MONTRÉAL – La transition de joueur à entraîneur ne rime pas toujours avec succès, mais Luc Brodeur-Jourdain avait des arguments qui poussaient sa faveur pour diriger la ligne offensive. Il a si rapidement inculqué ses valeurs à son unité qu’il s’est attiré des fleurs de Pierre Vercheval qui a parlé d’une préparation exceptionnelle de son groupe. 

Perfectionniste et cérébral de nature, Brodeur-Jourdain aime comprendre les choses à fond. Il est du style à effectuer les rénovations de ses mains à sa maison même s’il doit apprendre comment y parvenir. 

Durant son inspirante carrière de 11 saisons, LBJ a connu du succès grâce à cette approche. Il a multiplié les heures de préparation pour piloter la ligne offensive avec brio. 

En étant promu d’adjoint à entraîneur de la ligne offensive, c’était une évidence qu’il allait agir de la même manière. Il est allé jusqu’à visionner tous les exercices effectués à l’entraînement par ce groupe, depuis une dizaine d’années, sous différents entraîneurs. 

Il a cogité le tout pour bâtir son approche. Son plan semblait solide, mais il comportait quelques surprises car il a confié le poste de centre à Sean Jamieson, qui n’avait aucune expérience à ce chapitre, et celui de bloqueur à droite à Landon Rice qui avait surtout comblé un rôle de support dans sa carrière. 

Ces décisions audacieuses n’ont pas empêché la ligne offensive d’exceller dès le départ. À un point tel qu’il s’agit de la meilleure unité chez les Alouettes à mi-chemin de la saison. 

Ça allait sans doute trop bien puisque la réalité du football a rattrapé ce groupe. Pendant le dernier match, Jamieson, Philippe Gagnon (le garde à gauche) et Tony Washington (bloqueur à gauche) ont subi des blessures. La ligne a tenu le fort même si la présence de David Ménard, un joueur de ligne défensive, a été requise en fin de partie. 

« C’est bien dommage de confirmer ça, mais la blessure de Sean va nécessiter un certain temps. Pour Philippe, c’est moins grave qu’on croyait, mais on ne s’attend pas à miser sur lui cette semaine », a commenté Brodeur-Jourdain qui devrait pouvoir compter sur Washington. 

« C’est un scénario critique, mais David a fait un excellent travail. Il avait quand même pu développer une certaine expérience pour la technique en évoluant sur les unités spéciales. Je lui lève mon chapeau et je le remercie », a ajouté Brodeur-Jourdain qui se rappelait d’une situation similaire vécue dans le dernier droit de sa carrière de joueur. 

Évidemment, la contribution de Ménard a ravi ses coéquipiers. 

« Même s’il n’était pas prêt pour ça, il est allé sur le terrain et il a très bien fait. Il a montré qu’il est vraiment un gars d’équipe », a vanté le garde David Foucault tandis que Kristian Matte a noté qu’il avait cumulé une note de 100%. 

Une préparation supérieure aux années précédentes

Mais les plus grands compliments ont été lancés vers Brodeur-Jourdain. Son expertise permet, la plupart du temps, à ses joueurs de s’imposer. 

« Il nous prépare très bien. Du côté défensif de l’adversaire, il est capable de voir des clés (des indices) pour comprendre ce que la défense va déployer », a indiqué Matte.

Invité à comparer le tout à la préparation des années précédentes, Matte ne craint pas de dire qu’il perçoit un plus cette année.  

Luc Brodeur-Jourdain, Kristian Matte et Sean Jamieson« C’est sûr que oui. Quand Luc était joueur, il se préparait énormément du côté mental, il regardait tous les fronts car il voulait être prêt pour tout et c’est ce qu’il fait avec nous présentement. Étant donné que notre groupe est composé de vétérans, quand il va nous dire des choses, on parvient à le retenir pour exécuter son plan », a précisé Matte. 

En réfléchissant à ses années avec les Carabins de l’Université de Montréal, les Lions de la Colombie-Britannique et même avec les Panthers de la Caroline, Foucault classe Brodeur-Jourdain dans le haut de la liste. 

« J’ai toujours eu des entraîneurs qui n’ont pas joué au football (sur la ligne offensive), mais qui avaient regardé beaucoup de vidéos. Ils ont été de bons entraîneurs, mais c’est un autre fonctionnement. C’est le fun de jouer pour Luc qui a eu beaucoup d’expérience », a mentionné Foucault qui adore l’affinité qui s’est développée au sein de l’unité. 

Ces belles paroles sont comme de la musique aux oreilles de Brodeur-Jourdain. D’autant plus qu’elles viennent démontrer ce qu’il a toujours prôné. 

« Ça me rend heureux mais il y a deux grandes dynamiques qui existent dans le monde sportif. Certains disent que le sport, c’est un monde dans lequel des décisions d’affaires se prennent. Mais j’ai tout le temps cru que l’on obtient le meilleur des gens que par une vraie relation. Un lien de confiance s’installe et c’est comme ça qu’on évolue », a réagi le Québécois de 38 ans qui a donné un exemple éloquent. 

« Quand je discute du plan avec Sean (Jamieson, le centre), on est capable de se parler et d’échanger sur ce qu’on pense qui va fonctionner. On a cette rétroaction qui n’est pas nécessairement toujours présente dans le contexte du sport professionnel », a admis celui dont le succès précoce n’étonne nullement l’entraîneur-chef Khari Jones.

Tony Washington et David FoucaultSept ans plus tard, un 1er départ pour Foucault avec les Alouettes

L’absence de Gagnon fera vivre un beau moment à David Foucault. Il vivra son tout premier départ dans l’uniforme des Alouettes alors qu’il a été repêché au cinquième rang par la formation montréalaise en 2014! 

L’athlète de 32 ans, qui est reconnu pour faire rire ses coéquipiers, ne sera que plus prêt grâce à ses expériences avec les Panthers de la Caroline et son vécu avec les Lions de la Colombie-Britannique. 

« C’est vraiment une belle sensation, je viens de Montréal et c’est ici que j’ai commencé à apprendre le football. Je suis content de mon parcours, j’ai vécu de belles choses, mais je suis bien content que ça arrive enfin », a confié le colosse de six pieds huit pouces et 319 livres. 

« On est extrêmement privilégiés, Foucault est un réserviste de haute qualité, il a un bon bagage dans la LCF. C’est une belle opportunité pour lui de faire son premier départ avec nous », a conclu Brodeur-Jourdain.