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RÉSULTATS

La saison 2023 des Alouettes a été à la fois surprenante et inespérée

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MONTRÉAL – La dernière saison des Alouettes de Montréal, couronnée par la conquête du huitième championnat de son histoire, a été aussi surprenante qu'inespérée en début d'année.

Car il faut bien se rappeler qu'il y a à peine 11 mois, les Alouettes étaient la propriété de la Ligue canadienne de football, que le directeur général Danny Maciocia venait de nommer Jason Maas au poste d'entraîneur-chef – possiblement le choix le plus impopulaire des noms mentionnés à ce moment –, et que l'équipe était passée à deux doigts de fermer boutique.

Qui plus est, Maciocia n'avait pas de budget pour renouveler ses effectifs, que ce soit pour faire signer de nouveaux contrats aux joueurs présents ou en acquérir sur le marché des joueurs autonomes, ce qui a provoqué la perte, entre autres, de Trevor Harris, Eugene Lewis et Jake Wieneke.

L'avenir des Alouettes s'annonçait morne et triste, et plusieurs croyaient que la belle progression perçue depuis trois saisons, dont une finale de l'Est en 2022, n'allait être qu'un vague souvenir avant de nouvelles années de noirceur. Plusieurs plaçaient d'ailleurs les Alouettes bons derniers dans la ligue en 2023.

L'arrivée de fonds de la part de la LCF a toutefois permis à Maciocia de refaire le plein de joueurs. Puis, en mars, les partisans des Alouettes ont obtenu ce qu'ils réclament depuis plusieurs années : un investisseur québécois aux poches profondes pour diriger le club. Voici Pierre Karl Péladeau.

Séquences

C'est par séquences que la saison des Alouettes s'est jouée. Deux victoires suivies de trois revers et de quatre autres gains ont permis au club de football montréalais d'atteindre la mi-saison avec une fiche fort respectable de 6-3.

Mais les quatre matchs suivants, face au trio de tête de la ligue – les Blue Bombers de Winnipeg, les Argonauts de Toronto et les Lions de la Colombie-Britannique –, allaient ramener les Alouettes à 6-7.

L'équipe a alors entamé une irrésistible poussée, remportant ses cinq derniers matchs de la saison pour conclure avec une fiche de 11-7, deuxième dans l'Est, derrière l'historique fiche de 16-2 des Argos.

C'est simple : les Alouettes ont eu une fiche de 0-7 contre les Argos, les Bombers et Lions, et de 11-0 contre toutes les autres équipes en 2023!

Après avoir vaincu les Tiger-Cats d'Hamilton en demi-finale de la section Est, les Alouettes ont fait fi de leur complexe face à deux des trois équipes du trio de tête de la ligue, battant coup sur coup les Argos et les Bombers pour mettre la main sur la coupe Grey.

L'ère Fajardo

Mais revenons en février. Alors sans quart, Maciocia a d rapidement trouver une solution. Il s'est tourné vers Cody Fajardo et Caleb Evans.

Si Evans arrivait avec un rôle très précis – celui de deuxième quart et de spécialiste des faufilades –, le premier arrivait avec une mauvaise réputation, et après avoir été confiné aux lignes de côtés chez les Roughriders de la Saskatchewan.

L'aventure avec les Roughriders s'était si mal terminée pour Fajardo qu'il a même songé à prendre sa retraite l'hiver dernier.

C'était avant que Maciocia n'étudie absolument toutes ses répétitions dans la LCF et qu'il soit convaincu que Fajardo pouvait toujours tirer son épingle du jeu dans le circuit Ambrosie. Ne restait plus qu'à convaincre Fajardo lui-même.

Maciocia l'a fait en lui présentant une offre sur deux saisons, ce qu'aucune autre équipe n'était prête à lui offrir. Il a alors compris que Maciocia et Maas le voulaient vraiment à Montréal, et il s'est amené dans la métropole animé d'une énergie qui lui a peut-être fait défaut dans l'uniforme vert et blanc.

Contrairement à ce que plusieurs observateurs craignaient, Fajardo (317-en-443, 3847 verges, 14 PTC, 12 INT) ne s'est pas mis dans le pétrin et aucune des sept défaites des Alouettes ne peut lui être attribuée. Il a de plus terminé au premier rang du circuit avec un taux de passes complétées de 71,6 %, tout en maintenant un respectable coefficient d'efficacité de 97,1.

Une fois le quart trouvé, Maciocia devait maintenant lui trouver des receveurs fiables. Avec les départs de Lewis et Wieneke, ainsi que les noms de Tyson Philpot et Reggie White fils inscrits sur la liste des blessés, il ne restait plus que Kaion Julien-Grant parmi les cinq premiers receveurs de 2022 dans la formation.

Le DG montréalais croyait avoir apporté de l'expérience et du leadership à sa formation en embauchant le vétéran Greg Ellingson sur le marché des joueurs autonomes. Le receveur identifié comme le no 1 dès le premier jour du camp par Maas n'a toutefois disputé qu'une seule rencontre avec les Alouettes.

C'est donc à l'équipe des opérations football que l'on doit parmi les plus belles trouvailles à cette position : Austin Mack (1184 verges) et Tyler Snead (788), qui ont animé l'attaque montréalaise toute la saison.

Julien-Grant se dirigeait vers une saison de plus de 1000 verges par la passe avant de subir une fracture de la main qui l'a contraint à rater la fin de la campagne. Philpot est revenu en force, ajoutant 532 verges par la passe, mais surtout, en captant la passe menant au touché victorieux des Alouettes dans un gain de 28-24 contre les Blue Bombers en grande finale.

Lemon et Sankey

Mack et Snead ont beau avoir été de belles trouvailles, c'est l'arrivée de l'ailier défensif Shawn Lemon et du secondeur Darnell Sankey en cours de saison qui a changé la donne chez les Alouettes.

Lemon a relancé une ligne défensive qui éprouvait du mal à rejoindre les quarts adverses, tandis que Sankey a solidifié la tertiaire. Leur travail, jumelé à celui de Marc-Antoine Dequoy et de la recrue Reggie Stubblefield, entre autres, a fait de l'unité de Noel Thorpe la plus redoutable de la LCF en fin de parcours.

Almondo Sewell a bien résumé leur impact lors de la semaine de la Coupe Grey, à Hamilton : « Leur arrivée a transformé cette unité d'une excellente défense à une défense de championnat ».

Quelques jours plus tard, sa prophétie s'avérait.

Stabilité

Lemon et Sankey ont été récompensés par de nouvelles ententes au début de décembre, comme plusieurs autres éléments clés du noyau de la formation montréalaise.

La haute direction des Alouettes s'est ensuite assurée de procurer de la stabilité au club en prolongeant de trois et deux ans respectivement les contrats de Maciocia et Maas et avant le congé des Fêtes.

Les deux hommes se retrouvent avec les coudées franches pour planifier à long terme l'avenir de l'équipe.