MIRABEL (PC) - Il y a 22 mois, Jean Van de Velde avait peine à marcher. Se rendre aux toilettes était pour lui une aventure. Le golf? Il n'y pensait même pas.

"Je croyais que c'en était fait de ma carrière de golfeur", raconte le sympathique Français, qui participe cette semaine à l'Omnium de Montréal disputé de jeudi à dimanche sur les allées du parcours numéro deux du club Les Quatre Domaines, à Mirabel. Il jouera à 13 heures jeudi, et à 8 heures, vendredi.

"Je n'ai presque pas joué pendant trois ans (2002, 2003 et 2004). Je souffrais terriblement du genou droit. J'avais des lésions méniscales, une déchirure du ligament croisé antérieur, ainsi que des problèmes de cartilage. J'ai été opéré deux fois en l'espace de 12 mois. C'est beaucoup pour ce type d'intervention."

Tel un miraculé, Van de Velde a renoué avec la compétition en 2005, terminant deuxième de l'Omnium de France au terme d'un match de barrage.

Puis cette année, il a confirmé son retour, enlevant l'Omnium de Madère avec un cumulatif de moins-15. Il s'agissait de sa première victoire au circuit européen depuis le Roma Masters de 1993.

"J'ai eu trop de deuxièmes places, trop d'occasions que je n'ai pu convertir", plaide le golfeur de 40 ans au sujet de cette relative traversée du désert.

Des amis

Van de Velde en est à sa première visite au Québec. Il a accepté l'invitation des organisateurs même si le tournoi fait partie du circuit canadien.

"Je n'étais jamais venu ici, dit-il. J'ai un calendrier léger et j'ai pu me libérer.

"Je savais la région belle, ajoute-t-il. Il y a aussi qu'on parle la même langue."

Il y a une autre raison. Van de Velde est très lié à la famille Edmond, le père ainsi que ses fils Olivier et Pascal, tous deux professionnels au club Les Quatre Domaines.

"J'ai beaucoup joué avec Olivier quand il était amateur. Je me souviens d'avoir joué la dernière ronde d'un Omnium de France en sa compagnie. Ils sont tous de très bons amis."

Van de Velde est venu au Québec accompagné de sa fille Anne-Sophie, 9 ans, la benjamine de la famille. Il a aussi une fille de 14 ans, Alexandra, ainsi qu'un nouveau-né, Hugo, âgé de sept mois.

"J'ai eu deux beaux cadeaux cette année. Un bébé et une victoire", dit-il avec fierté.

Le British Open

Jean Van de Velde est surtout connu pour sa déconfiture à l'Omnium britannique de 1999 alors que la victoire lui semblait acquise sur le tertre du 18e trou. Une malheureuse décision lui a fait perdre le tournoi au profit de l'Ecossais Paul Lawrie.

Depuis, il doit répondre de cet échec. Mais il le fait toujours avec grâce et générosité.

"Je crois avoir les deux pieds sur terre, dit-il pour expliquer qu'il ne soit pas tombé en dépression. Malgré les épreuves de la vie, je sais qu'il y a plus malheureux que moi. Il y a des épreuves plus importantes. Par exemple, l'avion de JFK s'est écrasé le dimanche même de l'Open.

"Après le tournoi, je savais que je pouvais me lever le lendemain et tenter ma chance à nouveau. Je crois qu'on se méprend parfois sur l'importance que l'on accorde aux choses. Le sport n'est que le sport après tout. Le golf n'est que le golf même s'il s'agit de ma passion, que c'est dans mon sang. Mais ça passe quand même au deuxième plan derrière la vie, la famille, la santé."

Le 11 septembre 2001

Van de Velde ne participe plus aux tournois de la PGA depuis le 11 septembre 2001.

"J'étais en Floride au moment des événements. J'étais loin de ma famille et il m'a fallu six jours pour rentrer en France. C'est une expérience que je ne veux pas revivre même si personne n'est à l'abri d'un attentat. Mais en Europe, je n'ai qu'à sauter dans une voiture pour revenir à la maison."

Le Français ne renonce pas pour autant aux tournois du grand chelem.

"Je suis un compétiteur, rappelle-t-il. J'espère pouvoir encore y participer."

Et l'Omnium de Montréal?

"J'entends y relancer mon jeu après 15 jours de repos", dit Van de Velde, qui semble avoir trouvé ici un bois-1 à son goût après avoir brisé le sien il y a sept semaines.