La marque est de 17 à 3 en faveur des Roughriders de la Saskatchewan. Les Alouettes ont terminé la saison régulière loin au premier rang pour les statistiques offensives et défensives. Pourtant, ce sont bien les Roughriders de la Saskatchewan qui sont aux commandes de la 97e Coupe Grey par deux possessions.

« Je suis très fier de la façon dont notre personnel d’entraîneurs a réagi, se remémore Marc Trestman, l’entraîneur-chef des Alouettes de l'époque. Personne n’a paniqué, nous étions calmes, nous ne lancions pas de chaises. À l’intérieur de nous, nous savions que nous avions ce qu’il fallait [pour gagner]. Nous ne jouions pas un bon match de football. La défense nous gardait dans la partie. Saskatchewan bougeait bien le ballon et offensivement, nous ne faisions pas grand-chose autre que limiter les revirements, mais même sur cette façon nous n’étions pas parfait. »

Le triple champion de la Coupe Grey se rappelle également de l’apport important qu’avaient eu ses vétérans dans le contrôle des émotions de ses troupes.

« Dans le vestiaire, je me souviens d’Anwar Stewart qui faisait un excellent travail pour garder tout le monde ensemble. Je suis certain que ce n’est pas seulement que lui, mais il a connu toute une saison et tout un match de la Coupe Grey. Les joueurs ont toujours eu espoir. Les entraîneurs ont gardé leur sang-froid. Nous savions que nous avions les habiletés pour revenir dans ce match et gagner. Il fallait seulement le faire un jeu à la fois et ne pas se laisser prendre. C’est cliché de dire de faire les jeux un à la fois, mais je crois que c’est vraiment ce que nos joueurs ont fait. »

Mais au-delà du cliché, Trestman savait que ses joueurs avaient quelque chose de spécial. Quelque chose qu’il appelait la « grandeur compétitive » (competitive greatness). Cette force innée qui permettait à ses hommes de se lever dans les moments importants pour trouver une voie vers la victoire.

« Nous utilisions le terme "competitive greatness" pour décrire l’importance d’évoluer à son mieux quand notre mieux est requis. Cette équipe comptait 44 joueurs et chacun d’entre eux s’est présenté eu deuxième demie. Je me souviens d’Étienne Boulay qui a récupéré l’échappée de Brian Bratton sur la dernière séquence du match. Si tu regardes à toutes les positions, Avon [Cobourne], tous nos receveurs, la ligne offensive, la défense a fait les jeux importants. Si je nomme un nom, je laisse les 11 autres joueurs de côté qui étaient avec lui sur le terrain [injustement]. Si tu regardes la deuxième demie, tu verras tout le monde qui se présente, tout le monde qui fait le jeu important quand c’était nécessaire. »

« Les gens se souviennent majoritairement du placement de la victoire ou du treizième homme (le joueur en trop de la Saskatchewan sur l’avant-dernier jeu du match), mais c’était réellement un des efforts collectifs les plus impressionnants d’une deuxième demie qu’on peut voir dans l’histoire du football », se souvient le double gagnant du titre d’entraîneur de l’année dans la LCF en entrevue avec son ancien joueur Matthieu Proulx.

« Calvillo était la raison d’y croire »

Même si Marc Trestman n’est pas du genre à élever un joueur à un statut plus important que celui à côté de lui, il n’hésite pas à vanter celui qui a été son quart-arrière vedette lors de son passage à Montréal, Anthony Calvillo.

« Nous savons tous qu’il est la raison pour laquelle nous pouvions avoir espoir autour de notre équipe de football. Nous savions que chaque jour à six heures du matin, Anthony serait sur place et qu’il ferait absolument tout pour nous aider à gagner. Le football est un sport qui est mené par le quart-arrière. Si le quart-arrière ne performe pas, tout ce que les autres font devient inutile. Le quart-arrière touche au ballon à chaque jeu et s’il ne peut en prendre soin et qu’il ne peut compléter les passes importantes, rien n’a plus d’importance. Même si le football est le sport où tout est relié, on ne peut pas gagner sans un quart-arrière de calibre. »

30 ans d'évolution : Souvenir de la Coupe Grey 2009