MONTRÉAL – Perdre son père et sa mère, dans un intervalle de neuf jours, alors qu’on tente de réaliser son rêve de percer dans la NFL. Non, la vie n’a pas épargné William Stanback cet été, mais il a refusé de se laisser abattre. Sa persévérance rendra ses parents fiers ainsi que sa petite fille qui verra le jour en mars 2021. 

Le porteur de ballon de 26 ans rêve de la NFL depuis des années. Sa première tentative, en 2017, avec les Packers de Green Bay, n’avait pas produit le résultat escompté. Cette fois, en 2019, il venait de s’illustrer dans la Ligue canadienne de football et l’occasion avec les Raiders de Las Vegas le remplissait d’espoir. 

Avant de pouvoir démontrer son savoir-faire aux Raiders, les conséquences de la pandémie sont venues le plaquer. Fidèle à son habitude, Stanback a repoussé cet obstacle et il s’est entraîné, comme bien d’autres, en élaborant un plan B. 

Mais, le 21 juillet, une semaine avant le lancement du camp d’entraînement officiel, son père a succombé à un cancer. Le choc était déjà immense sauf qu’il n’aurait imaginé que sa mère rendrait l’âme, le 30 juillet, à la suite d’une crise cardiaque. Un enchaînement pouvant enrager n’importe quel être humain. 

Stanback a obtenu un répit de quelques jours de la part des Raiders et il a démontré sa force de caractère en renouant rapidement avec l’action. La décision des Raiders de le retrancher était impossible à digérer facilement. 

« Ouais, c’était difficile. Avec tout ce qui s’est produit, l’équipe m’a fait sentir que j’aurais une possibilité avec eux, du moins sur l’équipe d’entraînement. J’avais l’impression que je développais un lien avec l’entraîneur-chef (Jon Gruden). Il me parlait avant et après les entraînements pour savoir comment je me sentais mentalement », a d’abord réagi Stanback.  

« Durant cette période, j’étais dans une phase très sombre. C’était difficile de composer avec le football puisque je parlais littéralement à mon père tous les jours des détails de mon parcours. Ça m’a frappé très fort », a admis le colosse. 

On ne veut pas imaginer les conséquences mentales qui auraient guetté Stanback s’il avait été seul pour surmonter le tout. 

« J’ai dû m’appuyer sur mes frères énormément. Ce sont eux qui ont insisté pour me dire que ce n’était pas terminé. De ne pas oublier la première organisation qui m’a donné ma chance au niveau professionnel, qu’il n’y avait rien de mal à retourner là-bas », a précisé Stanback. 

L’athlète de 26 ans a le mérite d’avoir trouvé la force de s’accrocher au football professionnel. Quand on lui lance cette remarque, c’est là qu’il devient plus ému. 

« Mon père me disait toujours de continuer de pousser pour ce que je désire. J’ai toujours dit que je voulais jouer dans la NFL ou jouer professionnellement. [...] La dernière chose qu’il m’a dite c’est ‘Peu importe où tu aboutiras, je veux que tu t’assures de jouer avec fierté en donnant tout ce que tu peux. Tu ne sais jamais si ce sera ton dernier jeu, ton dernier match ou ta dernière saison’ », a raconté le demi offensif.  

« Je retourne voir nos messages textes et je vois de ce qu’on parlait. Ça me fait dire que je ne pourrais pas arrêter maintenant, vraiment pas. Il est avec moi tous les jours et ma mère également. Ils voulaient que je continue à jouer, pas que je m’apitoie sur mon sort et que j’abandonne. Je vais célébrer leur vie, ils ont été de bonnes personnes pour tant de gens », a-t-il enchaîné.  

« Ça me rend émotif, je suis une personne très émotive. Mais je ne vais pas arrêter... parce que c’est ce qu’ils voulaient que je fasse », a dit Stanback de manière très sentie. 

Heureusement, la vie a cessé de s’acharner sur lui. 

Les Alouettes rapatrient Stanback

« Ma copine accouchera d’une petite fille en mars. J’ai appris le tout quand mes parents sont décédés. J’ai vu cela comme une bénédiction, je ne peux pas arrêter. On va accueillir une nouvelle personne, un enfant dépend de moi maintenant. Je dois continuer de faire ce que j’aime. Mes parents sont partis, mais je vais avoir une petite fille. Voilà ce qui m’a aidé de continuer à pousser et de demeurer fort face à ces épreuves », a exposé Stanback. 

Son nouveau contrat, de deux saisons, avec les Alouettes, lui procure également une grande satisfaction. Il terminera cette entente à l’âge de 28 ans ce qui laisse supposer que son rêve de la NFL s’est évaporé. 

« Ouais, j’ai l’impression d’avoir essayé et essayé encore depuis longtemps. Je n’ai vraiment pas obtenu les résultats que je souhaitais. Je trouvais que j’étais assez bon pour les obtenir. Les choses ne se déroulent pas toujours comme on le souhaite dans la vie. Je suis simplement reconnaissant d’avoir une si belle chance à Montréal. La NFL, bien des jeunes en rêvent, mais c’est correct. Ce n’est pas la fin du monde », a décrit Stanback. 

Au cours des dernières semaines, l’Américain avait compris que son unique souhait était de retrouver les Alouettes. Il s’est amusé à laisser quelques petits indices à des coéquipiers sans pouvoir leur révéler le tout.  

« Ils me demandaient toujours si je revenais. Je savais, dans mon cœur, que je reviendrais. Avec mon agent, on a attendu le meilleur moment pour l’indiquer à l’organisation », a-t-il dit alors que le directeur général Danny Maciocia a convenu qu’il aurait pu hériter d’un contrat légèrement plus lucratif s’il avait patienté quelques semaines alors que l’autonomie approche. 

Avec tout ce qu’il a vécu, on peut comprendre Stanback de vouloir reprendre sa place dans un nid douillet, si on peut le dire ainsi. Un endroit où il aime plusieurs facteurs dont ses coéquipiers, les entraîneurs et la ville. 

« C’est juste que tout le monde est gentil. Je viens de New York où tout le monde est rude et méchant. J’aime les partisans. C’est le lieu de ma première occasion au football professionnel. Souvent, tu veux y rester et ne jamais quitter. J’ai passé du temps à Green Bay et avec les Raiders. Mais je préfère Montréal à Vegas pour la ville et les gens. Les personnes sont si accueillantes. Je n’ai pas vécu ça ailleurs. Sans oublier les gars dans l’équipe et les entraîneurs, je n’ai jamais eu un tel lien depuis l’école secondaire. Je continuais de parler à plusieurs joueurs. Ça me fait dire que c’est ici que je dois être », a déduit Stanback avec ouverture.