MONTRÉAL – Autant que la déception de renoncer à la saison 2020 était difficile à encaisser, le président des Alouettes de Montréal, Mario Cecchini est convaincu que c’était la meilleure décision à prendre pour son organisation et la Ligue canadienne de football.

 

Cecchini sait bien que son opinion ne sera pas très populaire et il ne s’attend d’ailleurs pas « à recevoir beaucoup de fleurs dans les prochains jours ». Cela dit, il insiste que c’était le choix qui s’imposait.

 

« On avait espoir que l’aide gouvernementale fédérale, qui était une composante importante pour nous permettre de jouer en 2020, viendrait, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Alors, dans le contexte, je suis convaincu que la décision de ne pas jouer en 2020 était la bonne », a statué Cecchini durant une visioconférence en compagnie du directeur général Danny Maciocia et de l’entraîneur-chef Khari Jones.

 

C’était inutile de poser la question, Cecchini savait qu’il devait enchaîner avec une précision attendue des partisans.

 

« Je veux être clair que les Alouettes sont là pour rester et on entrevoit un bel avenir pour notre organisation. Je suis optimiste parce que les propriétaires Sid (Spiegel) et Gary (Stern) ont été optimistes, ils me l’ont assuré de nouveau. Ce sera une période financière difficile, mais ils seront là pour nous supporter », a-t-il ajouté.

 

Puisqu’il a été impliqué dans la tentative de sauvetage du calendrier 2020, il était pertinent d’obtenir l’avis de Cecchini sur la gestion exercée par le commissaire Randy Ambrosie qui a pratiquement encaissé plus de coups lors des derniers mois que durant sa carrière de joueur.

 

« Randy l’a dit lui-même, il y a des choses à apprendre de tout processus quand on fait une rétrospective. Il aurait sûrement fait des choses différemment. Mais, ce que j’aime retenir, c’est l’acharnement, le dévouement de Randy et son équipe. Ils ont été jusqu’au bout des ressources. C’est facile de critiquer parfois parce que l’incertitude a été très longue. Mais on aurait pu dire en mai qu’on ne jouerait pas et on aurait été critiqués de lâcher trop vite. On a eu des conversations avec le gouvernement qui nous permettait d’y croire, dans les dernières semaines », a exprimé Cecchini avec doigté.

 

« Mais je ne suis pas prêt à lancer la pierre de manière si directe », a-t-il poursuivi sur ce sujet.

 

Chose certaine, l’occasion sera belle pour Ambrosie et les dirigeants des équipes de repenser le modèle d’affaires et la mise en marché du circuit. Le temps ne manquera pour corriger des lacunes.

 

Que faire avec les contrats des joueurs ?

 

Les prochaines semaines permettront de déterminer le sort qui sera réservé aux contrats des joueurs pour la saison 2020. Il n’est pas impossible que l’année 2020 soit reportée en 2021, mais les négociations ne semblent pas se diriger vers cette possibilité.

 

« Près de 50% de nos joueurs deviendront autonomes », a réfléchi Maciocia à haute voix.

 

Ainsi, le département des opérations football des Alouettes aura beaucoup de pain sur la planche pour 2021. En même temps, il peut s’agir d’une conséquence positive pour Maciocia et son entourage. En raison des pertes économiques, des baisses sont prévues du côté des salaires en 2021. Bref, ça procure une occasion d’effectuer des modifications à la composition du club.

 

Durant les pourparlers, les dirigeants de la LCF et de l’Association des joueurs tenteront aussi, heureusement, de trouver une façon de dédommager pour les joueurs.

 

« Oui, il y a beaucoup d’enjeux de ce côté. Il y a aussi beaucoup d’empathie, on ne peut pas être insensibles à cette situation. Les joueurs ont été patients. Pour certains, on a semblé tarder, mais on s’est plutôt rendus à la limite du temps pour voir comment on pourrait payer les joueurs », a mentionné Cecchini.

 

Parmi les autres incertitudes, on doit penser au portrait des matchs en 2021. Cecchini avoue que l’arrivée d’un vaccin éliminerait bien des problèmes quant au nombre de spectateurs admis dans les stades.

 

La grande frustration de Vernon Adams fils

 

Après avoir connu une ascension fabuleuse en 2020, le quart-arrière Vernon Adams fils a vu son élan se heurter de plein fouet à la pandémie. Nul doute, il s’agit d’un plaqué retentissant aux dépens de son enthousiasme et il a tenu à dénoncer le fait que les joueurs ne sont pas payés.  

 

« C’est très correct qu’il s’exprime, il a le droit d’avoir son opinion. C’est l’un des joueurs ayant vécu la plus grande frustration. C’est un émotif et il serait arrivé, pour la première fois, au camp en tant que quart partant. Il avait de grandes ambitions. Je peux particulièrement comprendre la frustration des joueurs », a répondu Cecchini.

 

« Il se voyait parmi les meilleurs quarts de la LCF et il pensait que l’équipe pouvait se rendre au championnat. Il sentait pour la première fois que cette équipe lui appartenait. On comprend sa frustration, on le supporte. Il faut comprendre que ce ne fut pas facile pour eux », a renchéri Maciocia.

 

Coach Jones a été en contact avec Adams fils et quelques joueurs, dont John Bowman, lundi.

 

« Ce sera toujours une journée éprouvante quand une année se termine. Tout le monde ressent ce choc, les joueurs et les entraîneurs. Je me sens mal pour eux, j’ai été dans les souliers de ces joueurs. C’est difficile de perdre une année dans une carrière », a confié Jones.

 

Le pire contexte pour DeQuoy

 

L’été dernier, Maciocia avait pris le pari de repêcher son ancien protégé Marc-Antoine DeQuoy même s’il se préparait pour l’aventure de la NFL avec les Packers de Green Bay.

 

Bien malgré lui, son tour est arrivé au pire moment alors que la COVID-19 a mené la NFL à éliminer plusieurs auditions cruciales et il a été libéré samedi.  

 

« Je ne peux pas dire que j’étais totalement surpris. Je me disais qu’il pourrait peut-être avoir une chance sur l’équipe de réserve. Mais, avec tout ce qui arrive présentement, il le vit à Green Bay alors que les matchs préparatoires ont été annulés. Pour un joueur qui n’est pas repêché, tes chances sont vraiment réduites », a conclu Maciocia.