant la promotion de l'événement qui sera présenté à guichets fermés jeudi soir : Leïla Beaudoin et Mary Spencer.

Les deux boxeuses ont en effet appris qu'elle ne monterait pas le ring au cours des dernières heures. Beaudoin devait affronter Lizbeth Crespo, alors que Spencer devait croiser le fer avec April Hunter dans un combat pour la ceinture « gold » des super-mi-moyennes de la WBA.

« Une erreur » a empêché la Bolivienne Crespo d'obtenir son visa à temps, tandis que l'Anglaise Hunter a été jugée inapte à boxer par un médecin de la Régie des alcools des courses et des jeux (RACJ) en raison d'une blessure à un coude qu'elle avait subie très récemment à l'entraînement.

« Je me sens très mal pour les filles. Je me mets à leur place, tous les sacrifices qu'elles ont faits pendant leur camp d'entraînement, d'arriver à la ligne d'arrivée et que les choses ne se concrétisent pas, c'est cela que je trouve plate, a avoué le directeur général d'Eye of the Tiger Antonin Décaire.

« Mais la beauté avec la business, c'est qu'on a énormément de shows et qu'on va être capable de les ramener rapidement. Ça n'enlève pas leur peine, mais il faut mettre ça en perspective. Ce n'est pas la fin du monde, ça fait partie du cheminement. C'est arrivé à tous les athlètes. C'est déjà arrivé dans le passé et ça va arriver encore. Ça fait malheureusement partie de la boxe... »