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RÉSULTATS

« Jay » St-Hilaire, un quart québécois bientôt dans la NCAA

Jérémy St-Hilaire Jérémy St-Hilaire - RDS, Vanderbilt University, McCallie
Publié

MONTRÉAL –  L'anglais. Voilà ce que redoutait le plus Jérémy St-Hilaire en débarquant à l'été 2022 sur le campus de McCallie, une école secondaire préparatoire privée de Chattanooga au Tennessee.

Allait-il être capable de se faire comprendre de ses nouveaux coéquipiers? Serait-il en mesure de remplir son rôle de quart-arrière et de leader? En bégayant légèrement en plus?

« Je n'ai jamais été très bon en anglais dans ma vie. Plus jeune, je devais être un des pires dans ma classe », confiait récemment le Québécois en entrevue au RDS.ca.

« Mais je me suis amélioré dans les deux ou trois dernières années. Et en arrivant ici, j'ai réalisé qu'il fallait juste ne pas avoir peur. Au début, j'avais de la misère un peu à parler, je bégaie même en français, alors en anglais c'était pire parfois. De semaine en semaine, et de mois en mois, je me suis vraiment amélioré en anglais et là ça va très bien. »

Il n'y avait toutefois pas que la barrière linguistique à enjamber. Il y avait aussi le défi sportif. Et il était de taille. Arrivant des rangs juvéniles québécois, où il venait de s'incliner par un seul point au Bol d'Or avec les Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne, St-Hilaire a hérité chez le Blue Tornado des commandes d'une attaque qui venait de remporter trois championnats d'État du Tennessee.

Consécutifs.

« Les trois championnats, ç'a fait une grosse différence », explique St-Hilaire de sa décision de poursuivre son développement à McCallie, à l'instar de plusieurs anciens des Dynamiques avant lui et d'autres joueurs québécois rêvant d'une carrière dans la NCAA.

« C'est sûr que ç'a peut-être ajouté un peu de pression, mais pour vrai, ce n'était pas tant stressant non plus. Quand je suis arrivé ici à McCallie, j'ai vu comment [une équipe avec] une culture gagnante pratiquait et jouait. J'ai juste embarqué là-dedans. »

Jérémy St-Hilaire

Dans la Division II-AAA, la plus relevée au niveau secondaire au Tennessee, le quart-arrière a aussi constaté l'écart séparant le football québécois du système américain à son meilleur.

« Le terrain est plus petit et les gars sont vraiment plus rapides. Les gars aux States, il y en a beaucoup qui courent des 4.4 et des 4.5. C'est vraiment ça la plus grosse différence. Les gars sont vraiment rapides et les fenêtres pour lancer sont beaucoup plus petites qu'au Québec. »

« Les premières games, ce n'était pas facile, reconnait-il aujourd'hui. J'ai lancé quelques interceptions, mais j'ai juste continué à travailler. J'avais confiance en moi et après quelques semaines, vers la mi-saison, j'étais rendu au vrai Jay St-Hilaire. »

Le vrai « Jay », tel qu'on le surnomme dans la ville de Samuel L. Jackson, c'est celui qui a terminé sa première saison en bleu avec 2375 verges de gains et 25 touchés à son nom par la voie aérienne, contre seulement cinq interceptions en 13 rencontres. À cela se sont ajoutés 410 verges et sept touchés par la course.

« Je dirais que j'ai un très bon bras, c'est la chose que tout le monde voit en premier sur moi, dépeint-il. J'ai une bonne shape, 6 pi 4 po, 220 lb, et ça m'aide. Je pense que je bouge bien dans la pochette et je suis capable de courir. Et mentalement, je suis bon pour faire des lectures. »

« Il a tout pour plaire », synthétisait l'entraîneur-chef du Blue Tornado, Ralph Potter, dans les pages du Chattanooga Times Free Press l'hiver dernier. « Il est grand et physique, il lance très bien le ballon – avec une bonne touche et un bras puissant – et il peut aussi courir. »

Ce potentiel, quelques programmes de division 1 de la NCAA l'ont remarqué, mais aucun autre que celui des Commodores de Vanderbilt ne l'a autant apprécié. Tellement qu'en février dernier l'université privée située au cœur de Nashville lui a offert une bourse d'études complète, un fait peu commun pour un quart-arrière originaire du Québec.

« J'ai fait mes preuves l'année passée. Les coachs te voient jouer et que tu sois Canadien ou non, je ne pense pas que ça fait une grosse différence. J'ai joué sur le même terrain que tous les autres gars aux States et j'ai été dominant. »

N'eut été une conversion de deux points ratée dans la dernière minute de jeu en demi-finale, St-Hilaire et ses coéquipiers de McCallie auraient pu lutter pour un quatrième titre de suite, contre leurs voisins et rivaux de toujours, les Red Raiders de Baylor.

« Ça fait mal. J'y pense encore presque chaque semaine. »

C'est avec cette rage au cœur, cette volonté de tourner la page sur cette anomalie pour le Blue Tornado, que St-Hilaire a abordé la présente campagne, sa dernière avant d'intégrer le programme des Commodores.

Au plan statistique, le général de Potter a connu une année semblable à la précédente, cumulant 2269 verges et 21 touchés par la passe, de même que 276 verges et 1 touché par la voie terrestre en 12 matchs. Dans ce qui était considéré comme la quatrième division la plus compétitive au pays selon High School Football America, St-Hilaire a aidé les siens à afficher un dossier de 11-1. Et ce n'est pas fini.

Car maintenant que McCallie a savouré sa revanche en demi-finale contre son tombeur de l'an dernier, une seule victoire sépare le Blue Tornado d'un quatrième titre en cinq ans. Et ce sont les Red Raiders, les champions en titre, qui se dresseront devant eux jeudi soir sur la pelouse du Finley Stadium dans le dernier et plus historique chapitre de cette rivalité dont il sera question dans nos pages demain.

« Là, c'est notre tour », prévient St-Hilaire.

Jérémy St-Hilaire