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RÉSULTATS

Combat annulé : la demi-livre de la discorde

Alexis Eduardo Olmos et Yan Pellerin Alexis Eduardo Olmos et Yan Pellerin - Groupe Yvon Michel
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C'est le récit d'un combat annulé qui pourrait servir de genèse à un thriller d'Yves Simoneau. Un film dont les erreurs – parfois involontaires – commises par certains protagonistes bouleversent le cours de l'histoire et attestent du malaise ressenti avec les coupes de poids avant les pesées.

Le combat annulé, c'est celui qui devait opposer Yan Pellerin à Alexis Eduardo Olmos en sous-carte du gala de Groupe Yvon Michel tenu il y a une semaine au Cabaret du Casino de Montréal.

Un combat de sous-carte comme il y en a eu des centaines d'autres au fil des ans et qui avait été dûment approuvé par la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) après la présentation de la pesée mercredi midi... jusqu'à ce que la RACJ revienne sur sa décision le lendemain matin.

À l'origine, Pellerin et Olmos avaient convenu de s'affronter à une limite négociée de 190 livres, mais le Québécois a affirmé être convaincu qu'elle était de 200 lb, comme cela avait été le cas lors de ses quatre précédentes sorties. Des ceintures mineures étaient alors chaque fois en jeu.

C'est pour cette raison que Pellerin aurait affiché un poids de 199,2 lb à la pesée. De son propre aveu, il aurait facilement été en mesure d'être plus léger en raison de son passé de combattant d'arts martiaux mixtes, où les coupes de poids « extrêmes » sont légion avant un affrontement.

Mais après la publication de la première version de cet article, une source a, preuves à l'appui, démontré que Pellerin était bel et bien au courant depuis le 26 janvier que le combat devait être présenté à une limite négociée de 190 lb. Et quelques jours avant la pesée, Pellerin a prévenu au moins un intervenant associé au gala que sa coupe de poids ne se déroulait pas comme prévu.

De son côté, Olmos a fait osciller le pèse-personne à 186,6 lb, un sommet depuis le début de sa carrière. Le Mexicain, dont le poids a énormément fluctué au fil des ans, s'était déjà battu à un peu moins de 162 lb lors d'un duel face à Patrice Volny qui avait été tenu en avril 2017 à Toronto.

Dépassant ainsi de 9,2 lb la limite figurant au contrat, Pellerin se voyait obligé de donner 20 pour cent de sa bourse à son adversaire, mais « Wild Thing » n'y voyait aucun problème. Ce dernier était déterminé à remonter dans le ring pour disputer un premier combat depuis sa défaite par décision unanime des juges contre Ruben Eduardo Acosta en novembre 2022 à Saint-Hyacinthe.

Le hic, c'est que 12,6 lb séparaient les deux boxeurs, ce qui contrevenait au règlement sur les sports de combat de la Loi sur la sécurité dans les sports. D'après l'article 72, pas plus de 12 lb ne peuvent distancer deux pugilistes qui combattent à une limite négociée entre 175 et 195 lb. Mais personne n'a pensé appliquer le règlement au moment des faits, pour une raison inexpliquée.

Si l'irrégularité avait été immédiatement soulevée, Pellerin aurait pu s'adonner à une séance de boxe simulée (shadow boxing) dans une combinaison favorisant la perte de poids ou quelqu'un aurait pu inviter Olmos de boire une petite quantité d'eau pour ramener l'écart à moins de 12 lb.

Il n'a pas été possible de déterminer hors de tout doute raisonnable ce qui a mené la RACJ à se raviser et ainsi ne plus autoriser la présentation du choc entre Pellerin et Olmos, tellement les versions sont différentes selon les intervenants questionnés, mais l'inconfort était facilement palpable chez les officiels de la RACJ qui ont parlé de la situation sous le couvert de l'anonymat.

L'un d'eux a notamment expliqué que la différence de poids entre Pellerin et Olmos aurait été nettement plus grande le soir du combat que les 12,6 lb enregistrées à la pesée, étant donné que le Québécois aurait gagné plusieurs livres en se réhydratant, contrairement au Mexicain.

Ce même officiel a également avoué n'avoir « aucun plaisir » à voir les athlètes à se soumettre à la réduction de poids, phénomène propre aux sports de combat professionnels. Chez les amateurs, les boxeurs ne peuvent s'adonner à ce genre de supplice puisqu'ils sont souvent appelés à disputer plusieurs combats en l'espace de quelques jours dans le cadre de tournois comme c'est notamment le cas aux Jeux olympiques ou encore aux Championnats du monde.

Alors que le promoteur Yvon Michel a assuré qu'Olmos a été payé même si son combat n'a pas eu lieu, il est pertinent de se demander si le jeu en valait réellement la chandelle pour ce dernier et qu'il est peut-être temps que les autorités – pas juste québécoises – s'intéressent à ce dossier.