Ne ratez pas le documentaire « La mine d’or de Malartic » de la série 25 ans d'émotions sur la carrière de Michel Brière, lundi 20 h sur les ondes de RDS et RDS Direct.

Véritable légende de sa patrie à Malartic, le hockeyeur Michel Brière brillait de tous ses feux sur les patinoires dans les années 60. Les foules se déplaçaient pour voir le spectaculaire attaquant évoluer dans le junior.

Considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’époque au Québec, plusieurs voyaient en lui une future grande vedette de la LNH. Son ancien coéquipier dans le junior, Michel Létourneau a été marqué par ses prouesses.

« Michel était l’un des meilleurs joueurs du Québec. Il avait un talent naturel et pouvait performer sous pression. Il était du même niveau que Mario Lemieux et Guy Lafleur. »

Malgré son petit gabarit de 5 pieds 10 pouces et 165 livres, Brière amassait les points à une vitesse ahurissante. Il a pris son envol avec le National de Malartic. Son entraîneur Pierre Drolet voyait déjà en lui un grand potentiel.

« Michel était un bon joueur de centre, avec un gros sens du hockey. Tout instructeur rêve d’avoir des joueurs comme lui. Il avait le cœur à la bonne place. C’est lui qui me permettait de garder mon emploi. Je l’appréciais beaucoup. » 

Après des années productives avec le National, Brière a poursuivi sa progression dans l’uniforme des Bruins de Shawinigan de la Ligue junior du Québec, récoltant 320 points en 100 matchs. Ses exploits ont été remarqués par les Penguins de Pittsburgh qui l’ont repêché au 3e tour - 26e au total - en 1969.

Rares sont ceux qui ont fait le saut directement du junior à la LNH, spécialement à cette époque, mais Brière est l’un de ceux-là.

Son ancien coéquipier Jean Pronovost a évolué à l’aile droite en compagnie de Brière.

« Tu voyais que c’était une petite perle. Son intelligence sur la glace était beaucoup plus haute que certains vétérans. Il s’en allait au camp des Penguins pour rester à Pittsburgh, et non pour revenir à Shawinigan. »

Reconnu comme un bon fabricant de jeu, Brière a eu un impact dès sa saison recrue en 1969-70, terminant au 3e rang des pointeurs des Penguins avec 44 points. C’est en séries éliminatoires qu’il a véritablement déployé ses ailes, menant son équipe avec 8 points en 10 parties. Malgré l’élimination des siens en demi-finale, l’équipe avait participé aux séries pour la première fois de sa courte histoire et Brière flottait sur un nuage, autant sur la glace que dans sa vie personnelle.

Son fils Martin était né pendant la saison, en mai 1969, et Brière devait marier sa fiancée Michèle Beaudoin en juin 1970. Tout était prêt pour le grand jour, mais trois semaines avant le mariage, le destin a frappé cruellement.

Brière a pris le volant de sa puissante voiture, une Mercury Cougar. Il roulait en compagnie de deux amis près de Malartic lorsqu’il a perdu le contrôle de son bolide dans une courbe. L’auto a fait plusieurs tonneaux et Brière a été éjecté du véhicule. Souffrant de graves blessures à la tête, il est tombé dans un coma. Ses deux amis Raynald Bilodeau et Yvon Fortin s’en sont tirés sans séquelles physiques, mais ils resteront marqués à jamais par ce tragique événement. Dans le documentaire, Fortin, longtemps soupçonné d'avoir été au volant du véhicule de Brière au moment de l'accident, témoigne des tristes conséquences de cet événement sur sa vie. 

Après l'accident, Brière a été transféré à l’hôpital Notre-Dame à Montréal, où il recevait la visite de sa fiancée et de ses amis qui gardaient espoir. Ils lui enfilaient les patins sur son lit d’hôpital en espérant un signe de sa part. Malgré les efforts de ses proches et du personnel hospitalier, Brière ne se réveillera jamais. Le jeune homme de 21 ans décède le 13 avril 1971, après 11 mois dans le coma.

Ce fut un grand choc pour la ville de Malartic où plus de 6000 personnes se sont déplacées pour rendre un dernier hommage à Brière lors de ses funérailles.

Même si près de 50 ans se sont écoulés depuis la tragédie, on sent que la douleur est encore vive pour les proches de Michel Brière.

Son fils, Martin Brière, qui n’avait qu’un an et demi lorsque son père est décédé, pratique aujourd’hui le métier d’architecte. Encore émotif, la voix tremblante lorsqu’il parle de son paternel, il a honoré sa mémoire en participant à la conception du Centre Michel-Brière à Malartic. La fierté de Martin Brière envers son père est palpable et avec raison.

Michel Brière a marqué le monde du hockey à sa façon laissant derrière lui un héritage immense. Chaque année, un trophée portant son nom est remis au joueur le plus utile de la LHJMQ ainsi qu’à la recrue de l’année chez les Penguins.

À la suite de sa mort, aucun autre joueur des Penguins n’a porté le no 21 de Brière. Son chandail a été retiré officiellement en 2001 et flotte actuellement dans les hauteurs du PPG Paints Arena de Pittsburgh, en compagnie du no 66 de Mario Lemieux. Ce sont les deux seuls chandails retirés par les Penguins depuis leurs débuts dans la LNH en 1967-68.

Si Brière a impressionné autant à sa saison recrue, on ne peut qu’imaginer à quoi sa carrière aurait pu ressembler.