Le Rouge et Or de l’Université Laval et les Carabins de l’Université de Montréal nous ont offert un autre classique samedi après-midi, au CEPSUM.

Peut-on vraiment se surprendre qu’on ait eu droit à un autre affrontement enlevant entre deux équipes qui nous ont habitués au fil des ans à des duels dont l’issue de décide dans les tous derniers instants?

Comme c’est le cas à chaque fois, c’est dommage que l’un des deux programmes ait vu son parcours se terminer.

Junior Luke tente de plaquer Vincent Alarie-TardifEn raison de mon horaire chargé, c’est rare que j’ai l’occasion de voir ces matchs en chair et en os. C’était pourtant le cas pour cette finale universitaire québécoise, que j’ai pu regarder à partir des lignes de côté.

J’ai été franchement impressionné par le gabarit des joueurs, par leur athlétisme, leur rapidité et par l’intensité déployée. On nous a servi du football de haut niveau.

J’ai toujours dit que le football universitaire est le football à l’état pur, à l’abri des politiques, des salaires, des plafonds salariaux, et autres. Ces jeunes athlètes jouent pour les bonnes raisons : parce qu’ils aiment pratiquer le football.

Ce que je retiens de cette rencontre, au-delà de la victoire du Rouge et Or, est que j’ai vu deux clubs se défoncer sur le terrain. On a vu deux clans qui jouaient avec cœur et résilience durant 60 minutes. Chacune d’elle a fait face à l’adversité de manière remarquable et a prouvé que le mot « abandon » lui était étranger. C’est tout à leur honneur!

Il y a plusieurs exemples de cela, dont la réaction de Laval aux trois revirements que l’attaque a commis au premier quart. La défense a admirablement bien fait dans les circonstances en ne cédant que six points. Le boulot accompli est digne de mention car c’est difficile pour une unité défensive de resauter sur le terrain après un changement de possession soudain. Ça peut facilement être déstabilisant, mais ils sont restés en plein contrôle.

Pour les Carabins, la perte du quart-arrière partant Samuel Caron sur blessure en tout début de troisième quart aurait pu casser les reins des joueurs offensifs. En plus de perdre leur général au combat, les troupes de Danny Maciocia remettaient le ballon à leurs adversaires aux alentours de la ligne de 10, prêts à accentuer leur avance. Mais on a vu la défense se lever et refuser de céder un autre touché au Rouge et Or.

Le remplaçant de Caron, Pierre-Luc Varhegyi, a pris le relais avec une aisance déconcertante. Ses statistiques par la voie des airs (8 en 12 pour 112 verges et un touché) et ses nombreuses courses improvisées ont réellement aidé aux Carabins à garder confiance. Il a mis un gros stress sur la défense du Rouge et Or avec de gros jeux.

Et puisqu’on parle de gros jeux offensifs, comment passer sous silence le receveur recrue Jonathan Breton-Robert. On comprend pourquoi il a été nommé joueur du match,  avec ses attrapés spectaculaires, le touché qu’il a capté et celui qu’il a décoché en direction du quart Hugo Richard en toute fin de rencontre. C’était de toute beauté!

De la façon dont je l’évalue, cette décision stratégique de Laval d’y aller avec un jeu truqué dans un moment aussi crucial constituait, à mon sens, une marque de respect par la bande à l’endroit de la défense des Carabins. C’est clair qu’on s’est dit : « Il faut les battre avec quelque chose de nouveau, qu’ils n’ont jamais vu auparavant, et y aller d’audace ». Au lieu de chercher à les battre avec un jeu au sol ou aérien ordinaire, on a préféré oser et essayer de les déjouer stratégiquement. Ça prenait duguts, vous en conviendrez.

Durant ma carrière de joueur, j’ai pratiqué avec mes équipes –  et ce tant au niveau universitaire que professionnel – des jeux truqués par dizaines. Il faut croire que je ne jouais pas pour des entraîneurs qui aimaient le risque, car jamais ceux-ci n’étaient appelés en situations de matchs, au point où ça devenait un running gag. Ceux parmi nos lecteurs qui ont joué au football auront sûrement vécu quelque chose de similaire : ces jeux étaient répétés sans cesse à l’entraînement, et on se demandait tous à quel moment un de ceux-ci serait sélectionné durant un match, mais en vain…

Bravo donc aux entraîneurs d’avoir choisi ce jeu d’une grande audace, et des félicitations aussi aux joueurs pour l’avoir exécuté contre une des meilleures défensives au Canada, dans un moment de pression exceptionnel.

Bref, on a vu deux équipes qui ont tout donné et qui ont quitté le stade dans le moindre regret. La réalité est  qu’une seule équipe pouvait triompher. Samedi, le Rouge et Or a eu le dernier mot en réussissant avec brio des jeux dans les moments clés.

Ironiquement, l’une des batailles les plus importantes que Laval a remportées, sans le savoir, aura été lors du tirage au sort. D’avoir un vent de dos pour la dernière séquence offensive s’est avéré essentiel.

L’absence de jeu au sol a fait mal aux Ti-Cats

Si les forts vents ont été un facteur déterminant dans la finale universitaire québécoise, ce fut tout aussi vrai à Hamilton, où  une place en finale de l’Est était à l’enjeu entre les Tiger-Cats et les Eskimos d’Edmonton.

Dans ce duel, le contexte faisait en sorte que le jeu au sol devenait primordial, et malheureusement pour les hommes de Kent Austin, cela ne fait pas partie de leur A.D.N. Toute la saison, ils ont très peu utilisé la course pour arriver à leurs moyens. En fin de semaine, cela les a rattrapés.

D’un côté, le porteur de ballon d’Edmonton John White accumulait 160 verges, en plus d’inscrire deux touchés, sur 20 verges, tandis que son-à-vis C.J. Gable était limité à de maigres gains de 21 verges sur neuf courses. Je crois que c’est là que le tout s’est joué.

Malgré tout, les Ti-Cats ont rendu le duel excitant en provoquant l’égalité lors d’un quatrième quart qui a tourné à leur avantage. Il aura fallu une interception des Eskimos dans le territoire ennemi en fin de quatrième quart, menant au court botté de placement de Sean Whyte, pour repartir de Hamilton avec un billet en poche pour la prochaine étape.

Jennings a fait preuve de caractère

En Colombie-Britannique, les Lions ont accédé à la finale de l’Ouest grâce à une remontée des plus spectaculaires signées Jonathon Jennings.

Le début de la rencontre avait pourtant un air de déjà vu pour les Lions, qui avaient échappé leurs deux confrontations face aux Blue Bombers de Winnipeg (par des écarts de deux et trois points) en saison régulière.

Tout au long de la semaine, on avait fait grand état de l’importance du quart local d’éviter les revirements, une facette qui avait fait cruellement défaut face aux Bombers par le passé. À preuve, ces derniers avaient montré un ratio de +7 contre les Lions à ce chapitre en calendrier régulier.

Et pourtant, dimanche, la protection du ballon a été un problème dès les premiers instants. Une interception sur la première série offensive, et une échappée sur la deuxième. À mi-chemin au deuxième quart, les Bombers avaient le vent dans les voiles, avec une confortable priorité de 25-6.

Mais la résilience des Lions leur a permis de combler cet écart, et c’est en grande partie attribuable à Jennings, qui a fait fi des moments catastrophiques vécus en début de rencontre pour revenir plus fort que jamais.

Je dois aussi saluer la patience démontrée par les Lions. Même en retard par 19 points, on n’a jamais abandonné le jeu au sol. Dans un contexte de football de rattrapage, ça prend une grande sagesse pour s’en tenir au plan de match. J’avoue que je n’aurais pas été aussi patient qu’eux. À tour de rôle, Jeremiah Johnson, Chris Rainey et Jennings ont enchaîné les belles courses pour replacer les leurs dans la rencontre.

On n’a pas non plus cédé à la panique par rapport à la situation des quarts. Envoyer le vétéran Travis Lulay aux commandes aurait été une option, mais les entraîneurs ont donné une autre chance à Jennings de se faire valoir, avec les résultats que l’on connaît désormais.

En bout de ligne, leur patience a été récompensée de belle façon.

* propos recueillis par Maxime Desroches