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RÉSULTATS

25 ans d'émotions : Stephan Larouche, l'homme de coin

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« Tu te rends compte que ce n'est qu'un prétexte pour qu'une famille se rencontre », dit Stéphan Larouche de la boxe en se remémorant son premier contact avec le noble art à la fin des années 1970, alors qu'il n'était encore qu'un modeste adolescent qui vivait au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Il est assurément possible d'en dire autant de L'homme de coin, un documentaire consacré à la vie du célèbre entraîneur qui sert finalement de prétexte pour revivre plusieurs des plus grands moments de l'âge d'or de la boxe québécoise, dont il a été l'un des acteurs les plus importants.

De Muhammad Ali à Mathieu Germain en passant par Stéphan Ouellet, Éric Lucas, Leonard Dorin, Lucian Bute et Jean Pascal, le réalisateur Philippe-André Moreau plonge instantanément l'amateur dans une époque pourtant pas si lointaine grâce à de nombreuses images d'archives.

Pendant 60 minutes, Larouche raconte ses premiers contacts avec le sport comme simple téléspectateur et sa fascination, qu'il a encore énormément de mal à expliquer aujourd'hui, pour les résultats des duels de Gaétan Hart, Eddie Melo ainsi que Fernand Marcotte à cette époque.

Champion du Québec en boxe amateur, il connaîtra rapidement ses limites et fera la transition vers le métier d'entraîneur, réussissant à hisser le club de boxe de Jonquière parmi les meilleurs.

Au-delà des anecdotes propres à chacun des boxeurs avec lesquels il a eu la chance de travailler, tant chez les amateurs que les professionnels, Larouche s'avère particulièrement intéressant quand il indique qu'il mentionne qu'il cherche continuellement à parfaire ses connaissances en s'inspirant d'autres disciplines pour aider le plus possible ses athlètes dans leur cheminement.  

« Je passe mon temps à comparer la boxe au tennis, explique notamment Larouche. Ils ont un service, on a un jab. Ils ont des déplacements, on a des déplacements. Ils ont une stratégie, on en a une. Ils ont des attaques, des montées au filet. Ils ont l'humilité, la déception. Ils ont la frustration, ils ont la blessure psychologique sur le moment même...

« Tu viens de te faire battre sur un jeu, tu n'étais pas là pentoute, mais le match continue. Il faut que tu delete, tu reset, tout le temps, tout le temps, non-stop. C'est extrêmement dur psychologiquement le tennis. »

Larouche offre également un regard extrêmement lucide sur son sport – qui sauve beaucoup plus de monde qu'il n'en échappe – et son caractère éphémère qui peut être très, très cruel. Les victoires sont évidemment bien récompensées, mais la réalité rattrape rapidement les athlètes.

« Quand tu as gagné, ça dure une semaine, rappelle-t-il. Là, tu es sur le toit du monde, tout le monde t'aime. C'est beau, ça va bien, tu fais des entrevues à gauche et à droite, mais au bout d'une semaine, on te dit : “c'est quand ton prochain combat?” C'est fini, ta victoire est passée. »

L'homme de coin permet d'abord et avant tout de prendre toute la mesure du chemin parcouru par la boxe québécoise, qui ne semblait pas avoir de véritable ambition à l'international dans le passé. C'est grâce au travail acharné de pionniers comme Larouche que les boxeurs québécois sont parvenus à se professionnaliser ainsi qu'à repousser leurs limites pour devenir champions.

L'incursion dans son gymnase fraîchement rénové du Complexe sportif Claude-Robillard rappelle finalement crument que le succès ne tient qu'à un fil et qu'un entraîneur dépendra toujours de ses athlètes. Malgré le temps qui passe et l'absence de champion parmi ses protégés, Larouche semble plus que jamais animé par une passion qu'il est aujourd'hui très bien capable d'expliquer.