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RÉSULTATS

Deux championnats qui inspirent et rayonnent

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MONTRÉAL – Pendant qu'il regardait la coupe Grey et la coupe Vanier, réunies dans son Montréal-Nord natif, Jean-Marc Edme était émotif à l'idée que cette belle visite fasse rêver les jeunes de son quartier. 
 
C'était touchant d'apprendre à quelle vitesse Edme a voulu redonner à la relève de cet arrondissement qui grandit, trop souvent, dans des conditions difficiles. 
 
« Dès qu'on a gagné la coupe Grey, ma première idée a été d'amener le trophée à Montréal-Nord », a raconté le directeur du recrutement professionnel des Alouettes de Montréal. 
 
Le projet s'est réalisé en grand alors que de nombreux jeunes ont pu venir partager les championnats remportés par les Alouettes et les Carabins de l'Université de Montréal. 
 
Le mot « partager » n'est pas trop fort puisque les Carabins étaient représentés par quatre joueurs originaires de Montréal-Nord tandis que les Alouettes avaient délégué des anciens Carabins. Le sentiment de faire goûter ce championnat à la population se ressentait. 
 
« Pour moi, c'est magique. Il y a pas mal de négatif qui se passe à Montréal-Nord. Mais aujourd'hui, c'est un grand jour pour l'arrondissement, on rayonne. Mon rêve du football a commencé ici et ça va leur donner un boost d'avoir un rêve », a décrit Edme au pavillon Henri-Bourassa. 
 
Edme n'était pas le seul à voir son enfance défiler dans sa tête lors de cet événement. Le receveur Regis Cibasu était habité par la même réflexion. 
 
Sans le football et ses parents, Cibasu aurait continué de vagabonder dans la mauvaise direction. 
 
« Je ne rodais pas toujours dans les meilleurs milieux, j'ai fréquenté des gars qui ont fait de la prison. J'ai tout vu ça, mais j'ai réussi à m'en éloigner. Mes parents ont beaucoup travaillé pour que je sorte de ces mauvaises fréquentations. J'ai rencontré des entraîneurs formidables qui m'ont m'aidé à me rendre ici », a confié Cibasu qui vient de Pointe St-Charles, un autre secteur avec ses propres défis. 
 
Adolescent, Cibasu ignorait vers quelle avenue se diriger. Il réalise que cette implication fera son œuvre surtout qu'il se reconnaît dans cette jeunesse. 
 
« Je ressens de fortes émotions, car j'étais à leur place. Voilà ce que j'essaie de leur dire. Moi aussi, je n'avais pas toujours envie d'aller à mes cours et j'ai coulé des cours. C'est une journée importante pour montrer aux jeunes de Montréal, souvent des quartiers plus difficiles, qu'on peut surmonter plein de choses. Ça nous fait du bien à nous également », a mentionné le colosse au grand sourire qui a multiplié les photos avec des partisans. 
 
Le désir d'un centre sportif
 
L'occasion était aussi belle pour faire avancer le projet de bâtir un centre sportif à Montréal-Nord, un arrondissement où la jeunesse abonde. 
 
Même les joueurs ont tenu à insister sur cet aspect. 
 
« On est plusieurs à venir de Montréal-Nord cette année chez les Carabins, ça me rend fier. Ça pourrait inspirer et inciter les instances à développer des installations pour les jeunes », a souhaité Eduardo-Benjamin Sreng-Flores, un joueur de ligne défensive des Bleus. 
 
Concrètement, la mairesse de l'arrondissement expliquait que le projet est confirmé pour le volet aquatique du complexe. Les démarches sont rendues au provincial et au fédéral pour obtenir le financement qui serait dédié aux autres installations.
 
Justement, Sreng-Flores est parvenu à se tenir loin des problèmes durant son enfance grâce au sport. 
 
« Ça allait bien, j'étais très actif, je venais toujours à ce parc et j'habitais sur cette rue. J'ai commencé le football au secondaire et ça rassemble vraiment les gens. C'est une leçon de vie, ça empêche les jeunes de trop traîner et faire des bêtises », a-t-il évoqué. 
 
C'était aussi le discours qui émanait d'une conversation avec quelques joueurs des Loups du Nord, une équipe civile de l'arrondissement qui aide des jeunes – de 18 ans à 24 - à continuer le sport qui les passionne tout en bénéficiant d'un encadrement académique. 


 
« On essaie de convaincre les autorités à financer un centre sportif qui ne servirait pas juste à nous, mais à tous les autres jeunes et gens du quartier », a confié l'un de ceux-ci en précisant que l'équipe doit se déplacer au terrain de St-Jean-Vianney pour disputer ses parties. 
 
L'inspiration fournie, mardi, par les Alouettes et les Carabins ne mènera pas tous les jeunes au football professionnel. Pierre-Gabriel Germain s'accorde une dernière chance pour convaincre une équipe de la LCF, mais il a déjà trouvé une voie très intéressante. 
 
Le joueur des Carabins travaille avec l'Académie des athlètes. 
 
« Depuis le cégep, je m'implique dans le coaching et maintenant dans la gestion pour organiser de gros événements pour les jeunes. J'ai beaucoup été inspiré par le football et c'est ma façon de redonner », a exposé Germain, un secondeur qui effectue les longues remises. 
 
Si l'aventure professionnelle ne se concrétise pas, il terminera son baccalauréat en enseignement de l'éducation physique cet hiver. Plusieurs écoles détenant un programme de football voudront l'accueillir à bras ouverts. Une autre preuve que le sport peut mener à d'intéressants débouchés à condition que le rêve émerge. Les Alouettes et les Carabins l'ont compris en tenant à partager leur championnat.