En achetant du temps d’antenne sur des chaînes généralistes et câblées américaines, l’influent conseiller Al Haymon a pris le pari de refaire de la boxe un sport majeur.

Seul l’avenir dira si les amateurs répondront à l’appel pour ainsi inciter les télédiffuseurs à payer le gros prix pour se porter acquéreur des droits de diffusion, mais ce changement était vital.

« Plus nous avancions dans le temps, plus le bassin de partisans rapetissait, a constaté Yvon Michel au cours d’un entretien téléphonique avec le RDS.ca la semaine dernière. Michel organisera des événements pour le compte de Haymon au cours des prochaines années.

« (Les chaînes payantes) HBO et Showtime ont fait un job exceptionnel lorsque les généralistes ont laissé tomber la boxe et il n’était pas rare de voir des cotes d’écoute de deux millions de téléspectateurs sur HBO. Aujourd’hui, une cote d’écoute d’un million est exceptionnelle.

« En allant se cantonner sur les chaînes payantes pour les combats importants, la visibilité des boxeurs a considérablement diminué et il est devenu difficile de créer de nouvelles étoiles. »

Pour la première de Premier Boxing Champions (PBC) sur NBC le 7 mars, une moyenne de 3,4 millions de téléspectateurs a regardé le gala mettant en vedette Keith Thurman et Robert Guerrero. En comparaison, Mike Alvarado-Brandon Rios (1,252 M), Gennady Golovkin-Martin Murray (862 000) et Sergey Kovalev-Jean Pascal (1,152 M) ont été moins populaires sur HBO.

Michel se moque ainsi bien de ceux et celles qui prétendent que le projet de Haymon est voué à l’échec. Les chiffres parleraient d’eux-mêmes et la popularité de PBC n’est appelée qu’à grandir. Ceux et celles qui regardent PBC de haut aujourd’hui s’en mordront ainsi les doigts demain.

« Tous ceux qui ne sont pas dans le projet sont contre!, répond le promoteur québécois. Les gens comme Kathy Duva parlent au travers de leur chapeau. Elle n’a absolument aucune idée de la structure, du financement et des ententes prises avec les différents partenaires.

« L’accent est mis sur la qualité de production autant que sur celle des combats. Il n’y a rien qui est laissé au hasard. Chaque décision a été longuement réfléchie. Il n’y avait qu’une réunion de production avant les événements avec HBO ou Showtime et nous les revoyions que la veille du gala. En vue du 4 avril, nous avons quelqu’un qui travaille quotidiennement avec PBC. »

Chose certaine, Haymon aurait le moyen de ses ambitions. Appuyé par des firmes d’investissement associées à la Formule 1 - selon ce qui a été rapporté par plusieurs médias américains au cours des dernières semaines -, il aurait ainsi les poches extrêmement profondes.

« Toutes ces associations avec ces réseaux de télévision et ces boxeurs n’ont pas été faites pour manquer d’argent au bout de six mois, explique Michel. Il s’agit d’un plan échelonné sur plusieurs années. Peu importe, Haymon aura tout essayé pour populariser le sport à nouveau.

« Il m’a montré une étude de marché des années 1970 qui concluait que la boxe se comparait avantageusement aux autres sports majeurs, tant au chapitre des cotes d’écoute que des revenus. En 2013, la boxe a généré des revenus d’environ 150 millions $ US contre 4,5 milliards $ pour le hockey. La boxe n’a pas du tout suivi la tendance des dernières années.

« Ce ne sont que les gens qui avaient les moyens de se payer un abonnement à HBO ou Showtime qui regardaient les combats.  Pour sa première sur NBC, PBC a dominé les cotes d’écoute chez les 18-49 ans, la tranche la plus recherchée par tous les annonceurs.  »

Sans faire partie de l’aventure, le président d’InterBox Jean Bédard confirme que l’industrie avait besoin d’un coup de barre. C’est pourquoi il attend la suite des choses avec impatience.

« Je comprends ce qu'il (Haymon) veut faire et ce n’est pas fou, a avoué Bédard pendant la semaine de promotion du combat d’unification des poids mi-lourds entre Sergey Kovalev et Jean Pascal. Il veut faire grossir l’intérêt de la boxe en la diffusant à grande échelle.

« Il veut contrôler les histoires et l’UFC a beaucoup de succès là-dedans. Trop souvent, les gros combats n’ont pas lieu en raison des promoteurs, des guerres d’ego et des gérants. Par contre, il y a déjà beaucoup d’argent qui circule et je ne sais pas si le modèle va tenir à long terme. »

Peu importe si le pari de Haymon réussit ou échoue, il est déjà acquis qu’il y aura un avant et un après PBC. Reste encore à savoir qui sont ceux qui regretteront amèrement le passé.