Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Une longévité qui n'était pas prévue

Publié
Mise à jour

Quand Jean Pascal est passé chez les professionnels au début de 2005, les probabilités de succès de celui qui venait de représenter l'unifolié aux Jeux olympiques d'Athènes étaient assez élevées.

Champion canadien à sept reprises tant chez les juvéniles, les juniors et les élites, Pascal s'était également illustré sur la scène internationale en remportant notamment des médailles d'or aux Jeux de la Francophonie et aux Jeux du Commonwealth. Cela dit, il était prêt à faire ses classes.

« Je veux y aller tranquillement. D'abord, viser le championnat canadien, puis américain », avait déclaré Pascal à sa sortie du ring après sa première victoire contre Justin Hahn le 3 février 2005.

Autant plusieurs croyaient à l'énorme potentiel de Pascal, autant ces derniers ne l'imaginaient pas connaître une carrière qui s'échelonnerait sur plus qu'une décennie. Le sentiment avait même été renforcé après le long passage à vide qu'a connu Pascal après ses deux défaites avant la limite contre Sergey Kovalev, en 2015 et 2016, et son revers face à Eleider Alvarez, en 2017.

« À cause de son style basé sur l'instinct, la vitesse et les réflexes, je pensais qu'il aurait une carrière beaucoup plus courte, a avoué le promoteur Yvon Michel en entrevue à RDS.ca lundi.

« À cette époque-là, je ne pensais pas que Jean possédait les capacités et l'intelligence requises pour s'adapter. Après son deuxième combat contre Kovalev, je pensais vraiment que c'était fini. Et encore plus après son combat contre Alvarez... Je le comparais à Sugar Ray Leonard après son combat contre Marvin Hagler. Leonard paraissait avoir vieilli d'un seul coup après ce combat... »

Mais Pascal n'a jamais cessé d'y croire et il se retrouve aujourd'hui encore à l'avant-scène, à l'âge de 40 ans. L'ancien champion s'apprête en effet à disputer un combat éliminatoire des poids mi-lourds de l'IBF contre Michel Eifert en finale d'un gala qui sera présenté jeudi soir à la Place Bell.

Une longévité dont le principal intéressé est extrêmement fier, d'autant plus qu'il juge qu'elle permet de séparer le grain de l'ivraie. « La longévité, c'est ça qui fait les grands athlètes. Je me considère comme un grand athlète et je veux qu'on me considère comme un grand athlète. Je suis très content de ça », a précisé l'ancien champion des mi-lourds du WBC ainsi que de la WBA.

Comment expliquer un tel revirement de situation? Parce que l'instinct, la vitesse et les réflexes sur lesquels s'appuyait Pascal fléchissent inexorablement avec le temps. « Mon intelligence, mon entraînement et la façon dont je prends soin de mon corps », a-t-il immédiatement indiqué.

« Jean est devenu un boxeur rationnel, capable de répartir ses énergies, a quant à lui répondu Michel. Ses coups sont aussi plus compacts qu'avant. Il sait qu'il ne peut plus perdre de temps à lancers des coups larges. Il compense par son intelligence et un contrôle technique supérieur.

« Dans le passé, Jean était tellement un boxeur d'instinct que ses rounds les plus faibles étaient toujours les 11e et 12e. Mais à son [dernier] combat contre Fanlong Meng, et ça m'a frappé, ses meilleurs rounds ont été les 11e et 12e! Jean s'est adapté et a compris ce qu'il devait devenir.

« Jean a compris pourquoi un boxeur comme Bernard Hopkins avait été en mesure de connaître du succès sur le tard. Jean est résolument passé d'un boxeur de réflexes à un boxeur cérébral. »

Une chose qui n'a cependant pas changé est la capacité de mettre en scène ses combats. Sa dernière trouvaille? L'idée que le combat contre Eifert, un Allemand, lui permettra de venger la défaite controversée qu'Éric Lucas avait subie contre Markus Beyer en avril 2003 en Allemagne.

« Je me rappelle encore ma tristesse comme si c'était hier, a lancé Pascal. C'est un duel qui me tient à cœur. Aidez-moi à venger la défaite et à restaurer l'image du Québec à l'international. Je vous promets que nous verrons les semelles de ses bottines. Je veux rendre hommage à Lucas. »

Si ce duel a marqué l'imaginaire collectif au Québec, il est difficile d'en dire autant pour Eifert, qui n'était âgé que de 6 ans au moment des événements. Celui qui disputera un premier combat à l'extérieur de l'Europe chez les professionnels n'a pas voulu embarquer dans le jeu de Pascal.

« Ce n'est pas quelque chose dont je veux parler, a mentionné Eifert par le truchement d'un interprète. Je suis venu ici pour gagner et c'est tout ce qui compte. Que je sois favori ou négligé, je n'ai pas pensé à ça... ce n'est pas important. Je m'entraîne depuis plusieurs années pour ça. »