Pub F1- texte Ray LalondeLa F1 est souvent accusée par ses détracteurs de ne pas s’intéresser ou de ne pas focaliser sur les amateurs qui représentent pourtant la base de son succès populaire, et surtout un élément clé de succès pour les organisateurs locaux de Grand Prix. Cette perception d’un manque de considération pour les partisans « populaires » est particulièrement visible dans les baisses globales de fréquentation et d’auditoire télévisuel et a comme conséquence un certain désintérêt chez les amateurs de course automobile. La réalité est néanmoins un peu plus complexe et fondamentalement différente quand on parle d’auditoire télévisuel ou d’assistance. Faisons un retour sur ces réalités.

L’auditoire télévisuel

Si l’on se concentre sur les chiffres bruts, il n’y a aucune équivoque. Selon les chiffres de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), l’auditoire global télévisuel est passée de 600 millions de téléspectateurs à 450 millions en 2013 pour ensuite ralentir avec un total de 425 millions en 2014. Même si cette baisse est importante, l’auditoireglobal place encore la Formule 1 dans le peloton de tête des évènements en sports motorisés.

D’autre part, le point souvent mis en évidence est que cette baisse s’est faite simultanément avec le passage des droits de diffusion cédés de chaînes de télévision généralistes (gratuite pour le public) vers des chaînes payantes ou câblées (payantes pour le public). Si cette manœuvre a largement augmenté les revenus de la F1, elle a eu pour effet de réduire l’accessibilité gratuite et donc indirectement l’auditoire. À titre d’exemple, la diminution globale de 50 millions de téléspectateurs de la F1 entre 2012 et 2013, souvent citée en exemple de cette chute drastique de l’auditoire, est arrivée au moment où deux marchés importants, la Chine (30 millions de téléspectateurs) et la France (16 millions de téléspectateurs), sont passés du gratuit au payant. Si cela montre en effet que de nombreux téléspectateurs ne sont pas prêts à souscrire à une chaîne payante pour regarder les Grands Prix (46 millions cumulés), il est simpliste de conclure que 50 millions de téléspectateurs sont soudainement devenus désintéressés de la F1.

De plus, si une baisse globale de l’auditoire télé est notée, il existe des spécificités régionales, des marchés sur lesquels cette baisse est moins marquée, notamment au Royaume-Uni où les Grands Prix attirent encore plus de téléspectateurs durant les courses, dépassant de nombreux autres programmes de premier plan en Angleterre. Il existe également des marchés en croissance comme les États-Unis, un marché que la F1 souhaitait pénétrer depuis longtemps et qui compte un chiffre modeste de 12 millions de téléspectateurs, mais en croissance de 10 % par rapport à l’année précédente.

Le choix stratégique de la F1 de passer de télévisions publiques aux chaînes spécialisées payantes explique partiellement les diminutions d’auditoire mondial mais cela ne signifie pas nécessairement une réduction de l’intérêt envers le circuit. La F1 doit se pencher sur un équilibre entre revenus télé, accessibilité pour les amateurs et également revenus de commandites car une baisse de l’auditoire peut affecter ces niveaux de revenus. Une équation complexe surtout si on y ajoute l’accessibilité par médias sociaux ou électroniques longtemps (et encore) négligés par la Formule 1.

L’assistance aux Grands Prix

Même si l’on assiste à une baisse de l’assistance moyenne globale sur les circuits de F1, il est peu pertinent de considérer cette variable seulement car la spécificité géographique et historique de chaque grand prix est unique et que les motivations d’assister aux courses sont différentes. Il faut également être prudent avec les chiffres fournis car ils proviennent des organisateurs qui ont tout intérêt à s’assurer que le succès populaire est présent pour assurer leurs négociations avec les commanditaires actuels et potentiels ainsi que les paliers gouvernementaux.

Malgré ces limites, et pour les circuits dont les chiffres d’assistances sont disponibles, les assistances le dimanche (jour de course) varient de 32 000 spectateurs pour Bahreïn en 2015 jusqu’à 140 000 spectateurs pour Silverstone au Royaume-Uni. Quand on examine les chiffres sur les trois jours d’activités, on passe de 90 000 spectateurs à Bahreïn jusqu’à 350 000 spectateurs à Silverstone. Si ces variations importantes peuvent être expliquées par des différences de prix des billets, de stratégies locales particulières des organisateurs, d’intérêt pour la F1 ou de culture générale de la course automobile, le point majeur de contention est celui de l’accessibilité des Grands Prix au public partisan en général. Avec l’organisation de plusieurs Grands Prix dans des pays avec une culture F1 limitée et des limitations d’accès, la F1 se prive potentiellement de succès populaires sur des circuits qui ont une histoire et une tradition, en plus d’un intérêt plus prononcé.

Ne ratez pas mercredi le quatrième article d’une série de cinq sur la business de la F1 : Déclin en commandites pour les équipes et les Grand Prix.