Les Alouettes de Montréal sont de retour à la case départ à la suite d'un revers de 28-18 devant le Rouge et Noir d'Ottawa. C'est dommage parce que l'équipe de Mike Sherman avait l'occasion de revenir à la barre des ,500 avant de partir pour une semaine de congé. La partie était aussi l'occasion parfaite de rassurer tout le monde et de valider le talent de l'équipe après la victoire en Saskatchewan.

Tout le monde était bien heureux de la victoire contre les Roughriders, mais honnêtement, tout le monde avait une certaine retenue parce que les adversaires n'avaient pas leur quart partant. On était curieux de voir si les Alouettes pouvaient construire et progresser. Les Alouettes avaient aussi l'occasion de coller deux victoires de suite, ce qui ne s'est pas produit depuis longtemps. On savait également qu'Ottawa allait être nettement un plus gros test en plus d'être un adversaire de section. Mais bon ...

Il n'y a pas que du mauvais pour les Alouettes, mais on a cet étrange sentiment de retour à la case départ. Pour gagner, ce n'est pas compliqué, il faut que la défense soit parfaite parce que l'attaque est anémique. La défense n'a pas le luxe de se permettre de connaître une partie ordinaire. Cette unité n'a pas le choix d'exceller à chacun des matchs.

Malheureusement, la défensive a connu un passage à vide au deuxième quart qui a fait mal à toute l'équipe. Les Alouettes ne sont pas équipés pour faire du football de rattrapage. C'est une deuxième défaite de suite à la maison, ce qui est plate pour tout le monde. Autant pour les amateurs que pour l'organisation. Les Alouettes ont offert de meilleures performances sur la route, loin du Stade Percival-Molson.

La partie de vendredi a été plus serrée que le pointage de 56-10 devant Winnipeg lors du premier match local, mais je retiens surtout que l'équipe s'est fait sortir de la partie au deuxième quart chaque fois. De toute évidence, les joueurs n'ont pas le droit de connaître de mauvais quart. Contre les Blue Bombers, les Alouettes avaient alloué 24 points au deuxième quart et contre le Rouge et Noir, c'était 16 points.

C'est véritablement au deuxième quart que la partie a basculé. Durant cette période, Ottawa a eu 28 jeux contre 12 pour les Alouettes. Le Rouge et Noir a eu la possession du ballon pendant 10:20 et il a converti huit deuxièmes essais en onze tentatives contre aucun pour les Montréalais en trois chances. Durant ces 15 minutes, les visiteurs ont obtenu onze premiers jeux contre un seul pour nos oiseaux.

Je sais que je mets de la pression sur la défensive parce qu'elle n'a pas droit à l'erreur, mais tout passe par cette unité pour le moment. Les Alouettes sont toujours à la recherche d'un quart et la ligne à l'attaque en arrache. Certains diront que la défense est surtaxée et ils auront raison, mais la défense n'a pas le choix, mais la défense a aussi été son pire ennemie parce qu'elle a laissé Ottawa convertir 62% de ses deuxièmes essais.

Je sais que je suis sévère avec la défense, mais si elle ne fait pas le travail, les Alouettes ont bien peu de chance d'espérer l'emporter. C'est la réalité de l'équipe présentement.

Quand la défense n'arrive pas à arrêter l'adversaire et que ton attaque ne complète qu'un deuxième essai sur cinq, c'est certain que la partie va basculer à la faveur des visiteurs et c'est exactement ce qui est arrivé dans ce quatrième match de la saison. Ça ne peut pas durer. Cette recette ne fonctionnera jamais.

Si on enlève le deuxième quart, la défense a été juste correcte. Elle n'a pas provoqué de revirements, n'a pas arrêté souvent le Rouge et Noir en situation de deuxième essai, n'a pas mis de pression régulière sur le quart Trevor Harris, a alloué 139 verges au sol en plus de rater de nombreux plaqués. D'ailleurs, sur les 342 verges obtenues par Harris grâce à la voie aérienne, 150 ont été gagnées après l'attrapé, soit l'équivalent de 44% des verges.

Le porteur de ballon William Powell a bien mal fait paraitre la défense des Alouettes. D'ailleurs le Rouge et Noir a su exploiter les demis défensifs Dominique Ellis et Tyquwan Glass. Deux des trois passes de touchés d'Ottawa ont été lancées contre ces deux joueurs.

Manque de constance en attaque

C'est la chaise musicale qui se poursuit alors qu'un beau jeu succède à une erreur et vice versa sans arrêt. Depuis le début de la saison, les Alouettes ont eu 59 séquences offensives et à 32 reprises, ces séquences ont pris fin après deux  jeux seulement.

Difficile de prendre du rythme comme vendredi avec seulement 46 jeux en attaque. Ça devient difficile aussi de préparer un plan de match pour les entraîneurs et d'aller à la deuxième étape du plan de match.

En contrepartie, je dois dire que je n'ai pas détesté la prestation du quart Jeff Mathews. Ses statistiques n'ont pas été très impressionnantes, mais j'ai apprécié son courage et sa détermination. De toute évidence, c'est un athlète qui est capable d'encaisser. Il a été frappé à un genou, à une main et à un coude. Même s'il a été malmené, il a montré qu'il était courageux et qu'il voulait se battre. Ce sont des choses que les coéquipiers apprécient. Ça ne fait pas nécessairement gagner de matchs, mais ça fait gagner le respect des collègues.

Ce n'est pas l'idéal de partir en congé après une défaite et les victoires morales ne comptent pas au classement, mais les Alouettes doivent trouver des aspects pour s'accrocher à du positif et du positif, il y a en a quand même.

D'abord, l'attaque n'a pas été victime de revirement, l'équipe n'a écopé que de cinq pénalités pour un total de 52 verges, contrairement à une moyenne de 13 punitions pour une moyenne de 130 verges depuis le début de la saison.

Autre point positif, deux fois les Alouettes ont atteint la zone payante et dans ces deux occasions, ils ont marqué un touché. Ça veut dire qu'ils ont réussi à terminer le travail en plus de gagner la deuxième demie 10-3. Ces aspects ne donnent pas de point au classement, mais ça  démontre aux joueurs qu'ils sont capables de bonnes choses. Maintenant, les gars doivent le faire pendant 60 minutes.

Il faut dire que le Rouge et Noir et les Alouettes ne jouaient pas à armes égales vendredi. Par exemple, le quart Trevor Harris évolue dans le même système depuis trois ans avec essentiellement les mêmes receveurs alors que Jeff Mathews est avec l'équipe que depuis trois semaines. Il a rejoint un joueur pour un touché, Chris Harper, qui est à Montréal depuis environ deux semaines et qui n'a pas eu de camp. Dans les circonstances, comment voulez-vous avoir une constance? Faire ce petit contraste entre les deux équipes peut expliquer bien des choses, car en plus de manquer de talent, on change continuellement de joueurs.

La ligne à l'attaque me laisse donc sur mon appétit, même si je sais que coach Sherman a été un peu plus élogieux envers cette unité après la partie. Quand je vois Tyrell Sutton obtenir une moyenne de 3,7 verges par course, je sais que c'est insuffisant dans un football à deux essais. Il a porté le ballon onze fois pour 41 verges. Sa plus longue course a été de neuf verges. Du côté du Rouge et Noir, le porteur de ballon William Powell a maintenu une moyenne de six verges par portée. Dans la LCF, il faut obtenir un minimum de cinq à six verges par course. À 3,7 verges, Sutton est loin de notre profit.

Tant que la ligne à l'attaque ne sera pas plus solide et qu'on n'aura pas un quart constant, ça va être difficile, car ce sont deux éléments tellement importants.  Dans l'intervalle, il faut que la défense fasse des miracles.

*propos recueillis par Robert Latendresse