MONTRÉAL -  Après avoir encaissé la « claque au visage » de se faire retrancher à la fin du camp d’entraînement par les Texans de Houston, Antony Auclair est parvenu à démontrer sa valeur à sa nouvelle équipe et il espère que son retour en force, en 2021, lui permettra de parapher un contrat à long terme. 

Rappelons que l’ailier rapproché avait connu une année très particulière au niveau des émotions en 2020. L’ancien membre des Buccaneers de Tampa Bay s’était blessé durant cette campagne ce qui l’avait éloigné des plans de l’organisation lui faisant ainsi vivre la conquête du Super Bowl dans un rôle d’observateur.

Auclair s’était donc retroussé les manches durant la saison morte en s’entourant d’une équipe de spécialistes de la santé dans le but de relancer sa carrière. Évidemment, il n’était pas arrivé sur le marché des joueurs autonomes avec le gros bout du bâton et il avait dû se contenter d’un pacte d’une saison pour participer à la reconstruction des Texans. 

À 28 ans, le Québécois vient donc de compléter sa cinquième saison dans la NFL et il a redoré son portfolio. Ce rendement arrive à un moment opportun alors qu’il souhaite éviter de signer un contrat d’une saison pour une troisième année de suite. Cette fois, c'est un pacte à long terme qui est dans sa mire. 

« Je suis rendu à un stade dans ma carrière auquel c’est la chose à faire. C’est le temps et c’est ce qu’on souhaite. Les contrats d’un an, c’est bien, mais on le fait pour augmenter sa valeur. Cette année, c’est mission accomplie. Je crois que j’ai eu une assez bonne année pour l’obtenir », a lancé Auclair à la toute fin d’une visioconférence.

Son agent Sasha Ghavami a ajouté de l’eau au moulin. 

« Il a démontré sa valeur. Si on regarde son pourcentage de jeux offensifs joués, ce fut l’une de ses meilleures sinon sa meilleure moyenne avec 2018 quand O.J. Howard avait été blessé. Il a trouvé un bon rôle à Houston et le club valorisait sa contribution, l’appréciation est mutuelle. Quant à la durée (du contrat), il faut faire attention, c’est la structure qui doit prédominer car le salaire n’est pas toujours garanti dans la NFL », a noté Ghavami qui s’attend à des discussions d’ici quatre à six semaines. 

En 2021, Auclair a participé à 32% des jeux offensifs et sa contribution aux jeux de course demeure son expertise. Cela dit, il a capté les cinq passes dirigées vers lui incluant son premier touché en carrière. 

« Pour moi, ce n’est pas une question de statistiques. Cinq attrapés pour un ailier rapproché, on pourrait dire que ce n’est pas beaucoup. Mais est-ce que j’ai exécuté le travail qu’on m’a demandé de façon constante? La réponse est oui. J’ai été opposé contre des ailiers défensifs qui se classent parmi les meilleurs », a-t-il noté. 

En regardant le portrait de la situation, il considère qu’il est arrivé, à 28 ans, au sommet de sa carrière par rapport à ce qu’il peut offrir à un club de la NFL. 

« Avec expérience que j’ai acquise à travers les années et mon rôle qui continue d'évoluer, je pense que je suis rendu à mon pic. Et je ne suis pas encore vieux même si c’est ce que Brevin (Jordan, un ailier rapproché recrue) n’arrêtait pas de dire cette année », a mentionné Auclair en souriant. 

Ce qu’il ne faut pas oublier dans l’équation, c’est justement qu’Auclair aime aider les jeunes dans leur adaptation à la NFL. Il est arrivé à Houston avec des objectifs personnels, mais également au plan collectif. 

« J’ai développé une bonne relation avec Brevin puis j’espère que je l’ai aidé dans son développement. C’est la même chose avec Davis (Mills, le quart-arrière). Il a été lancé dans le feu de l’action quand Tyrod Taylor a été blessé. Ç’a n’a pas été facile au départ, mais le kid a vraiment évolué et il a un très bel avenir. C’est pareil avec Nico (Collins), les receveurs recrues ont bien fait cette année. Pour moi, c’est mission accomplie de ce côté », a décrit Auclair en parlant avec le côté entraîneur de sa personnalité. 

Parlant de la situation au poste de quart-arrière, Auclair a avoué que ce fut frustrant, au niveau strictement sportif, de ne pas pouvoir miser sur Deshaun Watson par moments. 

Auclair a tenu le coup cette saison

Après avoir été blessé au cours des deux dernières saisons, Auclair a entamé le calendrier 2021 avec une certaine rage de prouver son point. Mais il a été frappé, très tôt, par la réalité sans pitié de la NFL quand il a été retranché et déplacé sur l’équipe d’entraînement à la fin du camp. 

« C’était une saison assez étrange parce qu’il y a eu des hauts et des bas en émotions. Ç’a été un peu une claque dans la face parce que j’avais eu un excellent camp. Mais c’est une stratégie qu’on voit de plus en plus. Ensuite, j’ai réussi mon premier touché donc c’était un moment marquant », a résumé l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval. 

« Mon plus gros exploit cette année, c’est que j’ai réussi à tougher tous les matchs excepté un à cause de la COVID-19.[...] J’ai manqué le Super Bowl l’an passé donc c’était quelque chose qu’il fallait que je me prouve à moi-même », a-t-il ajouté sans détour. 

Semaine après semaine, les Texans auraient simplement pu l’aviser que ses services n’étaient plus requis. 

« Mon contrat (légèrement inférieur à un million) n’était pas garanti non plus donc il fallait que je sois constant match après match. J’ai réalisé que je me démarque dans l’adversité. On ne sait pas ce qui va se passer pour la suite, mais je pense que ça augure bien », s’est-il réjoui. 

Une couche d’incertitude s’ajoute puisque les Texans ont limogé leur entraîneur David Culley après une seule saison et le coordonnateur offensif doit également être remplacé. Auclair a toutefois eu une rencontre positive avec le directeur général Nick Caserio et Jack Easterby, le vice-président exécutif aux opérations football. 

« On va essayer de régler ça entre février et mars, mais il n’y a rien de coulé dans le béton. Ils m’ont dit qu’ils étaient très contents de ma saison et que j’étais un peu une surprise étant donné que j’avais été blessé les deux saisons précédentes. Mon objectif était vraiment d’y aller all in », a précisé Auclair. 

Ce serait inutile d’offrir des conseils à l’état-major, mais Auclair a répété plusieurs fois qu’il affectionne le défi de participer à la reconstruction de ce club. Il a l’impression de revivre le processus traversé avec les Buccaneers. 

« Ça prend du courage et de la détermination parce que tu vas perdre beaucoup de matchs (4-13 cette année) et que c’est un long processus, mais j’aime en faire partie. [...] Les relations que tu développes avec tes coéquipiers et les entraîneurs, ça va au-delà des victoires et des défaites en ce qui a trait au plaisir d’être avec une organisation. Je me plais vraiment à Houston et ce n’est pas à cause de la ville ou des bons steaks », a confié Auclair qui a nommé le centre-arrière Paul Quessenberry parmi ses meilleurs amis.