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RÉSULTATS

Beterbiev-Smith : le dernier gala d'une grande lignée?

Centre Vidéotron - Vincent Éthier/Eye of the Tiger Management
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QUÉBEC – Ce soir au Centre Vidéotron, ils seront environ 10 000 à assister au gala de boxe d'Eye of the Tiger Management (EOTTM) mettant en vedette le champion unifié WBC, IBF et WBO des poids mi-lourds, le Montréalais d'origine russe Artur Beterbiev, et le Britannique Callum Smith.

Un record pour l'amphithéâtre multifonctionnel inauguré à la fin de l'été 2015. La précédente marque de 8624 spectateurs avait été établie en novembre de la même année par Lucian Bute ainsi que le détenteur de la ceinture des poids super-moyens de l'IBF de l'époque James DeGale.

C'est toutefois bien loin des 16 500 qui s'étaient déplacés au vieux Colisée pour le premier duel entre Jean Pascal et le légendaire Bernard Hopkins en décembre 2010 ou encore les 16 473 pour la revanche opposant Bute à Librado Andrade tenue environ un an plus tôt en novembre 2009.

Dans la métropole montréalaise, les choses ne sont guère mieux. Depuis les 20 449 de Pascal-Bute, aucun événement n'est passé de lui arriver à la cheville. Il n'y a que Pascal qui est parvenu à fédérer un nombre significatif d'amateurs pour ses deux duels contre Sergey Kovalev (14 000 et 9866). La Place Bell de Laval a d'ailleurs été préférée au Centre Bell de Montréal pour la plupart des événements d'envergure qui ont été organisés depuis l'ouverture de cette dernière en 2017.

À l'heure actuelle, Beterbiev est le seul champion du monde que compte la boxe québécoise et sa prestigieuse carrière tire inexorablement à sa fin, lui qui célébrera ses trente-neuf ans dans huit jours. Et comme nous n'avons besoin que de deux doigts pour calculer le nombre de fois que le Russe s'est battu dans son pays d'adoption depuis qu'il est devenu champion il y a de cela plusieurs années déjà, le gala organisé ce soir est-il le dernier soubresaut d'une grande lignée?

« Bien sûr que non!, s'est empressé de répondre le promoteur Camille Estephan en entrevue à RDS.ca plus tôt cette semaine. Avec la quantité de gens et l'ampleur de l'événement, c'est juste garant de plus gros galas dans le futur. C'est certain que la clé sera toujours les boxeurs locaux. »

L'homme à la tête d'Eye of the Tiger Management ne s'inquiète pas outre mesure de l'absence de champion derrière Beterbiev, qui est représenté par le promoteur américain Top Rank, mais qui est entraîné par Marc Ramsay, directeur du développement et entraîneur principal d'EOTTM.

« C'est avec des gars comme [Christian] Mbilli, Arslanbek [Makhmudov], [Erik] Bazinyan, [Osleys] Iglesias, [Iman] Khataev, tout cette gang-là, que nous aurons de grands combats, a mentionné Estephan. À vrai dire, je crois que l'événement de [ce soir] est le premier d'un nouveau chapitre dans l'histoire de la boxe québécoise. Le Québec a prouvé qu'il est un grand marché de boxe. »

Personne ne pourra jamais reprocher à Estephan de manquer d'enthousiasme ou encore de ne pas tout faire en sorte pour que ses galas deviennent des happenings comme celui de ce soir. Il demeure cependant un joueur mineur dans une industrie qui vit des bouleversements majeurs.

Une nouvelle terre promise

Estephan a d'ailleurs pu constater de près ces changements au cours des derniers mois, étant donné que Makhmudov a livré deux combats dans la nouvelle terre promise, l'Arabie saoudite.

Le Royaume a en effet été extrêmement agressif dans la dernière année et demie en présentant quatre événements dont les têtes d'affiche ont été les poids lourds les plus en vue de la planète : Oleksandr Usyk, Anthony Joshua, Tyson Fury, Francis Ngannou, Deontay Wilder et Joseph Parker.

Et après avoir misé sur la catégorie reine de la boxe, l'Arabie saoudite entend poursuivre sur sa lancée et ainsi présenter les meilleurs duels, peu importe la division. Il serait déjà notamment acquis que le gagnant du choc Beterbiev-Smith recevra une généreuse offre pour se mesurer au champion de la WBA Dmitrii Bivol, qui a déjà accepté d'apposer sa signature au bas d'un contrat.

« Il y a beaucoup de gens qui se demandent pourquoi les gros combats sont retirés à la Grande-Bretagne et aux États-Unis, mais ils oublient que nous vivons dans ce que nous appelons “le monde”, a rappelé le promoteur Eddie Hearn, qui a organisé le premier événement de l'histoire en Arabie saoudite en septembre 2018 et qui mettait en vedette Smith ainsi que George Groves. 

« Nous sommes ici présentement au Canada et c'est plaisant d'avoir 10 000 personnes, comme c'est plaisant d'avoir 19 000 personnes au Wembley Arena. Mais c'est également très bien de développer de nouveaux marchés. En quelques mois seulement, c'est incroyable le nombre de combats significatifs qui ont été présentés en Arabie saoudite. Et cela ne fait que commencer. »

Hearn rejette évidemment du revers de la main toutes les critiques voulant que ce nouveau marché ne soit pas aussi noble que ceux historiques. « Il faut laisser les choses suivre leur cours, insiste le charismatique promoteur britannique. Il est impossible de dire qu'il n'y a pas d'intérêt là-bas. Il faut penser à la perspective de tous ces duels qui vont maintenant pouvoir s'organiser.

« Je peux vous assurer que les combattants n'en ont rien à faire de cette conversation. La boxe est un sport dangereux et l'arrivée de l'Arabie saoudite est une grande opportunité pour le sport. Ces gens évitent les tergiversations. Ils arrivent en cinq minutes et puis demandent “combien?”.

« L'Arabie saoudite n'a présentement qu'une seule idée en tête : bien traiter les têtes d'affiche. »