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RÉSULTATS

Une année à oublier pour la boxe québécoise en 2023

Kim Clavel, Arslanbek Makhmudov et Simon Kean Kim Clavel, Arslanbek Makhmudov et Simon Kean - Getty, PC
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Mise à jour

Les raisons de se réjouir ont été rarissimes pour la boxe québécoise en 2023, alors que plusieurs de ses athlètes ont perdu des combats d'envergure sur la scène internationale, que l'une de ses pionnières a décidé d'accrocher ses gants et que son commentateur le plus célèbre est décédé.

Deux fois plutôt qu'une, Kim Clavel n'est pas parvenue à devenir la première championne unifiée de l'histoire de la boxe québécoise. En janvier, l'ancienne détentrice de la ceinture des poids mi-mouches du WBC s'est inclinée par décision unanime des juges contre la tenante du titre de la WBA Yesica Nery Plata, puis en octobre, elle a mordu la poussière par décision partagée face à la championne unifiée IBF et WBO Evelin Nazarena Bermudez, un verdict terriblement controversé.

En conférence de presse d'après combat, le promoteur Yvon Michel, l'entraîneuse Danielle Bouchard et Clavel elle-même avaient montré du doigt le juge québécois Benoit Roussel en raison de la carte de 96-94 qu'il avait remise, la même que celle de l'Américain Frank Lombardi.

Michel et la vice-présidente exécutive de Groupe Yvon Michel (GYM) Alexandra Croft auraient également agressé verbalement et tenté d'intimider une représente de la RACJ et Roussel, d'après un avis de convocation à une audience envoyé en octobre. Michel et Croft devront s'expliquer les 5, 7, 8 et 9 février 2024 et pourraient voir leur permis suspendu ou annulé ou encore voir leur droit d'obtenir un nouveau permis être suspendu pour une durée déterminée.

Plusieurs autres dures défaites

Clavel n'est pas la seule boxeuse à avoir été battue en championnat du monde cette année. En avril, à Cardiff, au pays de Galles, Marie-Pier Houle a été vaincue par décision unanime par Sandy Ryan dans un duel pour la ceinture vacante des mi-moyennes de la WBO, puis en octobre, à Montréal, Mary Spencer a quant à elle été défaite par décision majoritaire par Femke Hermans dans un combat pour le titre vacant des super-mi-moyennes de l'IBF. Dans le cas de Spencer, c'était une deuxième défaite aux points en l'espace de dix mois contre la très sympathique Belge.

Chez les hommes, à l'exception d'Artur Beterbiev, Steven Butler est le seul à avoir obtenu la chance de mettre la main sur une ceinture mondiale et il a été complètement dominé par le champion des moyens de la WBO Zhanibek Alimkhanuly en mai à Stockton, en Californie. Le Kazakh a effectivement envoyé le Québécois trois fois au plancher au deuxième round et n'a ainsi mis que cinq minutes trente-cinq secondes pour effectuer la deuxième défense de son titre.

Disputant un premier combat au Québec depuis juillet 2018, l'infatigable Jean Pascal s'est incliné par décision unanime contre Michael Eifert dans un duel éliminatoire des mi-lourds de l'IBF tenu en mars à Laval. Pascal et son entraîneur Orlando Cuellar ont crié au vol en conférence de presse après l'affrontement, mais ils étaient les seuls à penser que le Québécois avait eu le meilleur sur le jeune Allemand. Plutôt discret depuis sa défaite, Pascal a récemment annoncé sur les médias sociaux qu'il se battrait dorénavant chez les lourds-légers et serait bientôt de retour dans le ring.

Simon Kean s'est quant à lui frotté à Joseph Parker dans un événement de grande envergure en octobre en Arabie saoudite, mais l'ancien champion des lourds de la WBO lui a passé le knock-out au 3e round. Arslanbek Makhmudov, qui s'est battu sur la même carte que Kean en octobre, est retourné en Arabie saoudite le 23 décembre, mais il a frappé un mur en étant déclassé par Agit Kabayel, qui l'a emporté par arrêt de l'arbitre au 4e round. Il s'agit d'un important recul pour le poids lourd montréalais d'origine russe, dont le nom figurait dans le top-15 du classement des quatre grandes organisations de boxe internationale. Il rate également une formidable occasion de monnayer son talent, puisque le Royaume est devenu une plaque tournante de l'industrie.

La retraite pour Dicaire

Désirant ne pas disputer le combat de trop, Marie-Ève Dicaire a tiré un trait sur une carrière de 20 combats pendant laquelle elle est devenue la première championne de l'histoire de la boxe québécoise. Battue par Natasha Jonas dans un duel d'unification présenté en novembre 2022 en Angleterre, elle s'est donné ensuite quelques semaines de réflexion avant de se retirer le 8 mars.

« La ligne est mince entre “je suis au sommet de ma forme” et “j'ai fait le combat de trop”, avait dit Dicaire au moment de l'annonce de sa retraite. J'ai 30 ans de sports de combat derrière moi. J'en ai donné des coups de poing et j'en ai reçus. C'est un miracle que je sois encore en santé. »

Dicaire s'est rapidement recyclée dans le domaine des communications, à RDS, notamment, où elle agit comme chroniqueuse à l'émission le 5à7 et comme analyste des événements de boxe.

Salut Jean-Paul!

L'année a également été assombrie par le décès le 24 décembre à l'âge de 92 ans de l'animateur et descripteur Jean-Paul Chartrand, qui faisait partie de la grande famille de RDS depuis les débuts de la station en 1989. Jean-Paul Chartrand a œuvré dans le monde des médias pendant 6 décennies et a décrit ses derniers combats et écrit ses derniers textes sur RDS.ca en novembre.

Le nom de Jean-Paul Chartrand était associé à la boxe depuis le début des années 1980 et il a été au cœur de tous les événements qui ont marqué le sport, dont bien évidemment la montée en puissance des boxeurs québécois sur la scène internationale depuis le tournant des années 2000

Ne reste plus que Beterbiev

Si le portrait d'ensemble est plutôt sombre, il y a néanmoins des boxeurs qui se sont illustrés, à commencer par le champion unifié WBC, IBF et WBO des mi-lourds Beterbiev, qui a défendu ses trois ceintures et signé sa 19e victoire avant la limite en autant de combats en battant Anthony Yarde par arrêt de l'arbitre au 8e round, en janvier, à Londres. À noter que cependant Beterbiev tirait de l'arrière sur les cartes de deux des trois juges au moment de l'ajournement du combat.

Le Montréalais d'origine russe aurait normalement dû affronter Callum Smith en août à Québec, mais il a dû reporter l'affrontement après avoir été opéré d'urgence en raison d'une infection majeure à l'os de la mâchoire. Les deux boxeurs croiseront finalement le fer le 13 janvier 2024.

Derrière Beterbiev, Christian Mbilli a continué son sans-faute en remportant les deux duels qu'il a disputés en 2023 pour se retrouver dans le top-5 des classements de la WBA, du WBC, de l'IBF et de la WBO. Son coéquipier chez Eye of the Tiger Management (EOTTM) Erik Bazinyan a aussi été parfait en trois sorties et est classé 2e à la WBA, 3e au WBC, 5e à l'IBF ainsi que 3e à la WBO.

Toujours chez EOTTM, mais chez les super-légers, Steve Claggett a vu des années d'efforts être récompensées, car il pointe maintenant au 8e rang au WBC, au 15e à l'BF et au 12e à la WBO. L'Albertain qui s'entraîne sous la supervision de Mike Moffa a notamment battu l'ex-champion des poids super-plumes Alberto Machado par arrêt de l'arbitre au 3e round en juin à Montréal.

Du côté de GYM, Mazlum Akdeniz est certainement celui qui a connu les meilleurs moments en défendant sa ceinture continentale des Amériques des super-légers du WBC en janvier, puis en s'emparant du titre international des mi-moyens du WBC après avoir battu Sébastien Bouchard au terme d'un combat rude et intense en octobre. Mathieu Germain a quant à lui profité de sa victoire sur Steven Wilcox en mars pour devenir champion intercontinental des super-légers de l'IBF et après avoir battu Jose de Leon Jasso en septembre, Germain se retrouve classé 6e à l'IBF.

Chez les femmes, Caroline Veyre a remporté les cinq duels qu'elle a livrés, ce qui lui a permis de déjà percer le top-10 des classements des super-plumes du WBC (où elle est 9e) et de l'IBF (5e).

Finalement, le poids lourd Alexis Barrière, qui a combattu sur des cartes de GYM et de New Era Promotions, a enregistré trois victoires, mais a surtout remporté le tournoi des super-lourds des qualifications olympiques présentées en décembre à Montréal. L'athlète de St-Jean-sur-Richelieu est encore très loin d'une participation aux Jeux de Paris cet été, mais aura vraisemblablement deux occasions de se qualifier : d'abord en février-mars en Italie, puis en mai-juin en Thaïlande.