MONTRÉAL – Ses coéquipiers l’identifient comme la pièce maîtresse défensive et plusieurs observateurs le considèrent comme l’athlète le plus sous-estimé de la LCF. Pourtant, il s’en est fallu de très peu pour que les Alouettes ne misent jamais sur les pouvoirs d’Alan-Michael Cash, celui qui est devenu le superhéros de la défense montréalaise.

En raison de son ingrate position de plaqueur défensif, Cash abat son excellente besogne dans l’ombre des nombreux joueurs qui l’entourent. De plus, la plupart de ses actions n’ont rien de spectaculaire.

Pour une cinquième saison de suite, l’Américain de 28 ans s'impose dans les tranchées pour les Alouettes, mais sa contribution n’est pas encore reconnue à sa juste valeur. À titre d’exemple, son nom n’apparaît dans le classement des 50 meilleurs joueurs du circuit selon TSN.

Habitué de ne pas attirer les réflecteurs, Cash se balance littéralement de la reconnaissance qui tarde à venir le féliciter. Il préfère repousser ses limites, sa motivation au quotidien, sur le terrain et à l’extérieur de celui-ci.

« Dans la vie, c’est certain que je veux être le meilleur que je peux dans tout. C’est important pour moi, je veux contribuer le plus possible pour mon équipe. Je ne me soucie pas du tout des classements », a décrit l’athlète de six pieds deux pouces et 292 livres.

Les compliments et les tapes dans le dos, Cash peut les recevoir de ses coéquipiers et de ses entraîneurs.

« C’est un col bleu, un travailleur infatigable! Il accomplit tout pour nous, c’est notre joueur par excellence », a statué Anwar Stewart, l’entraîneur de la ligne défensive et ancien joueur étoile.

« Il s’occupe de tout le sale boulot. Il ne reçoit pas tout le mérite ou toutes les félicitations, mais ses efforts ont un impact sur tout ce qui arrive sur le terrain. On parle d’un joueur avec une tonne de qualités, il est très complet », a poursuivi Stewart qui aurait pu continuer les éloges.

Inévitablement, les sacrifices investis par Cash au milieu de la ligne défensive procurent des ouvertures payantes à ses partenaires qui mènent souvent à des sacs du quart-arrière. L’ailier défensif John Bowman est content de l’avouer et il s’empresse de le remercier.  

« C’est une bête de travail, il garde sa tête basse et il n’arrête jamais de travailler. Je le dis depuis quelques années, c’est le joueur le plus sous-estimé de la LCF. Il peut tout faire sur le terrain et il aide notre défense de tellement de façons », a louangé le chasseur de têtes.

Les Alouettes ont failli échapper Cash plus d’une fois

La valeur de Cash s’avère encore plus précieuse quand on connaît toutes les étapes qui ont été nécessaires pour qu’il puisse se faire valoir avec les Alouettes.

Avec ses nombreuses antennes dans le monde du football, le directeur général et entraîneur-chef, Jim Popp, avait repéré Cash alors qu’il évoluait à l’Université North Carolina State. À vrai dire, il l’avait découvert en épiant son coéquipier J.R. Sweezy (Buccaneers de Tampa Bay et Seahawks de Seattle).

Popp avait donc continué à suivre le développement de Cash quand il a fait le saut dans l’Arena Football League.

C’est alors que Billy Parker, le vétéran demi-défensif des Alouettes, entre en scène. Durant la saison morte, il collaborait comme entraîneur dans l’Arena Football League.Alan-Michael Cash

« On savait que Billy aidait une équipe dans la AFL, mais on ne savait pas que c’était celle de Cash. Il nous a dit qu’on devrait donner une chance à un joueur alors, on lui a demandé son nom et c’était : Alan-Michael Cash », a raconté Popp qui ne se blasera jamais de ces belles histoires.

Mais Cash a failli échapper aux Alouettes une autre fois.

Avec un contrat en poche, il s’est présenté au camp d’entraînement en 2011 sauf qu’il s’est infligé une sévère blessure à une hanche en moins d’une semaine.  Libéré par l’organisation, il a subi une opération d’envergure et les Alouettes ont décidé de lui accorder une autre chance en 2012.

Moins convaincu par son jeu, les Alouettes décident de le retrancher. À ce moment, son avenir avec Montréal semblait terminé. C’était avant que des blessures à d’autres joueurs de ligne défensive incitent les Alouettes à le rapatrier, et ce fut enfin la bonne occasion.

« C’est incroyable de penser qu’on aurait pu se priver de lui », a confié Popp avec un sourire très révélateur.

À travers ces rebondissements, Cash s’est accroché à son rêve d’une carrière professionnelle. L’épisode de la blessure a failli achever son désir.

« C’était une période difficile parce que je craignais vraiment que ça m’empêche de réaliser mon plus grand souhait. J’ai surmonté des moments pénibles mentalement, mais je voulais persévérer. D’ailleurs, c’est à cette époque que j’ai commencé à me laisser pousser les cheveux », a avoué Cash qui n’a jamais renoncé à sa longue chevelure par la suite.

Cash et les Alouettes ont rapidement récolté les dividendes de leur association. Dominant et constant sur le front défensif, Cash a trouvé un football qui lui convient à merveille en sol canadien.

« Oui, c’est exactement l’impression que j’ai eue quand j’ai découvert la LCF. Je me disais que j’y cadrerais bien », a convenu le gentil colosse qui n’avait pas la stature pour évoluer dans la NFL.

Une passion pour le moins amusante

Depuis qu’il s’est établi à Montréal, Cash a surpassé toutes les attentes envers lui. À voir la joie qui anime ce mastodonte, il est permis de croire que sa carrière se poursuivra encore quelques années.

Ce cœur d’enfant qui l’aide à apprécier chacune des journées auprès de ses coéquipiers pourrait résider dans un ingrédient secret. Cash n’avait pas l’intention de le crier sur tous les toits, mais ses partenaires ont pris un malin plaisir à le dénoncer, il raffole des dessins animés.  

Ça sonne surprenant, mais avant de fouler le terrain pour aller bousculer, repousser et malmener des adversaires de plus de 300 livres, Cash s’assure de commencer ses journées en regardant des dessins animés.

« C’est vrai que j’aime ça », a confié Cash avec un sourire en coin d’un enfant pris la main dans le sac. « J’en ai besoin, ça me détend. Je suis quelqu’un qui aime la vie et qui n’est pas trop stressé. »Alan-Michael Cash

Son approche beaucoup plus joviale est appréciée au sein de l’équipe et Bowman peut en témoigner.

« C’est l’un des gars les plus agréables, c’est mon grand "pote" de ligne défensive. Il me garde jeune et on a du bon temps ensemble », a précisé Bowman, qui s’approche de son 35e anniversaire.

Père d’une fille et d’un garçon âgés entre 5 à 10 ans, Cash ne prend pas pour autant la vie à la légère. Il sait très bien qu’il doit être un peu plus sérieux qu’avant, tout en gardant sa personnalité détendue.

« C’est très important comme changement pour un athlète. C’est pour eux que je joue, je veux être leur modèle de vie. Je veux qu’ils soient fiers de moi et qu’ils puissent me voir en action. Je veux être leur héros », a conclu Cash ferait un génial personnage de dessins animés avec sa sympathique bouille.