La vraie saison de curling commence samedi à Grande Prairie en Alberta avec le début du Championnat canadien de curling féminin. Depuis septembre, il y a eu toutes sortes de compétitions avec leurs enjeux particuliers.

Que ce soit la Coupe Canada en décembre dernier, les Championnats canadiens juniors, la Coupe continentale et les nombreux tournois des « Grands Chelems », ces compétitions ont une saveur différente, mais les amateurs de curling reconnaissent que le début du Tournoi des Coeurs est le véritable coup de départ de la saison pour eux.

C'est la période de l'année durant laquelle les fanatiques de curling sont servis à souhait. C'est la période de l'année où l'on doit lire le manuel d'instructions de notre enregistreur si on n'a pas encore compris toutes les subtilités de son fonctionnement.

Au cours des prochaines semaines, deux championnats canadiens majeurs, femmes et hommes en plus de deux championnats du monde, également hommes et femmes, envahiront nos écrans. Plus de 70 parties de curling à regarder d'ici le 10 avril prochain sur les ondes de RDS et RDS2. Il y a de quoi faire des plaies de divan. Heureusement que les tournois antérieurs nous auront permis de nous mettre en forme et d'être prêts pour affronter ce véritable marathon.

En tant qu'analyste, je crois réellement que les amateurs de curling sont prêts pour cette période intense. Les vrais amateurs sont toujours prêts à performer lorsque la cloche sonne réellement! Les amateurs ont fait au cours des derniers mois tout ce qu'ils avaient besoin de faire pour être prêts mentalement et physiquement. Ils se sont entraînés en regardant religieusement des tournois qui n'avaient que pour sources de motivation, l'argent, soit les bourses distribuées aux vainqueurs. Je pense entre autres aux skins games, qui donnent toujours un bon spectacle, mais dont le seul enjeu est de l'emporter avec la plus grosse cagnotte possible (aucun point n’est alloué lors de ces compétitions en vue des essais olympiques ou du classement mondial).

Les amateurs se sont également entraînés en regardant la Coupe continentale. Celle-ci était en provenance de Las Vegas ni plus ni moins. Mais malgré les couleurs et le charme que cette mégapole du jeu peut donner à un évènement, la Coupe continentale est un tournoi qui semble nettement plaire davantage aux quelques équipes privilégiées qui y participent qu'aux amateurs qui s’évertuent à la regarder.

Ceux-ci ont vraiment le sentiment d'être au camp d'entraînement des recrues lorsqu'ils s'installent devant leur téléviseur. Surtout lorsque CurlCanada nous impose les compétitions « deux contre deux ». Bien que potentiellement intéressante, la formule utilisée en « deux contre deux » démontre nettement qu'elle a encore de sérieuses lacunes et qu'elle n'est pas encore au point.

Plusieurs nouvelles règles ont été mis en place cette année dans ce volet de la Coupe continentale 2016, mais la grande majorité de ces tentatives se sont avérées négatives pour ne pas dire désastreuses. Je fais évidemment référence à la surutilisation des chronomètres et à l'accroissement du rôle des officiels dans un match de curling. La fédération a grand intérêt à accélérer le tempo en vue de trouver une formule « deux contre deux » qui plaira non seulement aux joueurs, mais aux amateurs également. On sait que cette compétition sera ajoutée aux prochains Jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud. Le temps presse messieurs de la Fédération mondiale de curling.

Les amateurs ont poursuivi leur entraînement intensif en se tapant une surabondance d'articles de journal ou dans les réseaux sociaux en ce qui a trait au brossage. L'amateur qui a essayé au cours des derniers mois de décortiquer tout ce brouhaha interminable à propos des fibres de tissus directionnelles, les brosses de poil synthétique, du brossage en coin, etc. Cet amateur a accueilli la confirmation de la théorie d’Einstein sur les ondes gravitationnelles comme un baume. Un répit enfin sur quelque chose qui s'énonce clairement et se conçoit aisément!

Vraiment, les amateurs sont prêts pour le véritable début de saison. Je dirais que dans cette édition 2016 du Tournoi des Cœurs, les amateurs de curling québécois sont plus prêts qu'ils ne l'ont été depuis belle lurette. Pourquoi me direz-vous?

Simplement pour sept bonnes raisons. La première, et de loin la plus importante, le retour sur la grande scène de Marie-France Larouche et sa formation. Après un répit de quelques années, l'athlète de la région de Québec a décidé de faire un retour à la compétition et cela au grand plaisir des amateurs de curling québécois. Elle a non seulement fait un retour en force, en offrant de très belles prestations dans tous les tournois auxquels sa formation a participé, mais elle a également remporté le titre provincial féminin en janvier dernier à Valleyfield et par le fait même elle a mérité le droit de nous représenter au Championnat canadien.

Larouche a beaucoup d'expérience. Elle a toujours offert une très forte opposition aux puissantes formations du reste du pays. De plus, cette année, sa formation a ajouté un élément fort important en nommant Pierre Charette comme entraîneur. Charette n'est pas le genre d'entraîneur qui va corriger une lacune mécanique de ses joueuses si le besoin s'en fait sentir, mais quand vient le temps de renforcer une équipe au niveau psychologique ou stratégique, d'accroître la confiance d'un athlète dans une situation donnée, il est l'homme de la situation.

Pour ce qui est des six autres bonnes raisons d'avoir une grande confiance à la veille du Tournoi des Coeurs, les amateurs ont suivis du coin de l'œil ce qui s'est passé dans les autres provinces au niveau des qualifications en vue du Championnat canadien. Les amateurs ont vu trébucher les Rachel Homan (Ontario), Val Sweeting (Alberta), Stephanie Lawton (Saskatchewan), Mirianne Arsenault (Nouvelle-Écosse) pour ne nommer que ces quatre. À mon avis, il y a eu pas moins de six formations de six provinces différentes qui figurent parmi l'élite canadienne en curling féminin qui n'ont pas réussi à franchir la dernière étape et accéder au Tournoi des Cœurs.

Le porte est toute grande ouverte pour une place sur le podium. Mis à part la championne en titre qui représentera Équipe Canada, Jennifer Jones, personne n'est assuré d'une participation à la ronde des médailles. Alors comme c'est souvent le cas dans plusieurs sports, l'expérience jouera un rôle primordial, et pour une des rares fois en terme de curling au Canada, l'expérience sera du côté du Québec.

Alors, les amateurs de curling du Québec ont fait exactement la même déduction que je viens de faire, c'est pourquoi ils se sont entraînés encore davantage. Ils ont graissé leur magnétoscope, nettoyé leur disque dur, ils ont fait une réserve de croustilles et de boissons gazeuses, ils ont averti leurs parents et amis qu'ils réduiraient considérablement leurs activités sociales, etc.

Le camp d'entraînement se termine vendredi soir pour les amateurs. Samedi après-midi, ils sauteront sur leur divan avec le feu dans les yeux et avec la confiance dans le tapis! Si Marie-France Larouche amorce le tournoi avec la même confiance qu'eux, on va manquer de place devant les téléviseurs du Québec la fin de semaine prochaine!