Ne ratez pas la demi-finale de l'Est entre les Alouettes et les Tiger-Cats dimanche dès 12 h 30 avec l'émission d'avant-match à RDS et RDS Direct

COLLABORATION SPÉCIALE 

 

Place aux choses sérieuses dans la Ligue canadienne de football avec le début des éliminatoires.

 

Pour leur rencontre de la demi-finale de l’Est, les Alouettes rendent visite aux Tiger-Cats dans un environnement hostile à Hamilton. Les partisans sont dévoués envers leur équipe et je m’attends à ce que les émotions ne soient pas uniquement ressenties dans les estrades, mais qu’ils soient amplifiés aussi sur le terrain.

 

Lorsqu’on arrive en éliminatoires tout devient à un autre niveau. Chaque gros jeu fait encore plus mal à l’adversaire et chaque erreur paraît encore plus coûteuse. Je surveillerai donc comment les deux équipes vont gérer les hauts et bas qui surviennent inévitablement dans un match de football.

 

Les Alouettes n’ont d’autre choix que de connaître un bon départ au Tim Hortons Field pour calmer la foule et laisser passer la tempête. On se souvient qu’au cours de la saison, les Alouettes ont su réussir une remontée spectaculaire au quatrième quart pour l’emporter en prolongation par la suite, mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’un tel scénario se répète ou du moins ils doivent tenter d’éviter de se retrouver devant une pente aussi abrupte à remonter.

 

Les hommes de Kari Jones arrivent tout de même à Hamilton avec le sentiment qu’ils peuvent gagner comme ils sont l’une des deux équipes à avoir infligé un revers aux Tiger-Cats sur leur terrain cette saison.

 

Si j’analyse les affrontements entre Montréal et Hamilton cette saison, vous comprendrez pourquoi je considère qu’il est primordial que les Alouettes connaissent un bon début de match.

 

Lors des sept premiers quarts de leurs confrontations, donc j’enlève le quatrième quart et la prolongation du second match de l’équation, les Tiger-Cats ont gagné avec un pointage de 44 à 13 au cumulatif avec une domination de 13 à 0 après les premiers quarts de chaque rencontre.

 

Pour empêcher que cette tendance se poursuive, les Alouettes devront éviter les revirements, les pénalités et les longs jeux alloués à l’équipe adverse. Il faut éviter chez les Alouettes de tomber dans l’autodestruction. Ils ont été victimes de six revirements et leur différentiel contre les Tiger-Cats est de moins-4 cette saison. La discipline a aussi fait défaut avec 20 pénalités pour 211 verges ce qui est beaucoup trop.

 

Avant même de parler stratégie, ces éléments sont essentiels si les Alouettes espèrent quitter Hamilton avec le sourire pour poursuivre leur parcours en éliminatoires.

 

Harris à la rescousse de Stanback?

 

N’empêche que cette demi-finale de l’Est attire grandement avec la confrontation entre William Stanback et l’unité défensive d’Hamilton. Par contre, si Stanback est Superman, on doit en déduire que les Tiger-Cats représentent sa kryptonite cette saison.

 

Contre les autres formations du circuit cette saison, le demi offensif des Alouettes a amassé en moyenne 108 verges par match, 6,4 verges par course et il a réussi 29 courses de plus de 10 verges. Lorsqu’il était opposé aux Tiger-Cats, la moyenne chute drastiquement à 49,5 verges par match, 4,1 verges par course et il n’a enregistré qu’une course de plus de 10 verges. Pour l’instant, Hamilton a été en mesure de limiter les dégâts, donc cette bataille donne l’eau à la bouche.

 

S’il est question du jeu au sol, un élément central à surveiller est le travail dans les tranchées. Tout indique chez les Alouettes que Philippe Gagnon manquera à l’appel, donc David Foucault devrait encore prendre sa place.

 

Si les Alouettes veulent connaître du succès au sol, ils devront bien contrôler le centre de la ligne de mêlée, donc les gardes et le centre devront s’imposer devant les plaqueurs d’Hamilton. C’est vrai pour le jeu au sol de Stanback, mais aussi pour la protection de Trevor Harris.

 

Même si on a vu le quart en mesure de compléter des passes même en course, il demeure un quart de pochette et la pire pression contre lui proviendrait du centre du terrain. La protection d’Harris est d’autant plus primordiale, car Shea Patterson semble être le quart réserviste si jamais Harris devait se blesser. Même si Matthew Shiltz était de retour à l’entraînement, Patterson occupait le poste de second de ce qu’on pouvait observer.

 

Ce dernier n’a lancé aucune passe cette saison comme il a été utilisé dans les formations de faufilade du quart. Si jamais Harris devait quitter la rencontre dimanche, ce serait un dur coup pour les Alouettes qui devraient s’en remettre à Patterson qui n’a pas eu la chance de lancer une seule passe au cours de la saison. La ligne à l’attaque doit donc tout faire pour protéger son quart-arrière.

 

D’autant plus que si jamais le jeu au sol n’était pas productif dans cette rencontre, Harris est capable de mener une équipe à la victoire avec son bras. Avec Vernon Adams fils et Matthew Shiltz en poste, les autres équipes pouvaient se concentrer à freiner le jeu au sol des Alouettes, car le jeu aérien servait surtout en complément.

 

Par contre, Harris a prouvé par le passé que si la situation l’exige, il est à l’aise de lancer 50 fois le ballon dans un match. Les Tiger-Cats n’ont pas encore vécu cette dynamique dans leurs affrontements avec les Alouettes.

 

Les statistiques d’Harris en éliminatoires prouvent aussi que s’il est en mesure de trouver son rythme, il est difficile à arrêter. On se rappellera sa prestation contre Montréal lorsqu’il évoluait pour Edmonton en 2019. Il avait complété 92 % de ses passes avec une séquence de 22 passes consécutives.

 

En 2018, alors qu’il portait les couleurs du Rouge et Noir d’Ottawa, il avait lancé six passes de touché contre ces mêmes Tiger-Cats. L’année précédente, Harris avait tenté 60 passes contre les Roughriders de la Saskatchewan.

 

Si par le passé les autres équipes devaient se concentrer à arrêter Stanback, maintenant qu’ils ont Harris dans leurs rangs, les Alouettes peuvent répliquer avec le jeu aérien. J’ai hâte de voir comment Hamilton va approcher cette dynamique.

 

Je ne serais pas surpris de voir les Alouettes entamer le match avec plusieurs jeux de passe en se servant de la menace au sol qui devrait être la priorité à arrêter pour Hamilton. On voit souvent au football une unité offensive qui décide de lancer rapidement dans la rencontre afin d’offrir de l’oxygène à son jeu au sol un peu plus tard.

 

La défense doit gagner le 1er essai

 

Si je me penche sur l’unité défensive des Alouettes, la recette me paraît simple dans ce match. Il faut gagner le premier essai pour attaquer le quart sur le jeu suivant.

 

Les Alouettes viennent au premier rang pour les sacs du quart, les revirements, les séquences offensives limitées à deux jeux suivies d’un botté.

Pour y parvenir, il est essentiel de limiter la production offensive sur le premier jeu. Cet aspect a été sensiblement bien réussi lors des affrontements en saison régulière avec 10 sacs du quart et notamment deux échappés à la fin du dernier match.

 

L’unité défensive doit chercher à reproduire ce qu’elle avait accompli lors du quatrième quart qui avait mené à la remontée des Alouettes. Les Tiger-Cats n’avaient rien fait avec le ballon. Ils avaient dû dégager par trois fois, ils ont été victimes d’un revirement et il y a eu ultimement le botté de précision pour envoyer la rencontre en prolongation.

 

On se souviendra qu’il y avait eu des changements dans le camp montréalais en défense pour ce match, donc des ajustements étaient nécessaires. Depuis, l’unité défensive s’est améliorée et elle a continué sur cette lancée. J’aimerais la voir mettre Jeremiah Masoli à l’épreuve, car tant il peut connaître du succès qu’il peut avoir des ennuis sur le terrain.

 

Limiter les dégâts sur les unités spéciales

 

Après l’attaque et la défense, je vais me pencher sur les unités spéciales. Ceux qui suivent mes chroniques régulièrement cette saison savent qu’ils ont connu leur part d’ennuis. Mes attentes sont simples : je suis prêt à accepter un match nul dans cette facette.

 

Lors des deux matchs contre Hamiltons, les Montréalais avaient été dominés sur les unités spéciales par les Tiger-Cats. Lors de l’affrontement à Montréal, le premier jeu du match avait donné droit à un retour de botté de 49 verges. Un peu plus tard dans le match, il y a eu un retour de 67 verges.

 

Du côté des Alouettes, Adarius Pickett et Mario Alford ont échappé le ballon et même si chacun a été en mesure de récupérer le ballon, c’est un cafouillage. Les Alouettes avaient réussi un retour de 66 verges après un botté de précision raté, mais il a été annulé par une pénalité. Les unités spéciales avaient d’ailleurs écopé de cinq des huit pénalités de l’équipe.

 

Lors du match à Hamilton, le premier dégagement des Tiger-Cats avait mené à un échappé de Pickett et les locaux avaient enchaîné avec des points. David Côté a raté un botté sur 42 verges en fin de première demie et des pénalités ont encore annulé de bons retours pour le positionnement sur le terrain. Les Tiger-Cats ont toujours connu du succès sur les unités spéciales, mais les Alouettes doivent tenter de faire match nul de ce côté.

 

La table est mise pour cette demi-finale. Patrick Levels s’en est chargé en garantissant la victoire aux Alouettes en début de semaine et même si les joueurs des Ti-Cats n’ont pas embarqué dans le jeu, je m’attends à ce qu’il y ait des discussions sur le terrain. L’intensité sera donc au rendez-vous donc il faudra voir qui parviendra à contrôler ses émotions.

 

Propos recueillis par Maxime Tousignant