FRISCO, Texas – Même si Eleider Alvarez et les membres de son équipe avaient prévu la baisse de régime de Sergey Kovalev qui a permis de lui passer le knock-out au septième round en août dernier à Atlantic City, plusieurs observateurs qualifient toujours cette victoire de chanceuse.

 

C’est donc avec l’objectif avoué de dissiper tous les doutes qui peuvent perdurer à son sujet que le Montréalais d’origine colombienne effectuera la première défense de son titre des poids mi-lourds de la WBO, samedi soir au Ford Center at The Star de Frisco, au Texas, contre le Russe.

 

« Ça l’a piqué! Je dirais même que Kovalev m’a aidé en faisant une bonne partie de la motivation que j’avais besoin de faire, a avoué l’entraîneur du champion, Marc Ramsay, en entrevue tard jeudi soir. C’est un peu le rôle de l’entraîneur d’essayer de motiver les troupes à chaque fois, de réussir de permettre à l’athlète de garder le focus et c’est ce que Kovalev a précisément fait.

 

« Ç’a d’ailleurs été le point de motivation de l’entraînement : c’est un accident, c’est un accident, c’est un accident... À chaque sprint, à chaque poussée de poids et à chaque coup de poing de pratique, je ramenais toujours ça juste pour être certain que nous ne le perdions pas. »

 

« Kovalev ne peut pas se permettre de reconnaître qu’Eleider était meilleur que lui ce soir-là, a ajouté le promoteur Yvon Michel. Avec le recul, il est possible de constater qu’il n’y avait pas de sentiment d’urgence chez Kovalev et il faut penser que ce sera complètement différent cette fois. Il ne faut pas réduire la victoire d’Eleider à un lucky punch, mais c’était une vraie surprise. »

 

Mais la boxe étant un univers où les perceptions sont souvent plus importantes que les faits, il existe une réelle volonté de faire beaucoup mieux que la première fois. Alvarez (24-0, 12 K.-O.) a ainsi encore tenu son camp d’entraînement en altitude dans sa Colombie natale et tout le travail commencé pendant le camp précédent a été poursuivi afin d’aller plus loin dans la préparation.

 

« Il y a un côté où Eleider a à gagner le respect des amateurs, car il reste à convaincre beaucoup de sceptiques, et à mettre un point d’exclamation sur le travail que nous avons fait au premier combat, a expliqué Ramsay. En même temps, nous ne voulions pas faire d’accroire à Eleider.

 

« Le premier combat a été très, très difficile physiquement : il a payé le prix pour enregistrer la victoire et il va falloir qu’il paye encore le prix samedi soir. Nous ne nous en allons pas dans un pique-nique : ça va être un combat douloureux, mais nous pensons que nous allons être encore capables de passer à travers la tempête et encore une fois remporter le combat. »

 

Krusher et Alvarez font le poids

« Eleider est affamé comme jamais! Il est plus athlétique et rapide que Kovalev et possède des outils dans son jeu pour lui faire mal. Il n’a pas beaucoup de knock-out à sa fiche, mais Eleider a toujours frappé dur et fait mal à ses adversaires, a renchéri Michel. De la façon dont les choses se sont déroulées pendant le premier combat, Eleider aurait même battu Kovalev à son peak. »

 

Ramsay et Michel s’accordent pour dire que Kovalev (32-3-1, 28 K.-O.) restera toujours un rival extrêmement dangereux, mais que l’ancien champion unifié n’a jamais cherché et ne cherchera jamais à corriger les raisons fondamentales qui expliquent les trois défaites qu’il a encaissées.

 

« Ce que je réalise, c’est que Kovalev a de la difficulté à se regarder dans le miroir. Ce qu’il fait, c’est de changer de gants et de changer d’entraîneur, a analysé Ramsay. Il a regardé à peu près tout ce qu’il y avait autour de lui, sauf lui. Une reconstruction après une défaite, ça commence par ce qu’on a bien fait, ce qu’on a moins bien fait, ce qu’il faut changer, et surtout, comment on le fait. Ce n’est pas en brassant les cartes que les choses vont se produire d’une autre manière.

 

« C’est une non-compréhension de la situation. J’ai vu son ex-entraîneur [Abror Tursunpulatov] à l’œuvre et il travaillait de bonnes choses. [Son précédent] John David Jackson aussi et [son nouveau] Buddy McGirt est un bon entraîneur. Kovalev ne cherche pas à la bonne place… »

 

« Kovalev n’a jamais écouté personne d’autre que lui-même, a conclu Michel. Mais est-ce le vrai problème? Parce qu’il est évident que lorsqu’il est frappé, il perd automatiquement son aura. »

 

« Eleider devra payer le prix encore »
« Eleider peut prouver que ce n'était pas de la chance »
« Nous pourrons confirmer que ce n'est pas de la chance »
« Je me suis très bien préparé »
« La chance n'est qu'une excuse »