MONTRÉAL – Prenez quelques secondes pour vous imaginer perdre votre emploi, et votre plus grande passion dans la vie, pendant 20 mois. Le calvaire est enfin terminé pour les joueurs des Alouettes de Montréal qui ont renoué, dimanche, avec l’action. 

L’annulation de la saison 2020 aura laissé des séquelles à plusieurs niveaux, mais l’heure était aux réjouissances cette fois. Des cris de joie émergeaient d’un peu partout sur le terrain, le plaisir se ressentait facilement et les paroles Let’s get down to business de la chanson The Business sont venues résumer le tout à merveille. 

« C’était difficile de contenir mes émotions. De voir tous les joueurs et de revenir enfin sur le terrain, c’était fou comme sensation. Ça faisait 19-20 mois qu’on n’avait pas vécu ça en groupe », a réagi l’entraîneur-chef Khari Jones qui n’avait rien perdu de son dynamisme aux commandes de près de 100 joueurs.

L’horaire du camp d’entraînement des Alouettes prévoit deux séances consécutives chaque jour. Ainsi, le premier entraînement doit décoller à 8h30. Mais déjà, à 8h, des dizaines de joueurs avaient foulé le terrain, impatients de vivre ce moment. 

Le quart-arrière Vernon Adams fils est au cœur de l’identité énergique des Alouettes. Heureux de retrouver les siens, il s’est même permis de jouer au clown en exposant ses muscles devant l’écran servant aux disponibilités médiatiques virtuelles.  

« Comme n’importe qui, j’étais vraiment excité. C’était trippant de courir sur le terrain avec les joueurs. Oui, on a clairement une nouvelle équipe, mais on va reprendre là où on a laissé et continuer de pousser vers l’avant », a mentionné le numéro 8. 

Pour cette première journée du camp, l’évaluation n’était pas la priorité des entraîneurs. La prudence est de mise après cette interminable interruption. Ironiquement, ils doivent empêcher les joueurs de se défoncer trop vite. 

« Dimanche et lundi, on veut d’abord que les joueurs redeviennent à l’aise sur le terrain, qu’ils retrouvent leurs sensations. Ça fait plus d’un an qu’ils n’ont pas joué. [...] C’est à nous de ralentir le tout légèrement, ils ont probablement poussé un peu plus qu’on voulait parfois, mais je ne peux pas les blâmer pour ça », a commenté Jones qui se sentait heureux comme le matin de Noël.

Retour émotif même pour un vétéran comme Matte

Même pour un vétéran comme Kristian Matte, la fébrilité était palpable. 

« C’était une sensation exceptionnelle, le football nous a vraiment manqué. Ça faisait tout simplement du bien d’être avec tous les gars, de ne pas courir sur du béton et de s’amuser à jouer au foot », a lancé Matte qui évolue avec les Alouettes depuis 2010. 

« Ça devient difficile à expliquer, mais ça m’a beaucoup manqué », a ajouté Matte alors qu’on sentait très bien le tout dans la joie qui émanait de son visage.

On a voulu qu’il raconte un moment durant lequel il s’est simplement dit ‘Wow, ça s’en vient, je vais retourner sur le terrain’. 

« Il y en a plein de moments de ce genre dans les derniers jours. Je n’ai pas dormi de la nuit, j’étais bien excité ! », a-t-il confié. 

Avec plus d’une décennie de football professionnel derrière la cravate, l’athlète, qui aura 36 ans au début septembre, ressent tout de même que son corps a bénéficié de ce répit. 

« Absolument. Sur la ligne offensive, on se blesse souvent aux mains, aux doigts et aux poignets. Ça peut durer longtemps après la saison. Oui, c’était misérable de ne pas jouer, mais ça donne le temps de guérir les bobos. Pour un gars un peu plus vieux que les autres, ça fait du bien », a avoué Matte en souriant. 

Comme il le précisait, presque tout le monde a perdu quelque chose – ou quelqu’un – durant cette pandémie. Cette réalité remet les choses en perspective. 

« Les gars aiment le football plus que jamais présentement », a constaté le colosse.

De son côté, il se considère que ses proches aient été épargnés. C’est la perte de son emploi pendant plus d’un an qui a été difficile pour la famille. 

« Mais je préfère voir le positif. J’ai un garçon de six ans et une fille de quatre ans, j’ai vécu de beaux moments avec eux dont ils vont se rappeler. Même si d’un côté j’ai détesté ça, ce fut aussi le plus bel été de ma vie », a raconté Matte en devenant émotif. 

Heureusement que lui et sa femme avaient été en mesure d’économiser pour une épreuve comme celle-ci. Il a d’ailleurs enchaîné avec une autre note d’humour. 

« Ma femme n’attendait juste que je parte de la maison! »

Cecchini et Maciocia savourent aussi le moment

On s’attardera davantage au volet football dans les prochains jours. Mais soulignons que le lancement du camp d’entraînement permet enfin au président Mario Cecchini et au directeur général Maciocia de goûter concrètement au travail accompli en arrière-scène depuis leur embauche en janvier 2020. 

Maciocia a précisé qu’il s’attend à ce que le receveur Quan Bray arrive à Montréal dans les prochains jours. Autre petite nouvelle intrigante, le joueur de ligne défensive Junior Luke a été déplacé sur la ligne offensive. Il reste à voir si cette expérience se poursuivra. 

En terminant, la Santé publique exige, pour l’instant, un protocole très strict aux journalistes qui doivent, en tout temps, porter leur masque en respectant la distanciation sociale de deux mètres même si les entraînements se déroulent à l’extérieur.