COLLABORATION SPÉCIALE 

Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de football sur le terrain que les Alouettes de Montréal ne sont pas très occupées. 

L’action se passe plutôt au deuxième niveau, au sein de groupe d’entraîneurs et de l’équipe de gestion du directeur général Danny Maciocia.

Chez les entraîneurs, les Alouettes ont annoncé le retour de l’entraîneur-chef Khari Jones pour la prochaine saison. Par contre, on savait que certains changements seraient apportés.

Sans surprise, l’entraîneur des unités spéciales Mickey Donovan a été remercié de ses fonctions. S’il y avait un changement à apporter, c’était bien celui-là. Les unités spéciales ont connu beaucoup d’ennuis pendant toute la saison. Mauvais retours de bottés, pénalités à répétitions, mauvais positionnement sur le terrain sont des thèmes qui sont revenus souvent. Avec tout ça, l’attaque était condamnée à traverser le terrain, car Montréal perdait constamment la bataille du positionnement sur le terrain.

Les Alouettes ont également annoncé que l’entraîneur des receveurs Robert Gordon ne serait pas de retour avec la formation, et ça, c’est un peu plus surprenant. Cette décision n’a pas dû être facile, spécialement pour Khari Jones.

Gordon était l’un des receveurs favoris de Jones dans les années où ils ont évolué ensemble dans la LCF, à Winnipeg. Les deux hommes sont de bons amis. Pour ceux qui arrivent tôt pour les matchs présentés au Stade Percival-Molson, vous avez peut-être déjà aperçu « coach » Jones lancer des passes à Gordon lors des échauffements de l’équipe. Cette routine d’avant-match illustre bien la complicité qu’il y avait entre les deux hommes.

Au point de vue humain, la décision n’a pas dû être facile. Mais on ne pouvait pas penser ne rien changer et que les résultats viendraient d’eux-mêmes. Il sera intéressant de voir comment les Alouettes vont vouloir le remplacer.

Là où on veut voir un changement, c’est au niveau du jeu aérien.

La saison dernière, les Alouettes se sont classés au premier rang au niveau du jeu au sol. L’entraîneur des porteurs de ballons André Bolduc et l’entraîneur de la ligne à l’attaque Luc Brodeur-Jourdain ont fait un excellent travail pour concocter de bonnes stratégies, de bons schémas et de bons concepts pour le jeu au sol. Les Alouettes doivent tenter de recréer cette chimie avec un nouvel entraîneur qui viendrait dynamiser le jeu par la passe.

Rappelons-le, Khari Jones porte plusieurs chapeaux. Celui d’entraîneur-chef, de coordonnateur à l’attaque et d’entraîneur des quart-arrières. Ce serait important de s’assurer que l’assiette de Jones n’est pas trop garnie.

Que ce soit un entraîneur des receveurs qui peut aider le jeu aérien, que ce soit un entraîneur des quart-arrières, les Alouettes doivent chercher quelqu’un qui va apporter un plus à l’attaque en amenant de nouvelles idées et de nouveaux concepts. Quelqu’un qui va pouvoir « challenger » Khari Jones au niveau des schémas et de la préparation de match.

Gordon et Jones, ce sont deux grands chums, deux gars qui ont joué ensemble et gageons que leur vision était plutôt similaire. Je ne sais pas à quel point Gordon pouvait dire à Jones qu’il était dans le champ…

Si on veut amener le jeu aérien à un autre niveau - il faudra que Vernon Adams Jr. soit plus constant, j’en conviens – mais il faut également que le prochain entraîneur des receveurs apporte une valeur ajoutée à plusieurs niveaux.

Pourquoi pas Anthony Calvillo?

Je vous lance un nom facile… Anthony Calvillo.

Je ne sais pas s’il serait intéressé à un retour avec les Alouettes, car il répond à la définition de tâches.

Si tu cherches un entraîneur des quarts, qui peut coordonner le jeu aérien, je pense qu’il pourrait remplir ce rôle. Et rappelons que la toute première position que Calvillo a occupé en tant qu’entraîneur chez les Alouettes, c’était avec les receveurs.

Son expérience serait certainement un atout. Un gars comme lui peut remplir plusieurs rôles et cocher plusieurs des cases que les Alouettes cherchent à combler. Sa polyvalence donnerait certainement une valeur ajoutée au groupe d’entraîneurs.

Oui, les premières années de Calvillo en tant qu’entraîneur ont été un peu difficiles. On l’a peut-être garroché là-dedans un peu trop rapidement. Mais depuis ce temps, il a pris un pas de recul et a beaucoup ajouté à son bagage d’expérience. Après son séjour à Montréal, Calvillo a travaillé avec Marc Trestman chez les Argonauts, puis il occupe maintenant un rôle important chez les Carabins.

Je lance le nom comme ça!

Anthony est un gars local et il a une superbe complicité avec Danny Maciocia. Tout ça, ça semble naturel. Cependant, ce n’est pas Maciocia qui va dicter la décision, mais plutôt l’entraîneur-chef.

Ça en dirait beaucoup sur Khari Jones s’il s’entourait d’un entraîneur comme Calvillo, même si ce dernier est très proche de Maciocia. Ça en dirait beaucoup sur son leadership et la confiance qu’il a en lui-même.

Les grands entraîneurs sont ceux qui sont capables de s’entourer de gens qui sont meilleurs qu’eux dans certains aspects.

Un entraîneur multifonction, une réalité de la LCF

Avec la réalité financière de la LCF, les entraîneurs sont souvent obligés d’endosser plusieurs rôles à la fois. C’est probablement ce qui attend la personne qui sera embauchée par les Alouettes.

L’an dernier, la ligue a décidé de couper dans le plafond salarial au niveau des opérations football, en raison des effets de la pandémie. Cela fait mal à la qualité des groupes d’entraîneurs. Les équipes sont passées de 11 entraîneurs à seulement neuf. Au sein de ces neuf, ce n’est pas possible de tous bien les payer.

Les entraîneurs chevronnés et expérimentés ne sont pas tous accessibles, car les salaires offerts ne sont pas compétitifs. C’est une réalité non-négligeable actuellement. Le football, c’est le sport où les entraîneurs ont le plus d’impact sur le résultat d’une rencontre. Ça prend de la profondeur pour bien diriger une équipe.

J’espère que la LCF aura de sérieuses discussions à ce sujet.

Ce sont les entraîneurs qui préparent les matchs, qui développent les joueurs, qui organisent les entraînements, qui font les plans de match. Si on veut améliorer le produit de la ligue, il faut reconnaître l’importance des entraîneurs dans la qualité du produit.

Les 10 travaux de Danny Maciocia

Il y a présentement 24 joueurs autonomes sur la liste du directeur général. On peut facilement identifier 10 dossiers qui, selon moi, sont prioritaires pour Danny Maciocia.

D’entrée de jeu, Maciocia a mis beaucoup d’emphase sur sa ligne défensive et sa ligne à l’attaque.

Sur les 10 joueurs que j’ai identifiés, quatre évoluent sur la ligne défensive, soit David Ménard, Woody Barron, Michael Wakefield et Nick Usher. Il ne faudrait pas être surpris que le DG tente de ramener plusieurs de ces joueurs.

Sur la ligne à l’attaque, Chris Schleuger, qui agissait comme bloqueur à gauche réserviste, obtiendra peut-être le rôle de partant, car tout indique les Alouettes vont passer à un autre appel dans le cas de Tony Washington. Sinon, Maciocia devra se tourner vers les joueurs autonomes pour améliorer cette position cruciale.

Je rappelle souvent l’importance des tranchées, et les champions de la Coupe Grey me donnent raison. Les Blue Bombers viennent de gagner deux titres consécutifs, avec une équipe qui est bâtie avec ses tranchées.

Plusieurs vedettes de l’équipe se retrouvent également sans contrat, comme le receveur Jake Wieneke, le secondeur Patrick Levels et le demi de coin Monshadrik Hunter. En tant que joueur étoile à leur position respective, Maciocia tentera sans aucun doute de trouver des ententes avec eux.

J’ajoute à cette liste Kerfalla Exumé et Alexandre Gagné, deux Québécois qui font la sale besogne sur les unités spéciales. Ce sont des joueurs drôlement importants pour la stabilité d’une équipe. Les deux ont fait de l’excellent travail en effectuant de gros plaqués et en amenant de l’intensité. Des gars comme ça, il n’y en a jamais trop dans une équipe.