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RÉSULTATS

Une expérience enrichissante pour Alexis Barrière

Alexis Barrière - RDS
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Mise à jour

Après avoir enchaîné les combats à un rythme soutenu en début de carrière, Alexis Barrière s'est fait énormément discret au cours des derniers temps. Depuis le printemps dernier, le poids lourd a en effet été limité à une brève sortie de même pas un round contre un obscur rival, en octobre.

Pourtant, la boxe ne l'a jamais autant occupé comme elle le fait en ce moment. Barrière était l'un des quatre partenaires d'entraînement de Tyson Fury avant que le camp du champion ne prenne abruptement fin vendredi et comme si ce n'était pas assez, le Québécois se rendra en Italie dans quelques semaines afin de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris qui auront lieu cet été.

La présence à elle seule de Barrière dans l'entourage de Fury relève de l'exploit, dans la mesure où le champion du WBC peut s'offrir les services d'à peu près n'importe qui dans la préparation de ses combats. Mais qu'est-ce qui a donc poussé l'équipe du Britannique à se tourner vers lui?

C'est que l'été dernier, Barrière est allé au Texas pour servir de partenaire d'entraînement à Filip Hrgović – un espoir invaincu originaire de la Croatie – et il a laissé une si bonne impression que même l'entraîneur de Fury, SugarHill Steward, en a entendu parler. Ce même Steward qui a été dans le coin de l'ex-champion des super-moyens du WBC Adonis Stevenson pendant des années.

« En réalisant d'où je venais, SurgarHill a pris le téléphone et a ensuite appelé Yvon [Michel] pour en connaître davantage à mon sujet », a raconté Barrière en entrevue à RDS.ca la fin de semaine dernière, alors qu'il profitait d'une pause entre deux séances de sparring avec The Gypsy King.

En débarquant en Arabie saoudite – où Fury tenait son camp d'entraînement et devait affronter Oleksandr Usyk le 17 février prochain – Barrière s'attendait évidemment à retrouver un boxeur de haut niveau, mais peut-être pas un individu aussi chaleureux. Il faut dire qu'au fil du temps, le Britannique n'a rien fait pour distinguer son personnage public déjanté et sa réelle personnalité.

« Tyson Fury est assurément l'une des plus belles personnes que j'ai rencontrées depuis que je gravite dans l'univers de la boxe, a avoué sans détour Barrière. C'est quelqu'un qui a une attitude toujours positive et qui n'hésite jamais à partager ses conseils. Il m'a un peu pris sous son aile. »

Pendant les quatre semaines où il a côtoyé Fury, Barrière a été celui qui a le plus mis les gants avec le champion. En moyenne, quatre fois par semaine, chaque fois, pendant huit rounds. Outre Barrière, Fury s'était également adjoint les services de Kevin Lerena, de l'ancien champion du monde junior Moses Itauma ainsi que du champion des lourds-légers de l'IBF Jai Opetaia.

« C'est vraiment pendant les combats d'entraînement et en regardant les autres aller que j'ai réalisé que j'étais de ce calibre-là, que je pouvais rivaliser avec les meilleurs boxeurs de la planète, a mentionné Barrière, qui est toujours invaincu en 11 combats chez les professionnels.

« C'est certain qu'au Québec, il n'y a pas nécessairement cette qualité de sparring et c'est tout à fait normal. Il faut souvent dépenser de grosses sommes pour attirer des adversaires de qualité. Cela a été une occasion unique de pouvoir me comparer aux meilleurs pendant tout ce temps. »

Objectif Paris

Ce camp d'entraînement, c'est possiblement la meilleure préparation que Barrière pouvait avoir avant le premier de deux tournois de qualifications « de la dernière chance » pour les athlètes qui veulent obtenir leur billet pour les Jeux de Paris qui seront présentés du 27 juillet au 10 août.

Les boxeurs canadiens avaient obtenu une première occasion d'assurer leur présence aux JO lors des derniers Jeux panaméricains auxquels Barrière n'a cependant pas participé. Le représentant canadien chez les super-lourds – Jérôme Feujio – ayant mordu la poussière en quart de finale, Barrière s'est ensuite dit que c'était le moment ou jamais de tenter sa chance et ainsi de plonger.

« Ç'a toujours été un rêve de participer aux Jeux, mais la COVID est venue contrecarrer mes plans, a expliqué celui qui est passé chez les professionnels en mars 2021, 6 mois avant la tenue des Jeux de Tokyo. C'est une forme de rédemption de pouvoir aller jusqu'au bout de mon rêve. »

Mais avant de pouvoir penser à représenter l'unifolié à ce tournoi de la dernière chance, Barrière devait mériter sa place. C'est donc pourquoi il a participé aux essais olympiques organisés en décembre à Montréal et sans surprise, il a survolé la compétition en remportant ses trois duels.

« Je n'ai jamais douté de mes aptitudes, mais il y avait quand même énormément de pression et surtout, beaucoup d'attentes, a rappelé Barrière, qui avait été sacré champion canadien en 2017 et 2018. Je suis satisfait de la manière que j'ai réagi, de ne pas avoir craqué sous cette pression. »

Les Jeux panaméricains sont souvent perçus comme la meilleure occasion pour les boxeurs d'ici de se qualifier pour les JO en raison du calibre moins relevé qu'aux deux tournois de la dernière chance. Barrière est toutefois d'avis qu'il sera l'un des pugilistes à battre du 29 février au 12 mars à Busto Arsizio, en Italie. Il n'aura qu'à finir parmi les quatre premiers pour consolider sa place.

« Ce ne sont peut-être pas uniquement des athlètes des Amériques qui seront là, mais en même temps, il n'y aura pas de représentants des États-Unis, du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan, parce que ces trois pays sont déjà qualifiés pour les Jeux, a dit Barrière. Avec les derniers mois que je viens de connaître, il n'y a aucun doute dans mon esprit. Je n'aurais pas pu être mieux préparé. »

À noter que le deuxième tournoi de la dernière chance aura lieu du 23 mai au 3 juin à Bangkok, en Thaïlande. Encore là, les quatre premiers chez les super-lourds assureront leur séjour à Paris.

Cela dit, peu importe la tournure des événements, Barrière n'aura aucun regret. « J'ai eu une vie incroyable au cours des derniers mois, conclut-il. J'ai vécu une tonne de choses que je n'aurais jamais pu imaginer, comme assister à un match de la coupe d'Espagne dans la loge du Prince. »

Qui sait s'il n'y effectuera pas un retour dans quelques années à titre de tête d'affiche d'un gala...