Kristian Matte ému d'avoir été l'élu pour soulever la coupe Grey

Vous pourrez suivre le défilé des Alouettes pour célébrer leur conquête de la coupe Grey, mercredi, dès 11 h avec RDS et le RDS.ca.

MONTRÉAL – Les larmes ont monté aux yeux de Kristian Matte quand il a parlé du privilège d'avoir été le premier à soulever la coupe Grey. Ce n'était pas le manque de sommeil qui le rendait émotif, mais bien l'amour qui règne dans le vestiaire des Alouettes.

Comme il aime raconter avec le sourire, il s'était dit « en tant que petit vieux » de l'équipe, qu'il voulait l'être l'un des premiers à vivre cette extase. Mais ça l'a touché de voir que le groupe avait pensé à lui.

« C'était spécial. Un jour avant le match, Marc-Antoine Dequoy est venu me voir pour me dire ‘En passant, c'est toi qui va soulever la coupe en premier' », a commenté Matte en ne cachant pas ses sentiments.

« Les gars, on s'aime... Quand un coéquipier te dit ça, ça démontre que tout le monde voulait gagner pour l'autre », a décrit, le doyen du club à 38 ans, à la veille du défilé des Alouettes qui s'élancera, à 11 h 30, au coin de Maisonneuve et Crescent pour se rendre jusqu'au quartier des spectacles.

Inondé de demandes d'entrevues – et surtout de félicitations – Dequoy est venu expliquer ce qui a mené à cette conversation avec Matte.

« Tout a commencé avec une blague pour savoir qui allait soulever la coupe en premier? Je ne sais pas, mais le deuxième sera le gars de vidéo, a raconté Dequoy en riant. Mais j'ai continué la discussion et tout le monde répondait Kristian. Personne ne lui en avait parlé directement alors je lui ai dit ‘Tu es le premier à lever la coupe Grey, j'espère que tu le sais'. Il a répliqué, avec humour, ‘Ne t'inquiète pas, je l'aurais fait de toute manière'. »

« J'ai seulement attendu trois ans et ça me semblait très long. Je ne peux pas imaginer de patienter pendant 13 ans. Mais ce n'était même pas une question, c'était certain que ce serait lui. Ça témoigne aussi du respect qu'il a dans l'équipe, un vétéran et un gars d'ici qui a donné corps et âme à cette équipe. C'était tellement un beau moment, on le voit dans sa réaction. C'est une belle histoire sur sa résilience et son caractère », a enchaîné Dequoy.

Lors du bilan des joueurs, effectué mardi, deux jours après le championnat conquis contre Winnipeg, chacun aurait pu encenser Matte. Le botteur de précision David Côté était content d'avoir la chance de le faire.

« C'est incroyable, ça fait 13 ans qu'il est ici. Il a vécu des années glorieuses et des plus difficiles. Il a vécu 1001 changements et il est demeuré un joueur d'impact dans l'équipe. Je pense que c'est la moindre des choses, c'est naturel que ce soit lui qui la soulève en premier. Je n'aurais pas vu personne d'autre pour le faire », a réagi Côté avant de trouver les bons mots pour résumer l'influence du numéro 51.  

« Il est un peu le cœur de cette équipe. Chaque partie, on l'écoute. Ça fait trois ans que je le côtoie, c'est un coéquipier et un ami en or. Il pense toujours aux autres avant lui, il donne souvent des conseils grâce à son expérience. Quand c'est arrivé, j'ai eu une petite pensée à l'histoire de Raymond Bourque. Oui, Kristian avait déjà eu un championnat, mais il était réserviste, ce n'est pas pareil. C'est vraiment cool pour lui, c'est un bel accomplissement, tu ne peux pas rêver mieux », a cerné Côté avec un parallèle intéressant autant pour l'athlète que pour la gentillesse de la personne.

Un accent sur la culture québécoise qui rapporte

Les témoignages de Matte, Dequoy et Côté ne font que prouver que l'entraîneur Jason Maas a réussi sa mission. 

« Coach Maas voulait qu'on devienne un groupe très uni. On travaillait déjà dans ce sens depuis quelques années. Il y avait eu un changement dans la bonne direction. Ensuite, Danny (Maciocia, le DG) est arrivé ainsi qu'un nouveau proprio et un nouvel entraîneur. Tout le monde est uni, on peut voir un vieux gars, comme moi, qui s'amuse à jouer au ping-pong avec une recrue. Il n'y a pas un gars que je n'aime pas dans cette équipe, c'est très spécial », a souligné Matte alors que la fierté est revenue chez les Alouettes.  

« Absolument ! J'étais réserviste (en 2010) à ma première année. Mais d'être sur le terrain pour faire le dernier touché, c'est indescriptible. Je voudrais que tout le monde puisse vivre ça une fois dans sa vie », a-t-il souhaité. 

Le parcours unique accompli par les Alouettes repose sur plusieurs éléments rassembleurs comme l'importance de découvrir la culture du Québec – dont le français – et s'y intéresser. 

« Ça m'a donné une chose à faire outre le football. Je continue d'apprendre si vous voulez m'aider. Le message de Coach Maas était que ce sera plus que du football, on va apprendre cette culture », a confié Kabion Ento surnommé « Entoception » à la suite de son interception cruciale dans la zone des buts. 

« Ça nous a rapprochés, on comprenait mieux notre environnement. Comment pourrais-tu jouer pour ta province si tu ne connais rien sur elle ? », a convenu le vétéran Shawn Lemon. 

« C'est vraiment spécial, je n'avais jamais vu cela auparavant. C'était très agréable de voir que les anglophones ont embarqué dans le projet comme de nous saluer en français le matin », a noté Pier-Olivier Lestage. 

« On m'a accueilli les bras ouverts et j'ai fait de mon mieux pour apprendre du français. Je n'ai que de l'amour pour l'organisation et la ville », a indiqué Darnell Sankey. 

« On est la seule équipe francophone de l'équipe, c'était vraiment bien de créer ce lien entre les francophones et les anglophones », a mentionné Tyson Philpot en s'amusant à dire que ce n'était pas toujours facile pour les joueurs avec un numéro dans les 80 ou les 90 de le prononcer en français. 

La preuve que cet élément de fierté rapporte, c'est que les Alouettes misaient sur une dizaine de joueurs québécois dans cette aventure menant au championnat. 
 
« C'est incroyable, on bâtit notre équipe sur des joueurs locaux, ça procure un sentiment de fierté. J'ai regardé Anthony Calvillo devenir ce grand quart-arrière et j'ai ensuite eu la chance de jouer à ses côtés et avec les Ben Cahoon et compagnie. Maintenant, c'est à mon tour, des gars souhaitent jouer avec moi. Quand tu vois les Dequoy, Chagnon, Gagné, Dallaire, il y en a tellement que je ne peux pas tous les nommer. Gagner un championnat avec son équipe d'enfance, il n'y a pas meilleure conclusion », a ciblé Matte. 

Durant la semaine à Hamilton, Matte disait qu'il souhaitait remporter la coupe Grey notamment pour fumer un autre cigare de la victoire, comme en 2010, avec son grand ami Luc Brodeur-Jourdain. Voici la photo de ce moment. 

Kristian Matte et Luc Brodeur-Jourdain