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En passant chez les poids super-mi-moyens après avoir effectué huit de ses neuf premières sorties dans les rangs professionnels chez les mi-moyens l’automne dernier, Marie-Ève Dicaire pensait se donner toutes les chances du monde dans un éventuel combat de championnat.

Même si le promoteur Yvon Michel avait conclu une entente de principe avec le clan de la championne du WBC Ewa Piatkowska lors de la convention de l’organisme de sanction tenue en octobre dernier à Baku, en Azerbaïdjan, Dicaire tentait de ne pas trop s’emballer. Après une première approche ratée en février, elle avait momentanément relégué le projet aux oubliettes.

Étant donné que la boxe offre son lot d’imprévisibilité depuis toujours, il se pourrait bien que cette fois soit la bonne, alors que des informations laissent entendre que Dicaire affronterait Piatkowska le 25 mai prochain au cours d’un méga-événement présenté à Varsovie, en Pologne. À noter qu’aucun contrat n’a encore été formellement signé au moment d’écrire ces lignes.

Comme le hasard fait parfois bien les choses, Dicaire avait déjà prévu mettre le cap sur Boston pour y disputer quelques rounds de sparring avec Aleksandra Magdziak Lopes, la dernière boxeuse à avoir affronté Piatkowska dans un combat pour le titre vacant en septembre 2016, lorsqu’elle a appris que les pourparlers avec le clan polonais commençaient à s’intensifier.

Les quelques jours passés au Massachusetts ont permis à l’athlète de Saint-Eustache de constater qu’il n’est pas loin le jour où elle aura peut-être l’occasion d’écrire l’histoire et de devenir la première championne du monde de l’histoire de la boxe professionnelle québécoise.

« Avec ma vitesse et mon intelligence dans le ring, j’ai réalisé que j’avais ma place parmi ces boxeuses de l’élite mondiale, a raconté Dicaire en entrevue téléphonique avec RDS.ca vendredi.

« J’ai cependant constaté que j’avais possiblement un tout petit manque au chapitre de l’expérience, puisque Lopes a déjà 24 combats professionnels au compteur. Depuis le début de ma carrière, j’ai souvent affronté des boxeuses qui n’avaient pas beaucoup d’expérience. »

En regardant la fiche détaillée de Dicaire, on constate rapidement qu’elle a déjà affronté trois adversaires qui se sont battues en championnat du monde – Paty Ramirez, Yamila Esther Reynoso et Marisa Gabriela Nunez – mais aucune n’est toutefois parvenue à en sortir gagnante.

Il faut également souligner que le bassin de rivales potentielles est extrêmement faible, puisque selon le site Internet spécialisé BoxRec, elles ne sont que 43 à évoluer chez les super-mi-moyens. Cela complique également grandement la recherche d’éventuelles partenaires d’entraînement.

« Un peu comme le font les hommes, nous pigeons régulièrement dans le bassin de boxeuses qui évoluent dans les rangs amateurs, nuance Dicaire. Mais étant donné qu’elles ne disputent que quatre ou cinq rounds de sparring, il faut souvent recourir à deux ou trois partenaires.

« Mais le fait que mon équipe et moi acceptons de nous déplacer nous facilite évidemment la tâche. Nous n’hésitons jamais à rouler pour aller à Boston – comme ç’a été le cas pour Lopez, – à Québec ou encore Ottawa. Il faut parfois forcer les choses pour se créer des opportunités. »

C’est donc pourquoi Dicaire n’a pas hésité une seconde à accepter l’offre d’aller se battre en Pologne, même si elle a toujours combattu en territoire ami depuis le début de sa carrière. D’un autre côté, son passé de boxeuse amateur et de karatéka l’a préparé à ce genre d’adversité.

« Encore une fois, c’est une question de saisir la chance qui s’offre à moi, précise Dicaire. Il n’est pas question d’aller là-bas en touriste ou d’attendre que les conditions soient favorables. J’ai voyagé en Allemagne, en Espagne, en Irlande, en France et un peu partout aux États-Unis, alors oui, je suis bien préparée à ça. Ce n’est pas le genre de chose qui va m’empêcher d’y aller.

« En plus, ce sera Michael Buffer l’annonceur. Ça s’annonce pour être un gros événement en Pologne. Je venais à peine d’apprendre que j’allais [peut-être] affronter Ewa et Lopes m’a dit qu’il en était déjà question depuis un bout de temps en Pologne. C’est certain que j’aurais aimé me battre devant ma famille et mes amis, mais c’est une occasion que je ne pouvais pas rater. »

La boxe québécoise nous a cruellement rappelé ces derniers temps qu’il faut toujours jouer de prudence avant de s’emballer, mais elle nous a également montré qu’une entente peut être vite conclue lorsque deux clans le veulent vraiment. Reste à savoir où Piatkowska loge vraiment.