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Émotif, Duvernay-Tardif passe le flambeau à la relève

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MONTRÉAL – Il a brillé avec son physique au football, il a épaté avec son volet rationnel en médecine, mais on a assisté au côté émotif de Laurent Duvernay-Tardif qui avait toutes les raisons du monde d'être fier de passer le flambeau à la relève en annonçant sa retraite. 

L'athlète de 32 ans était de retour sur le terrain de football de l'Université McGill, là où son rêve un peu fou d'atteindre la NFL, tout en poursuivant ses études en médecine, s'est véritablement enclenché. 

Après neuf années à graviter dans l'univers unique de la NFL, LDT a jugé le moment était le bon pour accrocher ses crampons et se lancer à temps plein dans la médecine. 

« Ça fait deux ans, à chaque début de saison, que j'écris les pour et les contre de jouer au foot. Chaque année, il y a moins de pour et le seul qui reste, c'est de jouer pour l'amour du foot. Ce plus va toujours demeurer. Je me retire en paix avec plein d'autres projets en tête. En même temps, je sais que c'est une page difficile à fermer », a raconté Duvernay-Tardif.  

« Ça fait partie de mon ADN, ça fait 19 ans que je joue au foot. C'est tough de laisser aller ça, c'est un deuil à faire d'une certaine façon », a ajouté le sympathique colosse qui a reçu plusieurs messages dont un de Travis Kelce. 

À son âge, et avec son expérience, le Québécois demeure persuadé qu'il aurait pu aider une équipe de la NFL en 2023 s'il avait ressenti le feu nécessaire pour y investir tous les efforts. D'ailleurs, il a indiqué que quelques organisations avaient contacté son agent, et grand ami, Sasha Ghavami. 

Mais la retraite s'imposait, tout simplement. 

« Parce que l'an passé, pendant deux mois, je ne dormais pas à me demander si j'allais retourner jouer. Vu que je me sens bien alors que la saison est démarrée, c'est le moment », a confié celui qui n'a jamais considéré l'option de la LCF avec les Alouettes. 

Repêché en sixième ronde en 2014, LDT reconnaît que le temps a fait son œuvre. En des mots polis, il ne se sentait pas aussi heureux dans un milieu de football. 

« Quand je suis retourné (avec les Jets de New York) l'an dernier, j'ai réalisé qu'un vestiaire demeure un jeune environnement. Je vieillis et comme médecin aussi. Cette année, j'étais vraiment en paix avec le fait de ne plus jouer », a décrit le volubile athlète qui ne voulait plus risquer une autre blessure ou repousser sa résidence en médecine d'une autre année. 

Les carrières dans la NFL se déroulent à un rythme effréné. Pour celle de LDT, un résumé très rapide comporte son année d'adaptation en 2014, sa première saison comme partant en 2015, le contrat récompensant tous ses efforts en 2017, sa graduation en médecine en 2018, mais une saison pénible en raison d'une blessure, le retour en force en 2019 menant au Super Bowl. 

« Quand les gens me demandent ce que représente le Super Bowl, pour moi, c'est cette résilience et cette progression en équipe. Moi aussi, j'ai eu des hauts et des bas. Mais on n'aurait pas pu mieux écrire cette histoire. J'ai fait partie de l'une des meilleures équipes de l'histoire de la NFL et j'en suis très reconnaissant », a-t-il noté en passant par toute la gamme des émotions. 

ContentId(3.1431289):5 à 7 : Laurent Duvernay-Tardif, plus qu'un joueur de football
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Il y a aussi eu la fois que sa mère lui a rappelé qu'il « devait retourner en médecine sinon tu n'y retourneras jamais et elle avait raison ».

À la blague, mais pas tant, le collègue Jean St-Onge, a voulu savoir quelle image de football restera gravée dans sa tête quand il aura été médecin pendant plusieurs années et premier ministre du Québec. 

« Ce qui me vient en tête, c'est d'avoir un peu fait fi de tous les gens qui me disent que je devais choisir. Ce premier match quand j'ai tenu mon diplôme, que j'ai couru dans le tunnel et qu'ils m'ont présenté comme Dr. Duvernay-Tardif, c'était un symbole assez fort. Et, dans la NFL, tout est plus puissant quand tes coéquipiers sont derrière toi comme Travis (Kelce), Eric (Fisher) et Andrew Wylie qui viennent te voir », a témoigné LDT qui verra toujours la victoire au Super Bowl comme la consécration du travail d'équipe. 

Ce support, Duvernay-Tardif l'aura toujours senti du Québec. 

« Ce fut un immense privilège d'avoir eu ce noyau de partisans. Cette dose d'amour a été très précieuse dans les moments difficiles. »

Pas d'amertume envers les Chiefs

Duvernay-Tardif restera aussi associé à sa décision, qui n'a pas été bien perçue partout, de ne pas jouer en 2020 afin de prêter main-forte au réseau de santé durant la COVID-19. 

Un geste qui n'allait pas l'aider à reprendre son poste en 2021. Au lieu de se limiter à un rôle de réserviste, il avait alors accepté la proposition des Chiefs de l'échanger aux Jets de New York. 

« Ce fut l'une des décisions les plus difficiles. Mais jouer au foot, c'est le plus beau feeling au monde. De marquer un touché et crier de ton plus fort sans même t'entendre crier », a exposé LDT qui a accepté la réalité sans pitié de la NFL. 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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« Bien des gens tentaient de trouver des athlètes moins dispendieux et plus en santé pour te remplacer. C'est pour ça que les carrières sont si courtes. Bien des joueurs sont amers de voir les équipes passer à un autre appel. Dans mon cas, j'ai été étonnamment serein, je n'ai que de l'amour pour les Chiefs, Coach Reid et Coach Heck (Andy Heck de la ligne offensive) », a-t-il enchaîné. 

Le football lui aura permis de repousser ses limites et travailler en équipe avec des personnes qui ne pensent pas comme lui. C'est également un univers qui permet de développer des relations d'amitié intenses même si elles sont courtes. 

« Une autre raison pour laquelle je suis émotif, c'est parce que quand tu quittes le vestiaire, c'est terminé. Mais les gars sont encore là, notre communauté reste proche », a décrit Duvernay-Tardif qui a accueilli Fisher à la pêche au thon, en Gaspésie, cet été.

Le flambeau transmis à Matthew Bergeron et à la relève

Prochainement, Duvernay-Tardif reprendra sa résidence déjà entamée à l'Hôpital juif de Montréal et il développera aussi d'autres projets avec sa fondation. 

Au football, son immense héritage se poursuivra grâce à l'inspiration qu'il représente pour tant de jeunes athlètes. 

« Il n'y avait pas vraiment de chemin, il fallait convaincre des éternels sceptiques. C'est rendu plus commun de voir des recruteurs de la NFL à des matchs au Québec et ça me rend vraiment fier. Des gars comme Matthew (Bergeron, avec les Falcons d'Atlanta), c'est beau à voir et c'est touchant de les entendre dire que tu as pu les inspirer », a-t-il réagi. 

Pour Bergeron et Sidy Sow (des Patriots de la Nouvelle-Angleterre), Duvernay-Tardif lance ce conseil. 

ContentId(3.1431268):Deux passions, une vie unique
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« De ne pas se laisser intimider par rien. Tu dois trouver ton style de jeu et de leadership. Ensuite, tu dois foncer et y croire. Quand les gens vont douter et qu'il y aura des détracteurs qui vont écrire sur Twitter que tu devrais retourner au Québec, tu dois bloquer le tout et utiliser ça comme une motivation. Il n'y a pas un meilleur feeling que d'être le premier à réussir quelque chose. On est chanceux, d'une façon, car au Québec, il y a encore bien des premières à accomplir. Des gars comme Matthew peuvent accomplir de grandes choses », a confié LDT qui avait été pris sous son aile par Jeff Allen à son arrivée avec les Chiefs. 

« Les commentaires constructifs pour t'aider à t'améliorer sont rares de tes coéquipiers », a-t-il reconnu. 

Humblement, Duvernay-Tardif est fier de transmettre le flambeau aux prochains Québécois qui s'illustreront dans la NFL. Dans son cas, il sait qu'il n'aurait pas été en mesure de le faire sans le grand appui de son agent et de sa copine Florence.