Sébastien Bouchard prépare sa sortie

Sébastien Bouchard le reconnaît d'emblée : il a mis du temps à digérer sa dernière défaite contre Mazlum Akdeniz. Singulièrement battu par décision unanime des juges en demi-finale du gala mettant en vedette Kim Clavel et Evelin Nazarena Bermudez présenté en octobre dernier à Laval, le sympathique boxeur originaire de Baie-Saint-Paul se demandait ce que l'avenir lui réserverait.

À 36 ans, il voyait encore une fois le tapis lui glisser sous les pieds, alors qu'il avait la chance de mettre la main sur une ceinture pour la première fois depuis le début de sa carrière. Cela avait également été le cas quelques années plus tôt, lorsqu'une blessure à une épaule l'avait obligé à abandonner pendant le 4e round de son duel face à Ayaz Hussain en novembre 2019 à Québec.

Dans les semaines qui ont suivi son revers contre Akdeniz, Bouchard devait chercher de plus en plus fort la motivation pour s'époumoner au gymnase comme il le fait maintenant depuis plus de deux décennies déjà. Mais un appel a tout changé, celui du promoteur Yan Pellerin. L'entrain est ainsi instantanément réapparu quand un affrontement face à Jan-Michael Poulin lui a été offert.

Libre de toute obligation contractuelle – il était lié à Groupe Yvon Michel que par la parole – « Boutch » n'a peu besoin de réfléchir longtemps et c'est pourquoi il retrouvera Poulin, ce soir, en finale d'un événement de New Era Promotion organisé au CentreExpo Cogeco Drummondville.

Les deux boxeurs se disputeront le championnat canadien des super-mi-moyens, une catégorie de poids dans laquelle Bouchard évoluait en début de carrière avant de descendre chez les mi-moyens au tournant de la trentaine. Et contrairement à Akdeniz, il n'entretient aucune animosité envers Poulin, dont il respecte franchement le parcours dans le monde impitoyable de la boxe.

« C'est certain que le fait qu'il y ait une ceinture a pesé dans la balance pour que j'accepte le combat, a mentionné Bouchard en entrevue téléphonique avec RDS.ca il y a quelques semaines.

« Jan-Michael n'est pas nécessairement connu du grand public, mais ce n'est pas un mauvais boxeur pour autant. C'est quelqu'un qui cogne extrêmement sur et qui a été champion canadien (tant chez les amateurs et les professionnels, NDLR), chose que je n'ai jamais faite moi-même. »

Entrepreneur en excavation dans la région de Charlevoix, Bouchard a profité de cette période un peu plus creuse à ce temps-ci de l'année pour enfin consacrer toutes ses énergies à sa préparation, luxe dont il a continuellement été privé tout au long de son parcours professionnel.

Ancien débardeur au port de Québec, il a continuellement conjugué son éreintant travail à l'entraînement, ce qui a provoqué une importante fatigue, tant physique que mentale. Ensuite, des situations complètement hors de son contrôle sont souvent venues saper tous ses sacrifices.

« J'ai tellement mis de temps et d'énergie dans mon sport pour me retrouver avec des combats annulés le jour même ou encore des blessures, rappelle Bouchard. Mais en même temps, ça m'a permis de me forger un caractère. Je réussis toujours à me retrouver dans le bon état d'esprit. »

Avec le temps qui passe, Bouchard sait que les grands rêves que caressent tous les boxeurs ne lui sont plus accessibles. Il a résolument revu ses ambitions et prépare ainsi paisiblement sa sortie.

« À ce stade-ci de ma carrière, l'objectif est simple, c'est de donner un bon show, de rendre les clients heureux. Je n'ai aucune idée de ce qui me reste à accomplir dans le monde de la boxe. Je ne peux plus me permettre de voir à long terme, explique-t-il. Après ce combat, j'aimerais me battre pour un autre titre et ensuite disputer un dernier combat devant mon monde à Québec. »

« Je sais que Poulin est un boxeur qui cogne dur en plus d'être un gaucher, mais je suis convaincu que j'ai mes chances après avoir pesé le pour et le contre. Je crois que je suis plus intelligent dans le ring et il semble avoir un tout petit peu moins d'endurance. C'est pourquoi je devrai m'assurer de mettre continuellement une très bonne pression. Ça va faire un excellent combat. »

Un combat dont le résultat dictera évidemment l'avenir à court terme de Bouchard, qui dans la victoire comme la défaite, est cependant certain d'une chose, celle d'avoir réussi l'essentiel. Il est en effet aujourd'hui à la tête de sa propre entreprise et est le père de trois merveilleux enfants.