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RÉSULTATS

Danny Maciocia avait prévu un grand match de Fajardo

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HAMILTON – « Cody Fajardo », avait répondu Danny Maciocia quand on lui demandait, samedi, quel joueur pourrait nous surprendre durant le match de la coupe Grey. C'est devenu la touche finale à une année invraisemblable des Alouettes de Montréal.

C'est en discutant à bâtons rompus, pendant l'entraînement simulé des Alouettes, avec le directeur général des Alouettes qu'on a voulu connaître sa prédiction. On ne voulait pas qu'il pige parmi des héros anticipés comme Darnell Sankey, Marc-Antoine Dequoy ou Shawn Lemon. 

Après quelques secondes de réflexion, Maciocia a ciblé Fajardo. Son argument était simple, il avait été convaincu par ce que Fajardo dégageait durant cette semaine de préparation à Hamilton.

Maciocia n'a pas osé prédire une telle performance du quart-arrière, mais il faut croire que son œil ne l'a pas trompé. De notre position de journaliste, on avait observé de bons – et moins bons – segments de Fajardo à l'entraînement.

On se souvient particulièrement d'une portion d'une séance pratiquant le travail en zone payante. Ce fut pénible pour le numéro 7 qui a prouvé, dimanche, qu'il pouvait exceller dans les moments corsés.

Ce que l'on ignorait, c'est que Fajardo venait tout juste de livrer un puissant discours à son équipe avant cet entraînement simulé. Un message qui a été si inspirant que certains joueurs en ont eu les larmes aux yeux.

Alors pour Kristian Matte, le doyen de l'équipe à 38 ans, ce n'était rien d'étonnant de voir Fajardo se battre jusqu'à la dernière seconde.

« Je l'avais dit cette semaine, Cody est très solide mentalement et physiquement. Il n'a jamais lâché, il voulait le championnat pour ses coéquipiers. Et on voulait tout autant le gagner pour lui. Avec ce groupe de frères, on va s'en rappeler jusqu'à la fin de nos jours », a mentionné Matte, sur le terrain, après la victoire, alors que sa fille lui tenait la main avec un sourire angélique.

Quelques minutes plus tôt, Fajardo venait de compléter une fabuleuse séquence offensive qu'aucun critique ne pourra lui retirer. L'Américain de 31 ans n'a pas eu le bonheur de voir l'intégralité du touché victorieux de Tyson Philpot, mais il pourra se reprendre en le visionnant autant de fois qu'il le voudra avec ses proches.

« Je me suis fait frapper et je n'ai pas bien vu la fin du jeu, mais j'ai entendu la réaction de la foule! Je suis si fier de notre équipe. Toute l'année, notre ligne offensive a essuyé des critiques et ils ont joué un match fabuleux en stoppant deux des meilleurs joueurs. Vous allez aussi vous souvenir de nos receveurs », a témoigné Fajardo qui a tenu son fils dans un bras et son trophée de joueur par excellence, dans l'autre, après la partie.

Largué par les Roughriders de la Saskatchewan après la saison 2022, Fajardo n'aurait jamais retrouvé cette confiance sans le support de Jason Maas. L'entraîneur-chef des Alouettes, renvoyé lui aussi par les Riders, s'est avéré un meneur exceptionnel à sa première saison à Montréal.

« Pour gagner un tel match, tu comprends que tu auras besoin des trois facettes. Je suis vraiment fier de l'attaque, mais de tous les joueurs. C'était merveilleux de voir ce groupe jouer l'un pour l'autre. On a joué pour Montréal et le Québec. Cet aspect de jouer pour les autres est puissant », a réagi Maas qui a trouvé plusieurs manières de motiver ses troupes.

Par un hasard qui ne s'invente pas, Maas célébrait, dimanche, son 48e anniversaire alors que son équipe lui permettait de serrer dans ses bras le plus beau des cadeaux pour la première fois comme entraîneur-chef.

L'immense câlin avec son fils, Bear, dès la conclusion du match valait également très cher à ses yeux. Le tout s'est conclu avec son équipe qui lui chantait « Happy Birthday » dans un vestiaire où se mélangeait l'odeur du cigare et du champagne, mais surtout de la victoire.

Cela dit, les passes venaient de la main de Fajardo et il ne faudrait pas lui enlever une goutte de mérite. Une revanche savoureuse pour celui qui a surpris tant d'observateurs avec sa meilleure performance de l'année (trois passes de touché et 290 verges aériennes). 

« Toute la semaine, les gens voulaient parler de notre défense et des unités spéciales avec raison. Ça enlevait de la pression sur notre unité offensive si bien qu'on n'avait rien à perdre. On n'avait inscrit aucun touché en 26 séquences offensives contre Winnipeg cette année. J'entendais aussi toujours parler de ma fiche de 0-9 contre (Zach) Collaros, ça m'a grandement motivé », a admis Fajardo sans arrogance.

En ayant vécu une telle soirée, on ne peut pas savoir si son jeune garçon voudra suivre la voie de son père au football professionnel. Mais on a compris que Fajardo avait été inspiré par sa jeunesse. 

« Je ne voulais que cette dernière chance en fin de match, je voulais le ballon comme j'en rêvais quand j'étais petit. Il faut croire que c'était le destin avec tout ce que j'ai vécu. J'avais l'impression d'avoir déjà vécu ce moment dans ma tête », a conclu le sympathique Fajardo.