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RÉSULTATS

Excellente embauche de Jason Maas, mais un départ inquiétant du président Cecchini

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Les derniers jours sont en montagnes russes chez les Alouettes de Montréal avec l'embauche de Jason Maas comme entraîneur-chef et le départ du président Mario Cecchini. Il y a du positif d'un côté, et de l'incertitude de l'autre.

Tout d'abord, je considère que l'embauche de Jason Maas est très bonne. C'est un gars qui a plus de 20 ans d'expérience dans le circuit canadien comme joueur et entraîneur. Il a côtoyé de grands joueurs et évolué dans de très bonnes équipes, ce qui est toujours un plus pour un entraîneur. Il a également dirigé aux côtés d'excellents entraîneurs comme Scott Milanovich et Marcus Brady, au sein de programmes sportifs qui ont gagné la coupe Grey. Après des passages à Ottawa, Toronto et Edmonton, il a acquis l'expérience et le bagage requis à mon sens pour connaître du succès.

Il a piloté des équipes gagnantes et ses attaques ont produit, ce qui est important, car on veut permettre au quart-arrière Trevor Harris de continuer à progresser et d'avoir une attaque explosive. Il a les aptitudes pour le faire, et il a aussi la personnalité pour occuper le poste. Il est volubile et s'exprime bien, il est capable de mener des joueurs de football et un vestiaire. Ce sont des qualités que tous les candidats n'avaient pas nécessairement. Son expérience comme entraîneur-chef a très certainement favorisé son embauche et lui a permis d'avoir le boulot. Il a appris et est devenu meilleur dans son domaine. J'ai beaucoup aimé sa conférence de presse mardi. Il s'exprimait bien, il avait de bonnes réponses et il était clair. Dans l'ensemble, c'est très positif.

Le directeur général Danny Maciocia plaide depuis des mois qu'il a tous les éléments en place pour connaître du succès, il souhaitait donc retenir les joueurs et les entraîneurs afin d'assurer une continuité. Avec l'arrivée de Maas, c'est mission accomplie, car on garde presque tous les adjoints, tel qu'il l'a annoncé aujourd'hui. Parmi les seuls dont on n'a pas eu de confirmation de mise sous contrat, il y André Bolduc, qui a choisi de partir, ce qui est dommage. Il a décidé à la suite du processus d'embauche auquel il a participé de tenter sa chance ailleurs. C'est tout à fait dans son droit et son intérêt même de faire ça pour élargir son réseau et peut-être obtenir de meilleures conditions après huit années passées ici. C'est une grosse perte, mais c'est la nature du sport. Il reste par ailleurs l'entraîneur de la ligne offensive Luc Brodeur-Jourdain qui n'est pas sous contrat et on attend des nouvelles dans son cas. Bref, on comptera essentiellement sur le même groupe d'entraîneurs la saison prochaine.

On peut aussi s'attendre à compter sur sensiblement le même groupe de joueurs. Selon les dires de Maciocia, Trevor Harris prêchait pour l'embauche de Maas, il doit donc être satisfait de la nouvelle et ça pourrait le convaincre de signer à nouveau ici comme joueur autonome après avoir accepté une offre d'une saison en février 2022.

Dernière précision sur le sujet, Maas est celui qui sélectionnera les jeux, et non plus Anthony Calvillo, qui demeure tout de même au sein du personnel. Maas va diriger l'attaque et c'est intéressant, car malgré le fait que l'attaque en Saskatchewan n'était pas la meilleure la saison dernière, c'est quand même un bon coordonnateur offensif et je pense qu'il peut avoir du succès à Montréal.

Après le départ catastrophique de Cecchini, la vente de l'équipe?

Maintenant, l'éléphant dans la pièce. On n'a pas voulu parler du départ de Mario Cecchini durant la conférence de presse d'aujourd'hui afin de se concentrer sur la nouvelle positive de l'embauche de Maas, et je respecte ça. Je comprends pourquoi Maciocia ne voulait pas en discuter, mais c'est la situation qui préoccupe tout le monde. C'est très décevant de voir Mario partir car c'est un président qui est grandement apprécié dans l'ensemble de l'organisation, un proche allié de Maciocia et il a fait de beaucoup de bonnes choses pour l'organisation montréalaise, que ce soit au niveau des partenariats corporatifs, l'augmentation des revenus de commandites ou encore l'augmentation significative de la vente de billets. On a rapatrié tout le monde dans les bureaux du stade olympique et il y avait une synergie à tous les niveaux, avec Mario aux commandes des affaires et de l'administration de l'équipe, puis Maciocia aux commandes des opérations football.

Malheureusement, je pense que les relations entre Mario et les propriétaires n'ont jamais été évidentes. Il semble que les proprios n'ont pas été en mesure ou n'ont pas voulu l'accommoder dans ses demandes qui je crois devaient être raisonnables pourtant. Je ne vois pas comment Mario, qui est un passionné et qui voulait être ici, aurait fait des demandes qui ne sont pas tout simplement logiques. Personnellement, je jette complètement le blâme sur le groupe de propriétaires pour son départ.

Cecchini a bâti de belles choses et on n'a pas été en mesure de lui offrir ce qu'il désirait. Pour moi, c'est une catastrophe pour les Alouettes de Montréal. Il n'y a maintenant plus de capitaine de navire, on ne sait plus qui dirige l'équipe et qui prendra la relève comme président. Les Alouettes, ce n'est pas qu'un produit sur le terrain, c'est aussi une entreprise à l'extérieur. Difficile d'imaginer qui viendra ou voudra même diriger le club dans cette situation incompréhensible.

C'est ce qui m'amène à dire que l'équipe doit être vendue; je le dis et je continue de le répéter. Tant qu'il n'y aura pas de propriétaires locaux ou d'individus qui sont investis dans l'équipe, la situation demeurera problématique. Il faut connaître le marché, avoir les pieds sur le terrain et savoir ce qui se passe à Montréal pour être proprio des Alouettes, mais les personnes en place actuellement n'en ont clairement aucune idée.

Je ne sais pas du tout qui sera embauché comme nouveau président ou qui à l'interne pourrait prendre la relève. Il y a des vice-présidents aux ventes, aux affaires corporatives… Ont-il les coudées franches? Qui prendra les décisions? À qui on s'en remet? Qui va rester? Le risque associé au départ d'un homme comme Cecchini, combiné à un groupe de propriétaires instable, c'est de perdre d'autres membres de ton personnel. Est-ce que Gary Stern, l'unique propriétaire minoritaire connu, va gérer tout ça, alors qu'on semble comprendre qu'il s'est fait tasser sur le côté? Je ne sais pas. Qui prendra en charge les opérations quotidiennes de l'équipe? Aucune idée non plus.

La réponse de Maciocia au sujet de sa liberté d'agir est inquiétante. Quand on lui a demandé s'il pouvait dépenser comme il le voulait, il a répondu : « Je dirais que oui, je pense que oui, j'espère que oui… je vous reviens là-dessus ». C'est complètement fou quand on y pense! Lui-même est incertain de la situation, au même moment où il doit bâtir une équipe gagnante sur le terrain.

La Ligue canadienne de football n'a qu'elle à blâmer au final dans cette situation. Car c'est elle qui a décidé de vendre à ce groupe de proprios étrangers, qui n'avaient aucune idée de ce qu'ils faisaient, simplement parce qu'ils étaient prêts à acheter le club au prix le plus alléchant. C'est là qu'ils n'ont pas bien cerné la situation et compris l'enjeu de cette décision. Ce n'est pas parce que quelqu'un a de l'argent qu'il peut faire de ton équipe une équipe rentable. On est maintenant pris avec un nouveau problème qu'on a créé nous-même et c'est de mauvais augure pour l'organisation montréalaise et la LCF.

Qui nous dit que les commanditaires qui se sont associés à Mario Cecchini voudront continuer ainsi en voyant agir Gary Stern? Les partisans voudront-il acheter des billets pour aller voir le club? Il y a beaucoup de questions en suspens. Normalement, si le président s'en va, les propriétaires doivent se lever pour expliquer le plan de match, mais ils ne semblent pas en voie de faire une conférence de presse pour faire le point. Le problème aussi, c'est qu'on ne sait même pas vraiment qui sont tous les propriétaires, ils ne se sont jamais présentés, et ils ne semblent pas avoir d'autres intérêts que financiers.

On nage dans le néant complet chez les Alouettes, il n'y a pas de capitaine dans le navire et c'est très inquiétant.

 

* Propos recueillis par Audrey Roy