MONTRÉAL – Ryder Stone, on aurait dit un nom d’acteur à la Bruce Willis. Tout dépendra de sa carrière dans le monde du football, mais son parcours possède déjà des bases intéressantes pour un film.

Élevé sur un ranch au « milieu de nulle part » au Texas comme il aime le dire lui-même, Stone a fait toutes les tâches classiques que l’on voit dans les films. Tout jeune, il s’affairait à déplacer les centaines de vaches et bœufs de sa famille et il prenait soin des quelques chevaux.

Au lieu de suivre les traces de son père, il a plutôt été recruté en tant que joueur de football par les grandes institutions académiques que sont Harvard, Yale et Brown. Il a finalement opté pour la réputé Université Dartmouth, au New Hampshire, où il a étudié en sciences environnementales.

Amant de la nature, il se dépêchait de se réfugier dans l’une de ses passions, la randonnée et l’escalade de rochers. Ça ne s’invente pas, un jeune homme dont le nom de famille est Stone qui occupe ses fins de semaine à gravir des rochers.

Mais ça ne s’arrête pas là. Devinez dans quel domaine travaille-t-il à temps partiel? Il œuvre pour Swenson Stone, une compagnie de consultants qui se spécialise dans la construction de projets utilisant des pierres.

Certes, son parcours détient quelques notes amusantes, sauf que c’est par le football que sa renommée s’est bâtie principalement aux États-Unis. Il faut savoir que Stone est considéré comme un joueur canadien dans la LCF puisque sa mère est Canadienne et qu’il a déménagé au Canada à l’adolescence.

« La Ligue canadienne de football était définitivement quelque chose que j’avais en tête quand je suis retourné aux États-Unis pour l’université. J’ai quand même grandi en suivant les Stampeders et j’ai participé à quelques camps pour de jeunes joueurs. J’étais donc très familier avec la LCF et je savais que je serais admissible en tant que Canadien. Il me restait à connaître une bonne carrière universitaire », a expliqué Stone, un porteur de ballon très articulé de 23 ans, au RDS.ca.

Ryder Stone, avec DartmouthIl n’a pas raté cette chance sous les couleurs de Dartmouth. Les Alouettes l’ont donc repêché en cinquième ronde (38e choix) cet été, mais il n’est pas arrivé au camp d’entraînement avec d’immenses attentes envers lui.

Sans trop faire de bruit, il s’est appliqué à bien exécuter les missions qui lui étaient confiées et il a attiré l’attention des plus assidus. Résultat, il s’est rapidement hissé comme une ressource de qualité sur les unités spéciales et André Bolduc, l’entraîneur des demis offensifs, est heureux de vanter son intégration.

« J’ai eu de longues conversations avec Kavis (Reed, le directeur général des Alouettes). Ça fait longtemps qu’on travaille ensemble et on a été des coéquipiers. On a toujours été d’accord sur le fait de repêcher de bons jeunes Canadiens, de les développer et d’être patients avec eux. Ryder, c’est un exemple parfait de ce qu’on veut faire. Voilà un Canadien qu’on peut mouler comme on veut avec ses atouts.

« C’est un gars intelligent qui a été partant toute sa carrière. Malgré cela, il accepte son rôle, il joue sur les unités spéciales, il réussit d’excellents blocs, il a obtenu deux plaqués au dernier match et il accomplit tout ce qu’on lui demande », a vanté Bolduc qui aurait pu continuer.

Bolduc ne s’est donc pas gêné pour mousser son jeune poulain auprès des autres entraîneurs. Ceux-ci ont été convaincus par le numéro 32 si bien que Bolduc lui a déjà accordé un rôle plus costaud pour la partie de vendredi contre le Rouge et Noir d’Ottawa.  

« Son mandat devient déjà plus grand. Il va jouer cette semaine en attaque. On aura une formation avec trois porteurs de ballon et il pourra faire plusieurs choses différentes. Son nombre de jeux offensifs pourra même augmenter dans les prochaines semaines. C’est comme ça qu’on développe des jeunes. Je suis passé par là, c’est comme ça que tu apprends », a révélé l’entraîneur québécois.

Cinq pieds neuf pouces, un détail

Lorsqu’un athlète est solide à ce point dès ses premières semaines dans la LCF, les craintes disparaissent rapidement au sujet de sa taille de cinq pieds neuf pouces.  

« On s’en fout du gabarit! Parfois, on entend qu’il est plus petit, mais tu dois être capable de bien jouer. On a le meilleur exemple avec Stefan Logan, personne ne critique son physique. Je suis chanceux d’avoir de bons jeunes comme Ryder et (William) Stanback et de bons vétérans comme (Tyrell) Sutton, Logan et Pat (Lavoie). S’il continue et qu’il ne se blesse pas, il va jouer dans cette ligue super longtemps. Je l’adore, il est physique en plus et il a de bonnes mains », a exposé Bolduc.

Trop futé pour jouer les grosses têtes, Stone n’a pas voulu se mouiller quand on a sondé ses possibilités de contribuer en attaque ainsi que pour effectuer des retours de botté.

« Je suis juste content d’avoir déjà la chance de contribuer en tant que recrue. Je suis prêt à aider peu importe la manière qu’on me demandera. Tout dépendra des entraîneurs, ils savent ce qui est le mieux pour l’équipe », a commenté celui dont le visage affiche des airs de ressemblance avec Wes Welker.

En attendant de voir son mandat s’élargir, Stone s’acclimate avec les réalités de la métropole québécoise.

« C’est certainement un choc culturel, mais j’avais déjà passé du temps à Boston donc je connais un peu les grandes villes aussi. Je vis dans un petit appartement avec des coéquipiers dans St-Henri. Disons que c’est plutôt différent de prendre le métro chaque matin au lieu de conduire un camion sur le ranch », a raconté Stone qui se fait taquiner très souvent par sa mère quant au fait qu’il habite maintenant dans une ville de cette envergure.

Avec son air souriant et heureux, on décèle que Stone raffole autant du football que de la nature. Mais si jamais le football finissait par lui peser trop lourd sur les épaules, il n’aurait qu’à se réfugier sur un ranch et se lancer dans son après-carrière qui le ferait voyager.

« J’ai étudié en environnement et je me suis concentré sur les aspects économiques et politiques. Je regarde pour me diriger dans le milieu de la finance par rapport aux énergies. On verra ce que l’avenir me réserve », a expliqué le jeune homme.

Dès qu’on aborde le passé de Stone avec Bolduc, ce dernier ne peut s’empêcher de sourire.

« Oui, on a parlé de ses expériences de vie sur un ranch. C’est un grand travaillant dans une famille tout autant travaillante. Quand il nous a rencontrés, il avait blagué en disant que c’est sa sœur (Rylee) qui est l’athlète de la famille (elle s’est illustrée en rubgy, basketball, athlétisme et football). C’est vraiment un jeune terre à terre, un bon kid, les dépisteurs ont fait du beau boulot pour dénicher un gars comme lui », a conclu Bolduc.