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RÉSULTATS

Une catastrophe évitée de peu

Marek Poncik et Theothilus Owusu Marek Poncik et Theothilus Owusu - Groupe Yvon Michel
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Une quinzaine de minutes avant la première cloche annonçant le début du gala que Groupe Yvon Michel organisait jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal, le vice-président opérations et recrutement de l'organisation Bernard Barré avait les traits du visage particulièrement tirés.

Un contraste frappant pour l'homme le plus souriant et affable de la boxe québécoise, qui était venu avertir les journalistes que l'événement commencerait avec plusieurs minutes de retard.

C'est que les trois boxeurs tchèques appelés en renfort pour affronter Theothilus Owusu, Kevin Menoche et Derek Pomerleau en sous-carte de la soirée mettant en vedette Mathieu Germain n'avaient pas cru pertinent apporter de bandages pour protéger leurs mains dans leurs bagages.

En catastrophe, un employé de l'équipementier Rival est parti de Laval pour fournir les précieuses bandes de tissu aux trois belligérants. L'événement a finalement commencé avec environ une quinzaine de minutes de retard, sauf que Barré n'avait encore visiblement rien vu.

Tour à tour, Marek Poncik, Kristian Dzurnak et Milan Ganoska ont offert des prestations plus qu'ordinaires. Poncik a été battu en 44 secondes, Dzurnak a visité le plancher 5 fois en moins de 4 rounds et Ganoska a finalement jeté l'éponge après 3 petites minutes à cause d'une blessure.

Poncik avait non seulement oublié ses bandages, mais également sa coquille protectrice, si bien qu'il protégeait ses bijoux de famille avec un support athlétique identique à celui porté par un hockeyeur. « Heureusement », c'est une puissante frappe au plexus qui l'aura forcé à l'abandon.

« Ç'a été dur, j'ai eu peur, a reconnu Barré après le gala. Les boxeurs de la [Tchéquie] qui étaient là n'ont pas livré la marchandise. Les trois premiers combats, c'était une véritable catastrophe cette affaire-là. Après le troisième qui a dit : “j'ai mal à l'épaule, je m'en vais chez nous”, je me suis dit : ça va mal! Heureusement, la fille de l'Argentine (Agustina Marisa Belen Rojas, NDLR) et le gars de la Slovaquie (Zsolt Osadan, NDLR) étaient venus ici pour se battre. Ç'a valu la peine. »

Les deux boxeurs n'ont effectivement pas démérité contre Caroline Veyre et Germain, même si les deux locaux se sont largement imposés par décision unanime des juges. Fidèle à son habitude, Germain a donné raison à ses nombreux et bruyants partisans de se réjouir, mais il a été le premier à reconnaître qu'il aurait de loin préféré enregistrer une victoire avant la limite.

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Classé 10e aspirant au titre des poids super-légers de l'IBF, le Québécois espère que sa victoire contre un adversaire possédant une fiche enviable lui ouvrira la porte d'un combat significatif.

« [Le combat de ce jeudi] c'était mon dernier step avant les gros combats, a affirmé Germain. Le téléphone va sonner, c'est sûr. Mon classement va monter [après cette victoire]. Je peux donner mon numéro si vous voulez. Appelez-moi, je veux me battre. C'est simplement ça que je veux. »

Le nom de Germain – tout comme celui de Steve Claggett – a d'ailleurs été récemment évoqué pour une rencontre au sommet contre Subriel Mathias en juin, mais il semble maintenant assuré que l'avenir pugilistique du Québécois passe par l'extérieur des frontières de la Belle Province.

« Le modèle d'affaires est un peu plus difficile dorénavant, a expliqué son entraîneur, le vétéran Stéphan Larouche. Il y a de moins en moins de télévisions et de moins en moins de gros revenus. Il faut donc absolument se réinventer et ça passe plus que jamais par des combats à l'extérieur.

« Chose certaine, son nom commence à sortir, à faire jaser. J'ai récemment reçu un appel et on m'a dit qu'on me reviendrait après le combat de [jeudi]. On espère avoir cette opportunité-là. »

« L'important, c'est que je continue de gagner comme j'ai réussi à le faire [jeudi] soir, a conclu Germain. J'ai battu un gars qui possédait une fiche de 26-1-1, alors c'est sûr que ça paraît bien.

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Après avoir remporté tous les rounds de son duel contre Belen Rojas, Veyre – qui a représenté le Canada aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021 – était d'avis qu'elle est maintenant prête à relever de plus gros défis. La Québécoise est classée 11e au WBC et 5e à l'IBF chez les plumes. Son affrontement contre l'Argentine était déjà son quatrième de suite prévu pour huit rounds.

« J'aimerais avoir la chance de bientôt disputer un premier combat de dix rounds et de mettre la main sur une première ceinture mineure, a avoué Veyre. Je souhaiterais également me mesurer à de bien meilleures adversaires comme cela a été le cas au commencement de ma carrière. »

Veyre est encore à la recherche de sa première victoire avant la limite, mais son équipe pense qu'elle est l'une des boxeuses les plus défavorisées par les rounds de seulement deux minutes.

« Une fille de volume comme Caroline rate peut-être des chances d'être beaucoup plus efficace sur des rounds de trois minutes, a opiné Barré. On sait que ça s'en vient, et à partir de ce moment-là, elle devrait avoir le temps d'épuiser des adversaires. Deux minutes, ça arrive vite! »