Fernando Alonso aime-t-il le groupe The Clash ? Par le temps qui court, il doit bien fredonner leur chanson « Should I stay or Should I go ».

Sinon la chanson, du moins la question lui trotte dans la tête.

Bien sûr, il a un contrat qui ne se termine qu’en 2016. Mais on ne peut vraiment empêcher un pilote de partir.

D’autre part, on pourrait lui demander de partir ! Hé oui, c’est Alonso lui-même qui a évoqué cette possibilité cette semaine. « Mon sort est entre les mains de Ferrari; si on me le demande, je partirai ».

Alonso n’a sûrement pas lancé cette phrase en l’air.

Doit-il rester?

L’Espagnol doit se dire qu’il serait bête de partir au moment même où la Scuderia pourrait revenir à l’avant-scène.

Mais Ferrari a-t-elle les moyens – surtout humains – de revenir à l’avant du peloton?

On a beau parler de restructuration, d’une meilleure intégration, d’un meilleur dialogue, le personnel en place ne change pas.

Pat Fry (ingénieur en chef McLaren 2005-2010) est arrivé en 2011 pour remplacer Aldo Costa (très heureux actuellement chez Mercedes…) comme directeur technique. On ne peut parler d’un redressement spectaculaire.

James Allison (directeur technique Renault/Lotus 2009-2012) est arrivé l’an passé pour remplacer Fry (relégué directeur de l’ingénierie). La voiture 2015 sera la première voiture dont il aura supervisé la conception.

Mais les ingénieurs qui travaillent sous la responsabilité du directeur technique sont encore les mêmes : Nikolas Tombazis (concepteur en chef), son adjoint Simone Di Resta, les aérodynamiciens Loïc Bigois et Ben Agathangelou. Allison a déjà déclaré que Ferrari aura besoin de plus de créativité : est-ce que le personnel en place peut répondre à cette demande ?

Le directeur technique moteur, Luca Marmorini, a quitté l’équipe en juillet : c’était le prix à payer pour un groupe propulseur pas très réussi. Mais qui le remplace ? Y a-t-il une « pointure » pour lui succéder ?

Il se dit que Ferrari a fait des approches à Adrian Newey (chef de projet Red Bull) et Andy Cowell (directeur de Mercedes AMG High Performance Powertrains). Pas vraiment une marque de confiance envers le personnel en place.

Alonso est en droit de se poser la question: est-ce que Ferrari va bientôt faire un pas en avant ?

Le nouveau directeur de la Scuderia, Marco Mattiacci, a déjà annoncé un plan de redressement sur trois ans. C’est (très) long pour Alonso qui a eu 33 ans en juillet dernier et qui a déjà exprimé son souhait de remporter un troisième titre mondial avant de prendre sa retraite.

Et si l’on regardait la situation du point de vue de Ferrari ? Pourquoi la Scuderia voudrait-elle de débarrasser d’un tel pilote ?

Chez Ferrari, on sent peut-être que Alonso ne va pas se montrer patient l’an prochain si les (bons) résultats ne sont pas au rendez-vous. Il y a déjà eu des étincelles l’an passé.

On se pose des questions sur la motivation de l’Espagnol. Est-il prêt à mener les troupes sur le moyen terme, alors que l’an passé son gérant avait rencontré Christian Horner de Red Bull et que cette année les rumeurs ne cessent de tournoyer autour de son éventuel transfert chez McLaren.

De plus, il semble que les premières négociations pour un éventuel renouvellement de contrat pour 2017-2019 ont bien mal débuté. Le clan Alonso exigerait une somme exorbitante : pas moins de 35 millions d’euros par saison (50 millions de dollars) !

De quoi financer la création de l’équipe cycliste de haut niveau dont il rêve depuis quelques années.

Doit-il partir?

La seule véritable option pour Alonso est bien sûr McLaren-Honda.

Son premier passage au sein de cette écurie, en 2007, s’était mal terminé : divorce après une seule saison alors qu’il avait un contrat de trois ans.

L’an passé, l’Espagnol avait déclaré qu’il ne voyait pas d’obstacle à un éventuel retour, compte tenu que la personne avec laquelle il ne s’entendait pas n’était plus là.

Malheureusement pour lui, Ron Dennis est de retour depuis le mois de janvier comme patron de l’écurie!

Obstacle insurmontable? Non, quand vous avez deux personnes qui ne pensent qu’à une chose : gagner à nouveau.

Techniquement, est-ce que McLaren offre de meilleures « garanties » que Ferrari?

Côté châssis, ce n’est pas terrible. Malgré un excellent moteur Mercedes, McLaren est actuellement sixième au classement des constructeurs. Sixième derrière Force India et Williams, les autres clients du motoriste allemand.

Mais il y a un espoir. Qui porte le nom de Peter Prodromou, ex-chef aérodynamicien chez Red Bull. Oh il doit en connaître des trucs et des secrets!

C’est au Japon l’an passé que les premiers contacts ont eu lieu entre McLaren et Prodromou. Comme Red Bull ne pouvait le garder en sachant qu’il s’en allait chez la concurrence, on l’a envoyé en pause jardinage (c’est à dire chez lui, avec interdiction de travailler jusqu’à la fin de son contrat en 2015).

Puis l’histoire se complique. Un autre ingénieur de Red Bull, Dan Fallows, devait le suivre chez McLaren. Mais il a finalement décidé de rester chez Red Bull. McLaren a menacé d’entamer des poursuites judiciaires. Finalement tout s’est réglé hors cour avec une entente à l’amiable.

Une entente qui incluait une clause permettant à Prodromu d’arriver plut tôt chez McLaren. Ce qu’il fit le 15 septembre dernier!

Bien sûr trop tard pour avoir une véritable influence sur la voiture 2015, mais son apport ne sera pas à négliger dans le programme de développement de la voiture tout au long de la prochaine saison.

Qu’en est-il du groupe propulseur?

Bien sûr le groupe propulseur Honda demeure une inconnue.

Par contre, le manufacturier japonais n’est pas parti de zéro comme les autres motoristes.

Mercedes, Ferrari et Renault ne savaient pas vraiment quel niveau de performances il fallait atteindre en 2014.

McLaren a pu fournir des chiffres à Honda. Non pas des secrets reliés au Mercedes, mais des objectifs à atteindre pour chacune des composantes du groupe propulseur. Cela ne veut pas dire que Honda va atteindre tous ces objectifs, mais au moins Honda sait ce que ça prend pour être, d’emblée, au même niveau que Mercedes.

Qui chez Ferrari?

Si jamais Alonso quittait Ferrari, de son propre chef ou à la demande express de la Scuderia, qui le remplacerait?

Ferrari aimerait bien disposer des services de Sebastian Vettel, mais je ne vois pas l’Allemand s’engager dans l’incertitude que représente actuellement Ferrari.

La dernière rumeur fait état de Lewis Hamilton. S’il remporte un deuxième titre mondial, il pourrait peut-être s’armer de patience et attendre un an ou deux avant de rouler en tête sur une Ferrari.

Cela lui permettrait de passer dans la légende en ramenant la Scuderia à l’avant-plan comme l’a fait Michael Schumacher, qui a décroché un titre pilote sur une Ferrari en 2000, soit 21 ans après Jody Scheckter.

Mais attention. Alain Prost n’a pas réussi cet exploit. Et Fernando Alonso se demande s’il va y parvenir.

Il écoute probablement une autre chanson des Clash : « Career Opportunites »...