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RÉSULTATS

Kuss promis à la victoire au Tour d'Espagne

Jonas Vingegaard, Sepp Kuss et Primoz Roglic Jonas Vingegaard, Sepp Kuss et Primoz Roglic - Getty
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GUADARRAMA, Espagne - Sauf accident, l'Américain Sepp Kuss va remporter dimanche son premier Tour d'Espagne et offrir à son équipe Jumbo-Visma un triplé historique dans les grands Tours cette année.

La 20e étape, remportée samedi par le Néerlandais Wout Poels à Guadarrama, n'a pas apporté de changement au classement général où Kuss précède toujours ses coéquipiers et habituels leaders Jonas Vingegaard et Primoz Roglic avec respectivement 17 secondes et 1 min 8 sec d'avance. 

La dernière étape, aux allures de défilé dimanche soir sur un circuit urbain à Madrid, devrait définitivement geler ces positions. Les trois hommes ont franchi la ligne bras dessus bras dessous pour célébrer déjà leur triomphe.

« C'était un moment très spécial de vivre ça avec mes deux coéquipiers. J'y suis presque », a savouré Kuss après être tombé dans les bras de son épouse.

En plaçant trois coureurs aux trois premières places, l'armada Jumbo-Visma opère une razzia inédite sur la Vuelta depuis l'équipe Kas-Kaskol en 1966.

Gagner les trois grands Tours la même année, après la victoire de Roglic dans le Giro et celle de Vingegaard sur le Tour de France, est un exploit encore plus grand. Même des super puissances comme Banesto, Sky ou, dans un passé plus lointain, Peugeot, Renault Gitane, Molteni ou Bianchi s'y étaient cassé les dents.

Que la victoire revienne à Sepp Kuss, premier Américain à gagner un grand Tour depuis Chris Horner en 2013 déjà à la Vuelta, est inattendu dans la mesure où le "kid de Durango" est cantonné d'habitude à un rôle d'équipier.

D'équipier à leader

Cette année, il a aidé Vingegaard à remporter un deuxième Tour de France consécutif et Roglic à gagner le Giro. Dévoué et endurant, il est l'unique coureur de tout le peloton avec l'Espagnol Luis Leon Sanchez à avoir participé aux trois grands Tours cette année.

À la Vuelta aussi, Kuss, 29 ans, était parti pour remplir comme d'habitude son rôle de lieutenant en montagne. Mais après avoir pris le maillot rouge de leader lors de la 8e étape, il s'est soudainement retrouvé dans la peau d'un leader, jetant la confusion au sein de son équipe qui, confrontée à une situation très inhabituelle, ne savait pas comment concilier les ambitions de ses cadors avec l'émergence de leur meilleur assistant.

S'en sont suivis quelques jours de flottement jusqu'à ce que le patron de l'équipe, Richard Plugge, tranche lors d'une réunion au sommet mercredi soir: ce sera Sepp Kuss.

Cette décision a pu froisser notamment Roglic, qui visait une quatrième Vuelta et qui semblait avoir du mal à accepter le choix de son équipe. « C'est normal, ce sont des sportifs et ils veulent tous gagner, mais on a gagné ensemble », a commenté Richard Plugge en reprenant la devise de son équipe, placardée sur leur bus. 

La domination absolue de la formation néerlandaise a inévitablement soulevé des soupçons dans un sport longtemps gangréné par des affaires de dopage, mais sans aucun élément concret pour démontrer la moindre triche, mécanique ou autre.

Quelques sifflets dans le public ont d'ailleurs accompagné leur succès samedi.

Suprématie

Confronté aux mêmes accusations sur le Tour de France qu'il a survolé, Jonas Vingegaard avait assuré qu'il ne prenait aucun produit qu'il ne donnerait pas à sa fille.

Pour expliquer cette suprématie, l'encadrement insiste sur l'excellence de sa préparation et de son matériel ainsi que le souci du moindre détail.

« Gagner trois grands Tours peut paraître fou mais on se fixe de grands objectifs dans cette équipe. Ça stimule et fait progresser tout le monde », a souligné Kuss cette semaine.

L'équipe termine la Vuelta avec cinq victoires d'étape – 2 pour Vingegaard et Roglic, 1 pour Kuss.

Samedi, les trois Jumbo ont contrôlé sans frayeur une étape à dix ascensions derrière l'échappée du jour dans laquelle Wout Poels s'est montré le plus fort pour battre Remco Evenepoel au sprint, avec dix minutes d'avance sur le peloton.

Tenant du titre, Evenepoel avait dévissé dans l'étape du Tourmalet il y a une semaine, y perdant toutes ses chances pour le général. Il s'est rattrapé en gagnant trois étapes et le maillot de meilleur grimpeur.

Mais le prodige belge n'a pas levé tous les doutes quant à sa capacité à encaisser la répétition des longs cols en montagne, alors qu'il doit découvrir le Tour de France en 2024.