MONTRÉAL – Étant donné que c’était un match sans influence sur le classement, l’animosité déployée ne laissait aucun doute sur le sentiment qui règne entre ces deux formations. Si Vernon Adams fils a refusé de jeter de l’huile sur le feu, Kristian Matte a été plus que transparent.

 

De l’extérieur, on ne pouvait que se dire que c’était une façon d’envoyer un message à l’autre clan en vue d’un éventuel affrontement en finale de l’Est.

 

« Absolument, je pense que les deux équipes, on s’haït pas mal », a lancé Matte d’emblée.  

 

« C’est peut-être un mot un peu fort, mais c’est pas mal vrai et ça se voyait à la fin. Personnellement, je sais que je voulais leur montrer qu’on joue de manière physique. On voulait leur laisser un goût amer en bouche. On n’a peut-être pas trop réussi, mais on voyait quand même (une réaction) dans leurs yeux. C’était une bonne bataille et leur défense a vu qu’on est en mesure de traverser le terrain », a-t-il ajouté.

 

« Je pense qu’on les a surpris un peu plus qu’ils pensaient. Mais on n’a pas joué un match complet. On a relâché partiellement au troisième quart et il faut garder le pied sur l’accélérateur », a tenu à préciser le centre de la ligne offensive.

 

Assis en face de lui, le porteur de ballon Jeremiah Johnson a tenu un discours similaire pour expliquer cette intensité.

 

« Si on les retrouve de nouveau, ils vont savoir que ce sera une bataille de ruelle. Rien ne sera facile et on voulait qu’ils le sachent comme les autres équipes d’ailleurs », a noté le vétéran de 32 ans.

 

On a tenté de sonder Adams fils sur le sujet, mais il a choisi la carte de la prudence sans même prononcer un mot après la question.

 

Quant à l’entraîneur-chef Khari Jones, il juge que le niveau a quelque peu dépassé la saine limite.

 

« On doit jouer avec cette émotion, mais tout en étant attentifs aux détails. J’ai moins aimé qu’on perde un peu de notre sang-froid, c’était juste un peu trop agressif à mon goût. Il faut se contrôler un peu plus », a évalué Jones qui pensait sans doute en partie à l’expulsion de Patrick Levels qui a répliqué à un adversaire.

 

La frustration a grimpé d’un niveau puisque les deux formations n’ont pas ménagé leur répertoire d’insultes pendant la confrontation. Les Alouettes ont trouvé le moyen de répliquer aux Tiger-Cats qui sont reconnus pour ne donner leur place à ce chapitre.

 

La conclusion que Matte en tire s’avère plutôt pertinente.

 

« Je pense qu’ils ne veulent pas que ce soit nous qui accèdent à la finale de l’Est », a-t-il admis sans détour.

 

La réussite de Lewis, une fierté partagée

 

La saison 2019 des Alouettes a été ponctuée de plusieurs belles histoires pour expliquer le retour en force de l’organisation. Celle du receveur Eugene Lewis se classe dans le haut de liste.

 

Prometteur l’an passé, il a été tout simplement dominant – et très spectaculaire – cette année. Ainsi, sa première saison de 1000 verges en carrière a ravi bien des gens.

 

Une défaite sur le thème de la prudence

« Je suis tellement content pour lui. C’est un peu comme s’il avait atteint le prochain niveau. Avant, on voyait tout ce potentiel à l’entraînement et maintenant il joue à la hauteur ce talent. Désormais, ça se traduit dans les matchs. Cette saison, le feu a vraiment pris. J’ai l’impression qu’il a presque démontré tout son arsenal cette année, il lui en reste encore un peu à exposer à mon avis », a vanté Jones avec un grand sourire.

 

« Ça veut dire beaucoup à mes yeux, j’ai remarqué une grande évolution de sa part. Il est devenu un meneur, le quart-arrière parmi nos receveurs. Il connaît toutes nos lectures, il sent bien le jeu. De plus, il est parvenu à le faire contre les meilleurs éléments en défense des autres équipes », a souligné Adams fils.

 

Lewis était très heureux de sa réussite, mais il tenait aussi à exposer sa frustration envers cette défaite.

 

« La victoire est toujours importante, c’est la priorité chaque fois. Même si ça ne change pas le cours de la saison, on doit se battre pour gagner. On va apprendre de ce qui s’est passé. Si je n’étais pas déçu, ça démontrerait que je ne me soucie pas du résultat et je déteste perdre.

Autant de feu. Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais on doit comprendre que les gens nous regardent. Je ne veux pas me faire honte en ne jouant pas à fond », a commenté le numéro 87.

 

Lorsqu’un confrère lui a demandé de résumer le message de l’entraîneur après la partie, il a insisté sur cet aspect.

 

« Il nous a dit de conserver ce feu comme en première demie. On doit jouer de manière plus disciplinée dans notre exécution », a déclaré Lewis.

 

De toute évidence, Jones réagit adéquatement aux situations traversées par son club. Il a d’ailleurs adressé quelques mots à la foule après la rencontre pour leur lancer l’invitation de revenir au Stade Percival-Molson pour assister à un résultat différent en demi-finale de l’Est.

 

Il a également eu le mot de la fin en réponse à une question qui évoquait la saison 2020.

 

« Aucune idée, ce n’est pas mon club l’an prochain », a-t-il conclu avec une allusion au fait qu’il ne dispose pas de contrat pour la prochaine campagne malgré son rendement éloquent sans oublier le contexte particulier d’un propriétaire à identifier.

 

Rassurant avec les partants