Nous avons encore une fois été témoins d'un résultat frustrant par les Alouettes de Montréal vendredi à Toronto. Ça fait deux matchs de suite que l'équipe est décevante.

Les statistiques abondent au football. Il y en a de toute sorte, mais il y en a certaines qui sont plus révélatrices que d'autres tout comme il y a des endroits sur le terrain qui sont plus importants que d'autres et des moments qui sont plus cruciaux que d'autres. En fin de compte, c'est ce qui fait la différence.

Le cliché qui dit que les Alouettes n'ont pas encore disputé une partie de 60 minutes s'applique bien à l'équipe.

Il y a des statistiques des deux derniers matchs qui sont révélatrices.

Au cours des deux derniers matchs, les Alouettes ont eu 128 jeux pour des gains de 1 007 verges, 57 premiers  jeux  pour un temps de possession moyen de 34 minutes par partie. Ce sont des chiffres exceptionnels qui démontrent le potentiel de l'attaque.

D'un autre côté, il y a des statistiques qui ont plus de poids que d'autres. Par exemple, depuis deux parties, les Alouettes ont été victimes de dix revirements et ils en ont provoqué qu'un seul. Si on fait l'équation, l'équipe de Khari Jones est moins cinq dans cette catégorie. C'est plus inquiétant que les 1000 verges gagnées.

Dans la zone payante, les Alouettes ont été deux en huit lors des deux dernières parties contre quatre en six pour les Lions et les Argonauts.

La discipline aussi fait mal aux Montréalais. Les Alouettes ont écopé de 18 pénalités en deux rencontres pour 204 verges alors que les adversaires ont écopé de huit pénalités seulement pour 75 verges.

Je sais que l'on empile les statistiques.  Un total de 560 verges, c'est beaucoup et spectaculaire dans un match, mais il y a des statistiques où les Alouettes  ne sont pas bons. C'est ce qui fait la différence. Il y a des endroits où il faut vraiment que tu sois bon et où tu n'as pas le droit de cafouiller. Ce qui m'a sauté aux yeux contre la Colombie-Britannique, c'était dans la zone payante où le club a été zéro en quatre. Aucune goutte d'opportunisme pour profiter d'un bon positionnement sur le terrain.

Plusieurs fois aussi les Argonauts ont converti des deuxièmes jeux et long à faire. Ça n'a pas de bon sens. Il s'agit d'un moment précis où l'équipe doit prendre l'avantage pour récupérer le ballon.

Ce qui m'a sauté aux yeux contre Toronto, c'est le moment où les choses se sont produites. Il y a eu à la fin de la demie. On dit toujours que ce qui arrive en fin de demie ou en fin de match a toujours un impact sur le résultat final, mais cette fois, ç'a été la catastrophe.  Face aux Argos, le vent a tourné en moins d'une minute à la fin du deuxième quart quand Vernon Adams a été intercepté. Un touché a suivi. Les Alouettes sont passés dans le temps de le dire d'une avance  de 10-7 à un déficit de 21-10 à la mi-temps. Ç'a eu l'effet d'un assommoir sur les joueurs.

Toronto a aussi marqué dix points après des revirements. Une partie de football, c'est 150  jeux et ce sont trois ou quatre jeux qui peuvent toute la différence entre la victoire et la défaite.

La frustration gagne les Alouettes et Vernon Adams fils

On est toujours à la recherche de ce  match parfait.  Depuis le début de la saison, les Alouettes sont constants dans leur manque de constance. Vendredi, on avait l'impression de vivre une chaise musicale à se demander qui allait faire l'erreur. Il y a 12 joueurs sur le terrain et l'on s'est rendu compte qu'il ne suffit que d'un joueur qui ne fait pas son travail pour faire tout dérayer.

Il y a eu l'interception contre Adams à la fin de la première demie, mais que dire de la crampe majeure au cerveau quand McLeod Bethel-Thompson a rejoint Chandler Worthy pour un touché ? Comment pouvez-vous vous faire passer une passe de 45 verges par-dessus votre tête pour un touché quand il reste quelques secondes ? Dans les circonstances, il ne faut pas mordre à l'hameçon avec une longue passe. Tout ce que vous avez à faire, c'est de ne pas accorder un long jeu. C'est donc un manque de technique, une crampe au cerveau majeure, une erreur mentale. La totale quoi.

Le début du troisième quart n'a pas été plus brillant pour les Alouettes alors que Jake Wieneke a échappé une passe. Eugene Lewis a écopé d'une pénalité qui a annulé un premier jeu, BJ Cunningham a échappé le ballon à la porte des buts. Ce ne sont que de petits exemples qui démontrent comment les Alouettes se tirent dans le pied. On n'arrive pas à trouver la constance et c'est frustrant. Il y a un côté explosif et un potentiel en attaque qui n'aboutissent pas.  Je le disais dans ma chronique précédente, des fois on dit « Wow » tellement c'est spectaculaire alors qu'il y a d'autres moments où l'on se demande ce qu'ils font.

J'éprouve une certaine frustration parce que l'attaque des Alouettes devait être une force. L'équipe avait bien terminé la saison 2019 et on se disait que les choses iraient bien avec le même quart, même système, même entraîneur offensif, même coordonnateur à l'attaque, même entraîneur-chef et même receveurs de passes. On se disait que l'on pouvait bâtir là-dessus et que l'Équipe n'avait pas à repartir à zéro. On se disait que la défensive allait avoir besoin d'un peu de temps avec l'arrivée d'un nouveau coordonnateur avec un nouveau système et de nouveaux joueurs.

 Je commence à perdre patience avec l'attaque parce que je m'attendais à plus, mais d'un autre côté, je suis peut-être tombé dans le panneau et que je  me suis fait aveugler par 2019. Mais combien de fois ai-je dit qu'Adams avait été béni en 2019 alors qu'il aurait dû normalement être intercepté plus souvent ? Cette saison, on croirait assister au retour du boomerang. C'est le contraire et l'adversaire ne rate plus l'occasion de faire payer le quart des Alouettes pour ses erreurs.

Mon seul point d'interrogation avant la saison, c'était la ligne à l'attaque parce qu'il y a eu du changement, mais après six matchs, il faut dire que c'est l'unité la plus constante et performante de l'équipe. On l'a vu vendredi alors que le jeu au sol était dominant avec William Stanback. D'ailleurs, j'en profite pour souligner l'excellent travail de Luc Brodeur-Jourdain dont le niveau de préparation est exceptionnel et dont l'influence est très bonne. Rarement que l'on voit la ligne à l'attaque être déjouée par un blitz.  Ça peut arriver qu'un joueur rate un jeu quand il veut bloquer. Ça arrive parfois parce qu'il y a des professionnels des deux bords, mais c'est rare qu'un adversaire entre librement vers le quart montréalais. Le blitz surprend rarement les Alouettes

J'ai été un peu surpris quand l'équipe a annoncé vouloir mettre Sean Jemieson au centre et Landon Rice bloqueur à droite. C'est sous l'influence de Brodeur-Jourdain que ces changements ont été faits. Il a eu du flair et pour le moment, ça va bien.

Le groupe de Luc travaille avec constance et je tenais à le souligner.

Les Alouettes pourraient gagner, mais ils font un paquet d'erreurs.  Au football, il y a deux choses à faire en attaque. D'abord protéger le ballon et deuxièmement, aller marquer des touchés. :La formule est plutôt simple j'en conviens, mais ça demeure la grande mission. Depuis deux parties, on ne protège pas le ballon et on ne fait pas de touché.

Défensivement, la mission est d'enlever le ballon à l'adversaire, ce qui s'est produit qu'une seule fois en deux parties. Le manque à gagner commence à être important. Pourtant, les Alouettes avaient provoqué cinq revirements lors des deux premiers matchs. Avec le match d'hier, l'équipe en a que quatre à ses quatre derniers matchs. Il faut aller voler le ballon à l'adversaire.

Prochain match

Les Alouettes s'en vont à Hamilton pour le prochain match où les Tiger-Cats sont invaincus sous la férule de l'entraîneur Orlondo Steinauer. Ce sera une grosse mission. En plus, on ne connait pas tout sur l'état de santé de Vernon Adams.  Je ne veux pas blâmer que le quart, qui est une cible facile dans la défaite surtout lorsqu'il y a des interceptions, car tout le monde a contribué négativement.

*propos recueillis par Robert Latendresse